Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le secteur laitier s’est associé à Fairtrade pour proposer deux produits du commerce équitable, alors que les pays du Sud sont entraînés dans la crise du lait.
La surproduction laitière est un fléau en Europe. La production est importante, la demande est faible, et les prix chutent. Jusqu’à l’année dernière, des quotas maintenaient un certain équilibre, mais ils ont disparu depuis environ un an. Une catastrophe pour Fredy de Martines, le président de la coopérative D’fair Mëllech et vice-président du LDB : «Le prix du lait est en chute libre, nous sommes à 21-22 cents le litre. Depuis que les quotas se sont arrêtés le 1er avril dernier, il y a une surproduction de 6% en Europe. Le lait est stocké, mais les stocks sont pleins, et personne ne peut dire quand cela va changer.»
Bruxelles en prend pour son grade : «C’est bien beau la fin des quotas, mais il faut un instrument pour réguler la production, et jusque-là les politiques n’ont rien fait. La Commission européenne a bien proposé à chaque pays d’établir un programme pour rémunérer les producteurs qui produisent moins. Mais c’est une réponse globale qu’il nous faut, car chaque pays regarde ce que fait le voisin.»
Pour le moment, la situation est apaisée au Grand-Duché, puisque les producteurs ont obtenu des subventions du ministère de l’Agriculture. Une position privilégiée en comparaison avec celle des voisins, mais que Fredy de Martines sait précaire : «Les primes accordées par le ministère nous permettent pour le moment d’être à l’abri de situations comme celles que vivent nos voisins en France ou en Allemagne, mais ce n’est que temporaire. C’est une prolongation artificielle qui ne résout rien.»
Le Sud entraîné dans cette chute
Le problème est qu’en plus de détruire un secteur en Europe, les pays du Sud sont maintenant entraînés dans cette chute. Les surplus de production sont en effet envoyés en Afrique sous forme de poudre de lait à des prix si bas que les producteurs locaux ne peuvent pas concurrencer les produits européens : «Nous venons casser le marché du lait africain avec notre poudre à prix bas. Donc, après un marché détruit en Europe, c’est l’Afrique qui en fait les frais», regrette ce dernier.
C’est donc pour compenser cet effet néfaste à sa manière et à son échelle que la coopérative s’est associée avec Fairtrade Luxembourg pour sortir un produit issu du commerce équitable : «Nous nous fournissons en cacao et en sucre commerce équitable pour produire un lait chocolaté. Nous sommes très contents de travailler ensemble et d’arborer le label Fairtrade sur deux de nos produits.»
Audrey Somnard
