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Imposition : le LSAP fait le forcing


«La justice fiscale va devenir un des sujets centraux de la campagne électorale de 2023», estime Georges Engel, le président de la fraction socialiste à la Chambre des députés.  (photo Alain Rischard)

Le camp socialiste insiste pour procéder encore avant 2023 à des adaptations ponctuelles afin de rendre le système fiscal plus juste. Un impôt sur la fortune doit enfin devenir réalité.

Lors de sa prise de fonction en janvier 2020, Georges Engel avait déjà laissé entrevoir la volonté du LSAP à ne pas rester cloisonné dans le cadre défini par l’accord de coalition signé avec le DP et déi gréng. La pandémie de coronavirus a quelque peu freiné les ardeurs du nouveau chef de fraction socialiste. Il estime toutefois que son parti est sorti renforcé des mois de crise sanitaire. Dans le sillage de la popularité acquise par la ministre de la Santé, Paulette Lenert, le LSAP – et plus particulièrement ses dix députés – sont décidés à consolider le fil rouge du parti : l’équité sociale. «Ce principe continuera à figurer au cœur de notre politique», souligne Georges Engel à l’occasion de la présentation du bilan parlementaire socialiste, organisée vendredi au Kirchberg.

Une pique lancée au CSV

Le souci majeur du LSAP est toutefois que les inégalités ne cessent de se creuser. Afin de rétablir un plus grand équilibre entre les plus démunis et les mieux lotis, le camp socialiste se dit décidé à enfin mettre en œuvre des revendications de longue date telles qu’un impôt sur la fortune. «Il s’agit d’une de nos alternatives qui visent à rendre le système fiscal plus juste», introduit Georges Engel, qui ne tarde pas à préciser que «nous ne ciblons nullement les familles qui se sont construit un patrimoine, notamment immobilier, pour eux et pour leurs enfants. Un tel impôt ne doit jouer qu’à partir d’un montant de 2 millions d’euros. La grande majorité des gens ne seront donc pas concernés. Ce sont uniquement les grandes fortunes qui sont ciblées».

Le chef de fraction se dit conscient des blocages qui existent à l’échelle de la coalition. Il en va de même pour l’introduction d’une taxe sur la spéculation foncière ou l’impôt covid (lire ci-dessous). «Il existe des avis divergents au sein de la coalition. Et, oui, il existe différentes approches pour aborder certains problèmes», admet sans détour Georges Engel. La marge serait toutefois suffisamment grande «pour procéder à des adaptations ponctuelles» du système fiscal. L’objectif est de soulager les familles avec enfants et la jeune génération qui sont le «plus fortement exposées au risque de pauvreté». Le LSAP veut inscrire des premiers éléments de réforme dans le budget de l’État de 2022.

Le débat à la Chambre sur la justice fiscale, fixé à l’automne, doit permettre au camp socialiste de soumettre ses concepts dans le domaine fiscal. «La justice fiscale va devenir une des sujets centraux de la campagne électorale de 2023», estime encore Georges Engel.

La fraction socialiste, et avec elle l’ensemble du parti, compte miser sur l’unité pour mener à bien ces projets. «Contrairement à d’autres partis, la coopération entre le président du parti et le président de la fraction ne pourrait pas être plus étroite», clame le chef de file du LSAP à la Chambre, où il siège aux côtés du président Yves Cruchten. La bonne coopération aurait aussi permis au camp socialiste de finaliser toute une série de dossiers politiques phares. La création d’un Observatoire national de santé et la hausse de 2,8 % du salaire social minimum ont notamment été mises en avant, vendredi.

David Marques

Impôt covid : les rouges insistent

Pas plus tard que lundi, les bleus du DP se sont clairement opposés à l’introduction d’un impôt spécial pour les «grands gagnants» de la crise sanitaire. Le veto du parti du Premier ministre est de taille. À l’origine de la proposition d’instaurer un tel impôt, les rouges du LSAP ne se laissent toutefois pas décourager. Tout au contraire. «Nous avons accumulé un déficit des finances publiques de 5,4 milliards d’euros en deux ans. Le LSAP soutient pleinement les dépenses extraordinaires pour réduire l’impact de la crise. Or quelqu’un devra payer la note. Si on ne passe pas par un impôt spécial, qui va être mis à contribution ? Les plus démunis et les entreprises déjà en difficulté?», développe Georges Engel. Le chef de file du LSAP à la Chambre a enregistré l’argumentation du camp libéral : «Effectivement, les sociétés qui ont bien travaillé durant la crise paient déjà plus d’impôts. Nous sommes toutefois d’avis que les grands gagnants de la crise peuvent supporter un impôt supplémentaire sur leurs bénéfices.» Le Parti socialiste veut dévoiler son concept pour cet impôt covid en automne, en marge du débat à la Chambre des députés sur la justice fiscale.

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