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Harcèlement : des gentlemen, les députés luxembourgeois ?


En France, les cas de femmes harcelées par les politiques seraient monnaie courante. Au Luxembourg, ce serait moins fréquent, selon les témoignages. (photo AFP)

Des témoignages qui se multiplient ces derniers jours font état de cas de harcèlement souvent sexuel dans les rangs de l’Assemblée nationale française. Rien de tout ça, a priori, à la Chambre des députés grand-ducale.

De mémoire de députée ou de journaliste, aucun cas de harcèlement sexuel n’a fait scandale dans le monde politique luxembourgeois. Mais on ne parle que de ce domaine, sachant que le harcèlement sexuel ou moral existe dans toutes les professions.

Si les langues se délient aujourd’hui chez nos voisins français pour révéler des cas de harcèlement sexuel dans les rangs de l’Assemblée nationale, au Luxembourg, ces pratiques laissent perplexes. Nous avons interrogé Lydie Polfer, élue à la Chambre des députés depuis 1979 et bourgmestre de la capitale, un poste qu’elle avait occupé une première fois en 1982 alors qu’elle avait tout juste 30 ans.

« Je n’ai jamais entendu parler d’un cas de harcèlement sexuel dans le milieu politique. Il faut croire que les élus luxembourgeois sont plus respectueux », avance-t-elle. Le scandale qui agite actuellement l’hémicycle parisien est « grave » à ses yeux, même si elle reconnaît avoir du mal à faire la part des choses.

« Je lis des tas de commentaires et de témoignages sur cette affaire et je me demande si on ne mélange pas un peu tout, à moins d’avoir mal compris. Je veux dire par là que si un collègue me fait un compliment sur ma manière de m’habiller, je le prends comme tel – un compliment, c’est plutôt plaisant – mais je ne vais pas l’interpréter comme du harcèlement », explique Lydie Polfer.

De toute sa carrière politique, longue de 37 ans, jamais l’élue libérale, qui fut également ministre des Affaires étrangères, n’a eu vent ne serait-ce que d’une rumeur de harcèlement dans les rangs parlementaires. Ni secrétaire ni assistante bouleversée n’a été vue en pleurs se plaignant de harcèlement. « Non franchement, dans le personnel politique, cela n’existe pas », assure Lydie Polfer.

« Tout compliment ne doit pas être interprété comme du harcèlement, ce serait dommage », conclut-elle sans pour autant mettre en doute les témoignages que les journalistes français de Mediapart et de France Inter ont recueillis pour leur enquête qui visait le cas particulier du vice-président de l’Assemblée nationale, l’écologiste Denis Baupin. Il a depuis démissionné de la vice-présidence.

«Forme sournoise de harcèlement»

Si le harcèlement est plus rare en politique, le machisme est une réalité que personne ne peut nier, même s’il s’estompe au fil des ans. Mais il y a encore six ou sept ans, une conseillère communale élue pour la première fois et qui assistait à son premier conseil, avait demandé où elle devait s’asseoir. Elle obtint comme remarque désobligeante : « Même les vaches retrouvent leur place dans l’étable .» Bon, « c’était dans un petit village », précise Anik Raskin, chargée de direction au Conseil national des femmes (CNF), qui relate l’anecdote.

La présidente de ce même CNF, Claude Wolff, qui a derrière elle une longue carrière de journaliste, n’a pas dans ses souvenirs le moindre exemple de harcèlement dans le monde politique. « Des machos, oui certainement, quand on voit la difficulté à faire figurer des femmes sur les listes électorales! », confie-t-elle.

Danièle Fonck, directrice générale d’Editpress (groupe qui comprend Le Quotidien ), est une des rares femmes à diriger un groupe de presse. « La politique est un univers très misogyne c’est vrai, mais au Luxembourg, je n’ai jamais entendu parler de harcèlement dans ce milieu. Il y a bien sûr une forme de harcèlement plus sournoise qui persistera tant que la femme ne sera pas traitée professionnellement sur un pied d’égalité avec l’homme », estime Danièle Fonck.

Elle sait aussi que le processus sera encore long dans la mesure « où la présence des femmes en politique ne date que du XX e siècle » et que « les premières femmes réviseurs d’entreprise s’habillaient en tailleur-pantalon sombre pour coller au métier ».

Elle se souvient qu’à l’époque où les députés siégeaient en séance de nuit, « plus la soirée était avancée, plus les remarques devenaient désobligeantes quand une femme intervenait ».

Impensable aujourd’hui. Au Luxembourg, la correction est de mise. Autre culture, autres mœurs.

Geneviève Montaigu

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