Le congrès digital, organisé samedi, a permis aux verts d’insister sur la levée à court terme des restrictions des libertés fondamentales, décrétées pour endiguer la pandémie. L’impatience grandit.
Le décor a permis aux quelque 200 militants scotchés devant leurs écrans de se sentir comme chez eux. Inspirés par leurs homologues allemands, déi gréng avaient opté pour organiser leur congrès digital dans une ambiance assez «cosy» en installant au Tramsschapp du Limpertsberg un salon avec petits fauteuils et la photo d’un renard accrochée au mur. Le port du masque et la présence physique d’une toute petite frange du parti sont cependant venus démontrer que le temps n’est pas encore à la détente, même si le parti, présent depuis fin 2013 au gouvernement, appelle de plus en plus fortement à la levée des restrictions aux libertés fondamentales, en vigueur depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020.
Déi gréng et leurs grandes priorités politiques ont quelque peu été effacés par le coronavirus. Samedi, les ténors du parti sont toutefois venus rappeler que «cette décennie sera décisive pour la transition écologique et sociale». La lutte contre la crise climatique et le maintien de la cohésion sociale restent de grandes priorités. «Le logement constitue un poison pour la cohésion à l’intérieur de la société», doit admettre Meris Sehovic, le coprésident du parti. Le ministre vert du Logement, Henri Kox, serait toutefois sur le point de «livrer» des solutions, à l’image des autres membres du gouvernement de déi gréng : Carole Dieschbourg, Sam Tanson, Claude Turmes et François Bausch.
La loi Climat tout comme le plan national Énergie-Climat sont sur les rails. Les investissements record dans le domaine de la mobilité se poursuivent. Les plans sectoriels pour l’aménagement du territoire sont enfin réalité. Et les réformes sociétales se poursuivent. «Sous notre impulsion, une nouvelle pensée fondamentale dans le domaine de la mobilité a été mise en place. Dans beaucoup d’autres domaines, des changements de paradigme ont été accomplis, avance Djuna Bernard. Mais beaucoup reste à faire pour réussir à mettre en place un modèle économique et social durable.»
«Des méthodes issues du Moyen Âge»
Un autre acquis serait la rapide réouverture de la culture, après le confinement pour raisons sanitaires en fin d’année. Aujourd’hui, déi gréng continuent à mettre la pression pour obtenir de nouvelles ouvertures. «Les restrictions aux libertés ont été nécessaires, même si cela nous a peinés de devoir les instaurer. S’il n’existe plus d’apport sanitaire, il faut lever de suite ces mesures liberticides», insiste Meris Sehovic. Plus concrètement, le coprésident, soutenu par la cheffe de fraction Josée Lorsché, songe à un peu plus de «rencontres en extérieur, en respectant les gestes barrières». «Il nous faut offrir des perspectives de sortie de crise, même si cela ne sera pas si simple», ajoute-t-il.
Le vice-Premier ministre François Bausch en remet une couche en fustigeant qu’«au XXIe siècle, nous luttons toujours avec des moyens issus du Moyen Âge contre une pandémie». Au lieu d’un confinement, il serait urgent de miser sur des «concepts intelligents». «Avec les vaccins et les tests rapides, nous disposons des instruments pour agir», fait remarquer François Bausch, qui dit «observer avec une grande inquiétude les restrictions aux libertés fondamentales qui perdurent». Par contre, des «concepts de sortie qui s’orientent vers des principes autocratiques sont à condamner». Les verts seraient-ils opposés au futur passeport… vert ?
La sortie de crise sur le plan économique et social n’est également pas à perdre de vue. «Les grands profiteurs de la crise devront apporter leur pierre à l’édifice», clame Meris Sehovic. Le débat sur le financement de la crise sanitaire est lancé, d’autant plus que le LSAP, également réuni en congrès dimanche, est engagé sur une voie semblable.
En attendant un consensus sur ce point, il sera intéressant de savoir si le gouvernement va suivre l’appel de déi gréng pour offrir une bouffée d’air printanière à la population.
David Marques
Bernard et Sehovic reconduits
Déi gréng continuent à miser sur la jeunesse. Samedi, Djuna Bernard (28 ans) et Meris Sehovic (29 ans) ont été reconduits à la tête du parti. Tous les deux bénéficient d’un très large soutien. Le vote en ligne s’est soldé par un score de 95,9% pour Djuna Bernard (189 voix pour, 8 contre) et même 99% pour Meris Sehovic (196 voix pour, 2 contre), qui a repris en juillet 2020 le flambeau de Christian Kmiotek. Djuna Bernard est depuis 2019 coprésidente de déi gréng. Le jeune duo va mener le parti vers l’année super-électorale de 2023. «On est bien préparés et nous allons tout faire pour rester au gouvernement», souligne Djuna Bernard.