Le Mouvement écologique dénonce l’hypocrisie du gouvernement qui a placé l’efficacité énergétique au rang de priorité, mais en exclut les produits pétroliers.
La directive européenne de 2012 en matière d’efficacité énergétique impose aux fournisseurs d’énergie d’inciter les consommateurs, clients ou pas, à réaliser des économies. Par exemple, avec une aide pour acheter une nouvelle chaudière qui est moins gourmande en énergie. « Cela permet aux fournisseurs de mettre le consommateur devant ses responsabilités et de faire en sorte que tout le monde se sente concerné par les économies d’énergie », explique le spécialiste du secteur pour le Méco, Paul Polfer. La directive Efficacité énergétique vise aussi à dynamiser le secteur des économies d’énergie en créant des emplois dans les domaines, notamment, du conseil et de l’ingénierie.
Mais la mesure la plus importante du texte est la fixation d’un objectif contraignant de réduction de 1,5 % par an de l’ensemble des ventes d’énergies jusque 2020, le transport pouvant être exclu du calcul.
Le pétrole dispensé d’économies
Cet objectif ambitieux, bien qu’il s’inscrive dans les intentions du gouvernement, n’est pourtant pas partagé par le Grand-Duché, d’après le Meco. « La transposition de la directive a pris du temps : on a attendu du printemps 2014 à l’automne de la même année », constate le spécialiste du Méco. « Alors que la directive européenne ne fait pas de distinction entre les différentes énergies, les deux projets de loi sur le sujet n’incluent que le gaz et l’électricité. C’est étrange, dans un pays qui compte sur le tourisme à la pompe, que le pétrole ne soit pas concerné par ces mesures… », relève de façon ironique Paul Polfer.
De surcroît, le Luxembourg a revu ses calculs à la baisse et ne table plus désormais que sur une économie de 1,125 %, « alors que pour le Luxembourg il s’agissait prétendument d’une priorité du programme gouvernemental. Cela relève d’une hypocrisie totale de la part du gouvernement, la déclaration gouvernementale s’applique à tous les ministères ! »
Évidemment, ces économies d’énergie présenteront à court terme un coût non négligeable, comme le souligne Paul Polfer : « La directive européenne le prévoit : il faut investir dans un premier temps pour réaliser des économies sur le long terme. Mais alors que les fournisseurs d’énergie vont d’abord concentrer leurs efforts d’aides et d’incitation sur les gros consommateurs, c’est-à-dire les entreprises, les répercussions affecteront tous les consommateurs. »
Le problème est que les offices sociaux des communes croulent déjà sous les dossiers de ménages en difficulté qui ont bien du mal à payer leurs factures d’énergie. Ces derniers seront les plus touchés par les répercussions économiques. La directive européenne a bien avancé la notion de « client vulnérable », mais elle n’est pas définie dans le projet de loi. « Il sera donc bien difficile de proposer des mesures spécifiques pour les soutenir », regrette Paul Polfer.
De notre journaliste Audrey Somnard