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Déi Lénk : une année «révélatrice des failles»


Les députés déi Lénk David Wagner (g.) et Marc Baum (d.) ont reproché au gouvernement son manque de transparence et une politique manquant de cohésion. (photo Fabrizio Pizzolante)

Déi Lénk a présenté jeudi le traditionnel bilan de l’année parlementaire. Une année «turbulente» qui a une fois de plus démontré les limites du système libéral, selon le parti d’opposition.

Les députés du parti d’opposition déi Lénk, David Wagner et Marc Baum, ont présenté jeudi le bilan de la session parlementaire 2019/2020, une année forcément très marquée par la crise du coronavirus. Une crise qui n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard, rappelle au passage David Wagner : «Cette maladie n’est pas tombée du ciel. Elle est également la conséquence d’un système économique ultralibéral, de libre-échange sans règles. Et la difficulté à la gérer découle aussi du fait que les systèmes de soins et de santé ont été fortement amputés dans nombre de pays. Peut-être moins au Luxembourg, c’est vrai, mais il y a tout de même cette tendance ici à ne pas trop en faire. La crise a révélé les carences énormes du système dans lequel nous vivons.»

La crise a d’ailleurs contraint le parti à voter, «la mort dans l’âme», selon les mots de David Wagner, en faveur de l’état d’urgence qui accorde au gouvernement des pouvoirs spéciaux. «Nous nous y étions opposés il y a trois ans, lorsque le gouvernement souhaitait renforcer le dispositif sécuritaire dans le contexte des attentats terroristes, car cette disposition lui octroie beaucoup trop de droits anti-démocratiques», rappelle le député. «Mais dans ce contexte de crise sanitaire, il nous a fallu agir rapidement, nous n’avions guère d’autre alternative. Bon, Xavier Bettel et son gouvernement n’ont pas instauré de dictature !»

S’ils reconnaissent d’ailleurs que l’État a fait ce qu’il a pu pour gérer la crise – «Nous n’aurions probablement pas été meilleurs, la situation était assez compliquée» –, ils lui reprochent en revanche son manque de transparence. «Les ministres ont suivi une politique de rétention de l’information», déclarent-ils, reprochant notamment à la ministre de la Santé, Paulette Lenert, le fait d’avoir été obligés de passer par de nombreuses questions parlementaires pour obtenir des réponses, le plus souvent fragmentaires et incomplètes.

«Rupture de confiance irrémédiable»

Regrettant l’absence de fil rouge et de cohésion entre les ministères dans le cadre du déconfinement, déi Lenk déplore en outre le manque de cohérence de la politique gouvernementale, notamment en matière de changement climatique (avec entre autres le fonds de pension qui reste dévolu aux entreprises pétrolières ou nucléaires) ou en matière de service public, citant l’exemple de la Poste. «Le gouvernement ne privatise pas mais libéralise. C’est en fait une privatisation rampante qui ne dit pas son nom.»

Un événement en particulier marque la «rupture de confiance irrémédiable» du parti envers le gouvernement : l’adoption le 6 mai dernier du CETA, le traité de libre-échange entre le Canada et l’UE, pourtant source d’une vive opposition de la part de la société civile. «Le gouvernement l’a passé en plein confinement, à un moment donc où le droit de manifester n’a pas pu être exercé pleinement», se sont insurgés les députés.

Déi Lénk reproche enfin au gouvernement d’avoir passé à la trappe la question du logement, problématique qui risque de se voir encore aggravée avec les répercussions sociales de la crise du Covid-19. «La subvention loyer a certes été augmentée, mais elle ne lutte pas contre la flambée des prix et ne résout donc pas le problème à long terme. Et ses critères d’obtention excluent toujours beaucoup de personnes.»

Pour David Wagner, «cette année a été révélatrice de la faillite d’un système libéral, capitaliste, qui ne fonctionne pas, qui ne s’adapte pas aux besoins de la population et n’est orienté que vers les profits d’une minorité. Même les pays riches se sont vus dépourvus des moyens essentiels pour faire face à cette crise. C’est une apocalypse, dans le sens étymologique du terme : un dévoilement. Mais après le dévoilement vient le temps de la lutte.»

Tatiana Salvan

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