Pour être un succès, la pétition a-t-elle besoin de faire beaucoup parler d’elle ? Sans doute. Certaines font de véritables flops en dépit d’un sujet brûlant d’actualité mais dont personne n’a jamais entendu parler.
Les pétitions publiques sont toujours aussi nombreuses mais les signataires de plus en plus rares. Évidemment, il y a celles qui font un carton et qui aboutissent à un débat public mais quelles sont leurs suites ? À la rentrée, la Chambre des députés organisera un débat avec les auteurs de la pétition demandant l’arrêt du déploiement de la technologie 5G qui a recueilli plus de 7 000 signatures. «Il s’agit de répondre à l’appel mondial et solidaire « Appeal to stop 5G on earth and in the space », lancé par 4 800 scientifiques, 2 800 médecins et 10 000 organisations environnementales qui alertent sur les dangers évidents de cette technologie 5G, depuis 2017», avancent les auteurs, membres du collectif Stop 5G Luxembourg. Les fréquences de la 5G ont déjà été vendues aux enchères qui rapporteront plus de 40 millions dans les caisses de l’État. Le débat changera-t-il la donne ? Certainement pas.
L’autre débat de la rentrée concernera le télétravail. Les pétitionnaires veulent un droit au télétravail, pour la moitié du temps de travail hebdomadaire et si le télétravail n’est pas possible, c’est à l’employeur d’en apporter la preuve. Le gouvernement a déjà annoncé qu’il envisageait l’introduction d’un jour de télétravail par semaine. Avec ce débat, on arrivera peut-être à deux jours. Mais là encore, rien n’est moins sûr.
En réalité, les pétitions qui connaissent un succès et qui peuvent avoir une influence sur les décisions politiques sont celles pour lesquelles le gouvernement a déjà envisagé un changement. Ce fut le cas, par exemple, pour la gratuité du transport pour les personnes handicapées à l’heure où la gratuité des transports publics du pays était instaurée. Le gouvernement avait déjà préparé une réforme, finalement, il instaurera la gratuité mais avec quelques limites.
Peine perdue
Chacun se souvient de la pétition demandant que le luxembourgeois devienne la première langue véhiculaire au Grand-Duché. Elle avait récolté 15 000 signatures. Les députés n’ont pas été insensibles au sujet vu le nombre toujours croissant de questions parlementaires posées en luxembourgeois de la part des députés de tous les bords. D’ailleurs, le DP en avait fait son slogan : «Zukunft op lëtzebuergesch» ou en français dans le texte «L’avenir en luxembourgeois». À croire que tout ce qui caresse les électeurs dans le sens du poil est bon à prendre.
Quelles sont les raisons qui transforment une pétition en succès ou en flop ? Il y a d’abord la publicité qu’on en fait, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Celles qui ont la chance de faire parler d’elles sensibilisent davantage que les autres. Comment expliquer qu’une pétition contre la 5G emporte un tel succès alors qu’une autre réclamant la conversion des petits appareils à moteur à combustion pour l’entretien des jardins, des forêts et des chemins au fonctionnement électrique, n’atteint même pas les 50 signatures ? Sans doute parce que les gens n’en avaient jamais entendu parler.
De nombreuses pétitions finissent en fiasco sans en connaître exactement les raisons, si ce n’est un désintérêt pour le sujet. Depuis vendredi dernier et jusqu’au 17 septembre inclus, six nouvelles pétitions sont ouvertes à la signature sur le site de la Chambre des députés. Celle qui concerne le prix des loyers que les auteurs veulent faire baisser n’a récolté que 24 signatures en deux jours. Certes, nous sommes en plein dans le creux de l’été mais cela n’explique pas tout. Ouverte à la signature le même jour, la pétition réclamant un nom luxembourgeois pour le stade de football national a déjà récolté près de 300 signatures… Elle a des chances d’atteindre les 4 500 signatures et un débat à la Chambre des députés.
Une autre encore, depuis vendredi, demande que soient introduits des tests Covid-19 rapides à faire soi-même à la maison. Pas plus de 10 signatures dimanche à la mi-journée. C’est pourtant une question brûlante dans l’actualité.
Les signataires sont moins nombreux qu’au début, quand la Chambre a lancé le principe de la pétition publique. Certains, d’expérience, se disent que c’est vain. On verra bien ce qu’il adviendra du débat sur la 5G à la rentrée.
Geneviève Montaigu