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Le FMI préconise de nouvelles économies pour le Luxembourg


En visite au Grand-Duché depuis le 4 mars, la délégation du Fonds monétaire international (FMI) n’émet pas d’inquiétude majeure quant à l’avenir économique du pays.

Le principal défi du Luxembourg est de consolider un modèle économique qui lui a bien servi. » Après quinze jours d’entretiens avec les autorités et les acteurs socioéconomiques du pays, Ashok Vir Bhatia, chef de la délégation du FMI, ne plaide pas encore pour la révolution au Luxembourg. Si le Grand-Duché a connu jusqu’ici une croissance plus rapide que ses voisins, le FMI pointe un avenir plus incertain, avec un taux de 2,25 % attendu à moyen terme.

Selon le Fonds, le plus grand challenge du pays sera de surmonter les initiatives fiscales internationales en cours (Union européenne, OCDE, États-Unis), car celles-ci « pourraient venir éroder la base des revenus » du pays. Le FMI invite ainsi le gouvernement à quantifier dès à présent ces évolutions, tout en l’encourageant à poursuivre ses efforts de transparence et sa pleine participation au débat sur la régulation financière.

En matière de politique budgétaire, le Luxembourg, en tant que petite économie ouverte, « devrait viser à moyen terme un excédent, ainsi qu’un faible endettement ». Selon le FMI, les périodes de forte croissance doivent permettre d’éliminer le déficit des administrations publiques et de préparer le lourd financement des retraites. Bien qu’un retour à l’excédent soit attendu pour 2016, la délégation constate que le gouvernement a répondu « tardivement » à la chute des revenus du commerce électronique, qui ne représenteront plus que 0,2 % du PIB cette année. S’il salue les mesures budgétaires telles que le Zukunftspak et la hausse de la TVA, le FMI conseille malgré tout au Luxembourg de « réaliser des économies de dépenses supplémentaires », « tout en préservant des services publics de haute qualité ».

Il l’encourage également à profiter de la révision de sa politique fiscale pour consolider ses revenus, en ajustant par exemple les taxes foncières et certaines exonérations accordées aux sociétés, en prenant garde toutefois à ne pas porter atteinte à l’attractivité fiscale du pays. « Les tax rulings devraient éviter d’encourager une complexité excessive dans les structures et les instruments de propriété », relève le chef de mission.

Réformes « profondes » du régime de retraites

Toujours dans une logique d’économies, le FMI conseille un élargissement du Fonds souverain intergénérationnel créé par le gouvernement. Avec une taille escomptée d’un milliard d’euros d’ici 2035, ce fonds « sera trop petit pour exercer un impact significatif », prévoit le FMI, qui conseille d’y transférer une partie des actifs financiers de l’État. Ce qui contribuerait par ailleurs à « renforcer la discipline budgétaire ».

Le Fonds monétaire international s’inquiète surtout de l’avenir du régime de retraites. Malgré des prévisions de forte croissance démographique, « ce qui réduit fortement les estimations de déficits du système de pension sur le long terme », Ashok Vir Bhatia invite le Luxembourg à la prudence : « De profondes réformes restent indispensables, y compris pour des raisons d’équité entre générations, et ne doivent pas être reportées. »

Inadéquation entre compétences et emploi

Enfin, au niveau économique, le FMI note que les efforts de diversification du gouvernement (TIC, logistique, biotechnologies…) devraient « s’accompagner de mesures pour doter les travailleurs des compétences nécessaires ». D’autant que le Luxembourg affiche des résultats en maths et en sciences inférieurs à la moyenne de l’OCDE, malgré des dépenses d’éducation supérieures à celles de ses voisins. « La formation professionnelle en particulier devrait être plus vigoureuse », souligne le FMI.

Selon la délégation, le paradoxe entre de fortes créations d’emplois et un chômage qui reste élevé reflète une « inadéquation des compétences ». Outre la modernisation de l’Agence pour le développement de l’emploi (Adem), le FMI suggère de revoir le système de prestations avec les partenaires sociaux, afin de mieux stimuler l’emploi.

De notre journaliste Sylvain Amiotte

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