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Dan Kersch : ne lui parlez plus de politique d’austérité


Les avis de la BCL ou du Conseil national des finances publiques ne semblent pas plaire au ministre : "Ces institutions, qui ont certes leur raison d'être, n'ont pas de mandats démocratiques, mais se croient mandatés pour critiquer le gouvernement". (photo Isabella Finzi)

Le ministre de l’Intérieur, de la Fonction publique et de la Réforme administrative, le socialiste Dan Kersch, ne veut plus entendre parler de politique d’austérité. Il vient de le prouver avec l’accord salarial dans la fonction publique.

« Aucune nouvelle augmentation du niveau du point indiciaire n’aura lieu pendant cette législature », indiquait le programme gouvernemental. Pourtant, vous l’avez fait. D’aucuns y voient un aveu d’échec face à la toute-puissance de la CGFP, un cadeau électoral en somme…

Dan Kersch : Pas du tout. La situation économique a changé par rapport à la fin de l’année 2013. Nous avons œuvré pour équilibrer le budget, et à la fin de l’année 2016 il faut quand même reconnaître que la situation s’est bien améliorée. Il fallait agir en fonction des réalités politiques et économiques, c’est ce que nous avons fait. Nous n’avons pas réagi à la légère comme certains le laissent supposer, mais nous avons discuté pendant un an avec la CGFP sans faire d’éclats.

La CGFP est tout de même descendue dans la rue en juin dernier…

À chaque renouvellement de l’accord salarial, nous avons droit à la traditionnelle manifestation de la CGFP. Pendant dix mois, nous avons discuté et au début c’était très dur, comme l’a aussi reconnu le syndicat. Mais finalement nous avons réussi à établir un vrai dialogue social et nous nous sommes rapprochés. Je suis arrivé à la première réunion avec une certaine position en rappelant que le programme gouvernemental ne prévoyait aucune augmentation du point indiciaire, mais que je n’étais pas forcément favorable à une « nullrunde » (un renouvellement sans augmentation), mais qu’il y avait d’autres moyens de reconnaissance du travail des fonctionnaires que l’augmentation du point indiciaire. J’ai donc procédé à plusieurs ouvertures assez intéressantes en misant sur l’amélioration des conditions de travail, de l’encadrement social et sanitaire. Il fallait trouver un terrain d’entente, chacun a mis de l’eau dans son vin.

Quels étaient les points de l’accord qui vous tenaient le plus à cœur ?

Sur ces 24 points, onze sont en rapport avec le bien-être au travail, donc de la responsabilité sociale de l’État-patron, et j’en suis très satisfait. C’est la première fois que cela arrive et la fusion des deux administrations, celle des services médicaux et celle de la sécurité, dans la fonction publique, illustre ce changement. Nous allons avoir, sous un même toit, une seule administration en charge de toutes les questions concernant les relations entre les fonctionnaires et leur patron. Le gouvernement était prêt à doubler les effectifs de cette administration unique si l’on parvenait à un accord de fusion.

Pourquoi investir maintenant dans le bien-être des fonctionnaires ? La situation s’était-elle dégradée ?

Nous avions un staff de 15 personnes, médecins inclus, qui s’occupait du personnel de l’État, donc de quelque 27 000 fonctionnaires et employés. Nous étions en dessous des normes internationales et dans l’obligation de réagir. Quand je suis arrivé au ministère, il n’y avait pas de psychologue pour le personnel de l’État, sauf pour des services particuliers comme l’armée ou la police. J’ai embauché les premiers psychologues, ils sont trois aujourd’hui et c’est encore largement insuffisant pour le nombre de fonctionnaires.

Cet accord aura un coût qui s’ajoute à celui de la réforme fiscale. Les largesses du gouvernement, qui témoignent de son optimisme pour les années à venir, inquiètent au contraire d’autres institutions comme récemment la Banque centrale du Luxembourg…

Ces institutions, comme la BCL ou le Conseil national des finances publiques, qui ont certes leur raison d’être, n’ont pas de mandats démocratiques, mais se croient mandatés pour critiquer le gouvernement. Quand le gouvernement dit que la situation financière a changé et qu’il faut maintenant en finir avec la politique d’austérité prônée depuis des années en Europe, il le fait. En tant que gouvernement, nous menons une politique offensive d’investissements et une politique visant à améliorer le pouvoir d’achat des ménages et nous n’avons pas envie d’être stoppés par des rapports de soi-disant experts qui, dans le passé, ont déjà prouvé qu’ils s’étaient trompés.

Entretien avec Geneviève Montaigu

En intégralité dans Le Quotidien papier de ce lundi 12 décembre

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