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L’institut dont l’opposition ne veut pas


Si le Kannerschlass (château des enfants) de Sanem doit son nom au fait que le site a longtemps accueillide jeunes orphelins, il hébergeait depuis plus de dix ans le Centre virtuel de la connaissance sur l'Europe. (photo licence CC)

Le futur Institut d’histoire du temps présent (IHTP), qui emménagera dans les locaux de l’université à Belval à partir de juillet, ne fait toujours pas l’unanimité dans les rangs des députés.

Le projet a été entériné au Parlement au mois de janvier, mais le député du CSV Serge Wilmes est revenu à la charge, en interpellant le gouvernement sur la valeur ajoutée effective de cette nouvelle structure.

Approuvée par le gouvernement en 2015, puis votée par la majorité des députés, la création de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) n’est toujours pas digérée par les partis d’opposition du CSV et de l’ADR qui s’interrogent sur son bien-fondé, mais aussi sur son indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques. En effet, l’IHTP n’a pas encore vu le jour qu’il est déjà sous le feu des critiques. Du côté du CSV, on se demande si le regroupement de quatre centres de recherche et de documentation existants en une unique nouvelle structure est de bon aloi.

Car, pour rappel, la vocation première de l’IHTP est de devenir un centre interdisciplinaire dans l’université du Luxembourg (au sein de la Maison des sciences humaines sur le campus de Belval), en intégrant le Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe (CVCE), le Centre d’études et de recherches européennes Robert-Schuman (CERE), le Centre de documentation et de recherche sur la Résistance (CDRR) et le Centre de documentation et de recherche sur l’enrôlement forcé (CDREF).

Dans ce contexte de regroupement, destiné à «créer des synergies», selon le gouvernement, le député Serge Wilmes s’est par exemple questionné sur la valeur ajoutée de cet institut. « N’y aura-t-il pas de double emploi? », a-t-il ainsi demandé au ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Marc Hansen.

Assis sur les bancs du Parlement réservés au gouvernement, le bras droit du ministre Claude Meisch prépare sa riposte, car les critiques se multiplient. « Aucune évaluation des quatre centres, disparus ou amenés à disparaître, n’a été faite. Ce n’est pas très respectueux », lance-t-il en guise d’amuse-bouche.

Puis Serge Wilmes a embrayé sur le futur des bâtiments des quatre centres en question, à savoir le château de Sanem (CVCE), la Villa Pauly (CDRR), l’ancienne gare de Hollerich (CDREF) et la maison natale de Robert Schuman (CERE). Car si la question du personnel est d’ores et déjà réglée (celui du CVCE, de même que ses projets de recherche en cours et sa documentation, intégrera l’université du Luxembourg en bénéficiant des mêmes contrats actuels), celle de la vacance des bâtiments qui seront progressivement délaissés entre le 1 er juillet et la mi-août ne l’est pas.

Quid de l’indépendance politique de l’institut?

Tout comme la question afférente aux missions qu’aura à relever le futur IHTP. «Aucun concept clair ne figure dans la loi… Cet institut pose plus de questions qu’il ne fournit de réponses!», s’exclame encore le CSV, qui ne voit pas forcément, à l’inverse du gouvernement, l’articulation entre histoire contemporaine et histoire numérique, au sein du futur institut.

Quant à l’indépendance scientifique supposée du futur institut, CSV et ADR se montrent sceptiques  : «Pourquoi mettre en place un comité d’accompagnement et qui sera membre de ce comité?», se demandent les deux partis d’opposition qui voient cet institut en tant qu’«idée politique de la coalition au pouvoir». L’ADR ira encore plus loin en voyant dans cet institut le bras armé de la «propagande» du gouvernement : «Aura-t-il une distance par rapport à l’histoire ou essaiera-t-il de se l’accaparer?»

Selon le ministre délégué Marc Hansen, le regroupement en un seul organisme trouve sa raison d’être dans la création de synergies et « afin d’éviter que chacun ne travaille dans son coin ». L’IHTP pourra d’ailleurs également compter sur l’Institut d’histoire de l’Uni pour atteindre cet objectif. Enfin, l’ADR a bouclé la boucle en lançant une pique au recteur de l’Uni, Rainer Klump, qui a récemment évoqué un « intéressant prototype » dans une interview. « Nous ne voulons pas être des cobayes de laboratoire », lui a rétorqué Fernand Kartheiser.

Claude Damiani

Institut cherche directeur (m/f)

Si les députés n’ont pas forcément une formation en gestion des ressources humaines, ils ont leur vision bien à eux du profil que devra présenter le futur directeur de l’IHTP qui sera nommé en mai, voire en juin. Pressenti pour être un non-Luxembourgeois, il devra, selon différents députés de l’opposition mais aussi de la majorité,  «être un directeur qui connaît l’histoire, la culture et la mentalité du Luxembourg, et un directeur qui n’amène pas ses mécanismes de réflexion préconçus».

Bref, il devra avoir une «véritable sensibilité» pour le pays. L’annonce de vacance de poste stipule, elle, qu’il devra être docteur en histoire, professeur d’histoire contemporaine et maîtriser au moins deux des domaines suivants et qu’il soit enclin à «se familiariser rapidement avec le 3 e  : histoire contemporaine du Luxembourg, histoire numérique et histoire européenne contemporaine. 

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