Les médecins du pays sont 70% à dénoncer une charge de travail démesurée. L’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) se voit confortée dans sa fronde menée depuis un mois.
Fin mai, le corps médical était monté au créneau pour dénoncer les importantes défaillances du système de santé actuel. «Le système est à bout», avait même souligné le président de l’AMMD, Alain Schmit. Le cadre légal et tarifaire trop strict et vétuste reste le principal fer de lance de l’association des médecins. Leur liberté thérapeutique serait plus que jamais remise en question.
Les résultats de l’enquête menée auprès du corps médical confirment en effet les critiques formulées par l’AMMD. Les médecins praticiens considèrent également que le système présente une trop grande rigidité, avec un grand nombre de répercussions néfastes à la clé.
Sur les 636 médecins à avoir répondu au sondage, ils ne sont ainsi que 2% à penser que le système de santé actuel ne connaît pas de problèmes systémiques. Les 169 médecins généralistes, 369 médecins spécialistes et 98 médecins-dentistes estiment à 77% que des «considérations technocratiques» dominent le système. Ils sont également 59% à déplorer que l’expertise médicale ne soit pas suffisamment prise en considération. Le manque de dialogue est également fustigé par une majorité de praticiens (59%).
«Ras-le-bol généralisé»
Tout cela pèse sur les médecins, qui sont 70% à dénoncer une charge de travail démesurée. La charge administrative est un des principaux facteurs qui compliquent la vie des médecins. Ils sont 88% à dénoncer cette charge.
Le catalogue des prestations qui sont remboursées par la CNS, repris dans la nomenclature qui doit être appliquée par les médecins, est également dénoncé par les médecins praticiens interrogés par l’AMMD. «Pour 66%, le manque d’adaptation des nomenclatures actuelles est un des plus grands problèmes du système de la santé au Luxembourg», est-il noté dans le résumé des résultats de l’enquête. Ils sont 72% à considérer que la nomenclature n’est plus à jour et 69% à estimer que cette dernière n’est plus adaptée pour assurer une prise en charge adéquate des patients.
La moitié des médecins interrogés (51%) avouent même se sentir obligés de contourner «de manière inconsciente» les lacunes de la nomenclature en vigueur. L’AMMD avait affirmé dès la fin du mois de mai ne plus être prête à compenser les failles du système à un moment où le contrôle médical aurait resserré les boulons.
Au vu de ces chiffres, la conclusion pour l’AMMD est sans équivoque. «Le résultat de cette enquête, c’est l’expression d’un ras-le-bol généralisé», souligne le Dr Alain Schmit.
David Marques