Trois femmes et trois hommes sont en lice au DP pour les élections européennes. Démocrates convaincus, ils veulent participer à la reconstruction de l’Union européenne.
Si l’identité des six candidats était restée secrète jusqu’à leur présentation lundi après-midi, il y en a un dont on ne doutait pas de sa participation : Charles Goerens. Vieux routier des élections européennes, il a déjà trois mandats européens et demi derrière lui et connaît parfaitement les arcanes du système. Il partage la tête de liste avec une jeune recrue du Parti démocratique, très connue des téléspectateurs de RTL Télé Lëtzebuerg, Monica Semedo. Leurs colistiers sont Simone Beissel, Gusty Graas, Anne Daems et Loris Meyer. La parité est parfaitement respectée et on observe un mélange d’expérience et de sang neuf.
Tous sont prêts à se lancer dans cette épreuve, selon Charles Goerens : «Tous ont sur leur carte de visite de solides compétences européennes et tous ont des connaissances diverses en ce qui concerne les questions européennes.» Reste à élaborer un programme qui tient la route et à le boucler avant le congrès européen du DP, le 16 mars à Walferdange. Charles Goerens s’avoue confiant. Il dit avoir rarement vu des colistiers aussi motivés par la tâche qui les attend.
Ce futur programme sera très certainement marqué, outre la probable reconstruction d’une Europe post-Brexit, par la défense des valeurs européennes originelles et par le combat contre les idées des mouvements issus de la droite populiste, entre autres. Chacun des six candidats pourra apporter sa pierre à l’édifice.
Anne Daems, assistante parlementaire au Parlement européen, voit une analogie entre la façade du Parlement européen de Strasbourg et l’état de l’Union européenne, dont la forme actuelle n’est pas définitive. «D’une certaine manière c’est une de ses forces, car cela lui permet d’être flexible, de s’adapter et de réagir, c’est également une de ses faiblesses. Quand la construction n’est pas bonne, que le chantier s’arrête ou que l’on touche aux fondations, cela n’amène rien de bon. La sortie de la Grande-Bretagne va faire perdre à l’Union européenne un de ses piliers importants», estime-t-elle. Il va donc falloir rétablir un nouvel équilibre plutôt que de colmater les brèches. Et ce, sans se laisser saper par les opposants à l’idée européenne. Simone Beissel, dont l’engagement européen est multiple et de longue date, est prête à guerroyer à ses côtés pour faire avancer ces valeurs européennes et cette union de nations.
Un modèle européen pour la jeunesse
Union de nations dont Monica Semedo, deuxième tête de liste, dit avoir eu conscience très tôt. Cette conseillère en communication chez Luxembourg for Finance native de Grevenmacher se souvient avoir vu, enfant, l’Europe défiler devant sa porte et revendique le fait de «faire partie de cette génération qui a grandi avec la construction européenne». Monica Semedo dit avoir reconnu les avantages de l’Europe et vouloir s’engager pour que les futures générations connaissent «la paix, la prospérité et la liberté». Une liberté qui ne connaît pas de frontières et qui «nous permet de nous sentir partout comme à la maison». Son souhait le plus cher est que les jeunes puissent «s’identifier à cette Europe qui ne fait pas que dicter des lois».
Loris Meyer veut, quant à lui, «donner une voix à la jeunesse» et «un modèle européen qui lui correspond». «La politique actuelle doit avoir un impact sur la jeunesse car les jeunes sont ceux qui auront à vivre le plus longtemps avec les décisions prises», affirme ce jeune économiste de 26 ans, prêt à s’engager pour «une politique à long terme». Ses points forts seront, outre l’économie, les sujets sociétaux et l’intégration.
Gusty Graas a mis «deux secondes à prendre sa décision». Il considère la possibilité d’être élu eurodéputé comme un instrument supplémentaire pour défendre les idées pour lesquelles il s’engage depuis des années au sein du DP et du gouvernement luxembourgeois. Il compte défendre l’écologie et l’environnement, ainsi que faire progresser la politique d’asile et la politique de défense. Mais le candidat n’a de cesse de s’interroger sur le destin et la place du Luxembourg s’il n’avait pas intégré l’Union européenne.
Charles Goerens a une piste de réponse à lui donner qui justifie également leur engagement à tous les six : «L’intégration européenne est très importante pour les petits pays. Les règles sont les même pour tous et nous pouvons, en tant que petit pays, participer à leur éducation. Cela nous a sortis de l’isolement et a fait de nous un des acteurs de l’avenir paneuropéen.»
Seulement, entre le Brexit, l’attitude de Trump contre toute forme de collaboration et la montée des partis populistes, la situation change. «Nous allons tout faire pour que cette campagne électorale repose sur des arguments solides et nous n’hésiterons pas à poser toutes les questions importantes pour l’avenir», promet la tête de liste, fière de son équipe «soudée».
Sophie Kieffer