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Bissen : le climat rattrape le projet de Google  


Google était venu présenter son projet aux habitants de Bissen. C’était il y a presque trois ans maintenant. Le data center pourrait utiliser 5 % de l’eau potable du pays pour fonctionner.  (Photo : archives editpress)

Le Mouvement écologique demande l’abandon du projet de data center de Google. La consommation en eau de l’installation serait intenable pour le pays.

Le Mouvement écologique a une nouvelle fois dégainé ses arguments hier pour pointer du doigt la démesure du projet de data center Google à Bissen. Pourquoi fustiger cette initiative maintenant? À cause de la situation climatique que le Luxembourg subit depuis le début de cet été… une énième saison sèche qui doit nous faire repenser notre façon de vivre, selon le Mouvement écologique.

En effet, il va falloir d’importantes quantités d’eau pour refroidir ce data center qui représente un milliard d’euros d’investissement et qui est présenté par le gouvernement comme «le plus gros investissement de l’histoire du Grand-Duché». Une aubaine pour l’économie, mais pas vraiment une chance pour la nature et surtout l’équilibre fragile de notre environnement. Le data center pourrait consommer en un jour 5 % de l’eau potable du pays, selon le Mouvement écologique. Il doit aussi consommer 7 % de l’électricité du pays. Ça fait réfléchir en ces temps de crise énergétique. 

Une série d’enseignements

«Au cours des cinq dernières années, nous avons connu quatre étés trop chauds et trop secs, celui de cette année ayant battu le record négatif de précipitations depuis 1947», explique le Mouvement écologique. Il poursuit : «Cet été, avec ses extrêmes, nous a apporté toute une série d’enseignements : il nous a non seulement fait prendre conscience de l’urgence de renforcer à l’avenir les espaces verts et d’éviter de nouvelles surfaces imperméables dans nos villes et villages, afin d’atténuer quelque peu les effets des températures élevées dues à la catastrophe climatique et de maintenir la qualité de vie dans les villes. En outre, il a définitivement mis l’accent sur la gestion actuelle du bien commun «eau», si important pour la «survie».

Réserves en eau manquantes

Le Mouvement écologique s’alarme, car, pour lui, les réserves d’eau souterraine du Luxembourg ne sont déjà plus remplies dans les proportions requises. Il s’appuie sur une étude du ministère de l’Environnement qui indique que la situation va continuer à s’aggraver. «À moyen et long terme, des difficultés d’approvisionnement se profilent inévitablement à l’horizon», estime-t-il.

La critique du Mouvement écologique est argumentée. Il rappelle que le ministère de l’Environnement a présenté le troisième plan de gestion du bien précieux qu’est l’eau il y a peu. Celui-ci fait malheureusement état d’une situation des plus regrettables : l’état des eaux luxembourgeoises est loin d’être bon.

« La gestion de l’eau doit enfin devenir un sujet politique ! »

Les intentions des années précédentes d’améliorer la situation n’ont en effet porté que des fruits très limités, selon le Mouvement qui indique que d’après l’analyse du ministère de l’Environnement, plus de 90 % des eaux sont en mauvais état et que de nombreuses sources d’eau potable ne peuvent pas être utilisées en raison de leur qualité insuffisante!

L’avenir s’annonce bien compliqué, d’autant plus si on regarde le développement démographique du pays et son développement économique irrésistible avec d’importantes créations d’emplois et l’installation de nouvelles entreprises. Pour le Mouvement écologique, tout cela montre que la «gestion de l’eau doit enfin devenir un sujet politique! Le premier et le deuxième plan de gestion n’ont même pas commencé à apporter les améliorations nécessaires; les chances de succès du troisième plan ne sont guère meilleures actuellement… Et ce, alors que la situation continue de s’aggraver de manière dramatique».

Le data center qui devrait naître sur ce champ pourrait consommer 5 % de l’eau potable du pays et 7 % de son électricité. Photo : archives editpress

Le Mouvement écologique a aussi fustigé hier la politique de communication actuelle du gouvernement qui doit «également être remise en question de manière extrêmement critique» : «aucune personne normale ne peut comprendre que l’alerte rouge soit levée au moment même où l’on parle de réserves d’eau souterraines insuffisantes, de la nécessité de faire des économies et où les ruisseaux et les rivières asséchés font la une des journaux». La question se pose donc de savoir si les critères de l’administration de la Gestion de l’eau en matière de déclenchement ou de levée d’une alerte rouge ne devraient pas être revus, expliquent les membres du Mouvement.

Il est l’heure d’oublier Google

Pour le Mouvement écologique, il faut prendre à bras-le-corps le problème et organiser un débat à la Chambre des députés avec la participation des ministères concernés à un plan d’action avec des champs d’action prioritaires (doté des moyens financiers et humains nécessaires) et à une stratégie avec tous les acteurs de la gestion de l’eau.

Devant cette situation qui est plus qu’inquiétante, le Mouvement écologique demande que le projet Google, qui a bien du mal à se concrétiser sur les 30 hectares de prairies à Bissen, soit jeté aux oubliettes. Selon lui, on ne peut plus tergiverser devant la situation critique de nos réserves d’eau déjà soumise à rude épreuve actuellement. «Les ruisseaux et les rivières vides ne fourniront certainement pas l’eau de refroidissement nécessaire et l’utilisation de l’eau de la Sebes serait absurde», ironisent les écologistes.

Des forages supplémentaires pour prélever de l’eau souterraine à des fins de refroidissement seraient également irresponsables, selon eux. Bref, les quantités d’eau nécessaires ne sont tout simplement pas disponibles, elles manqueraient dans l’écosystème ou dans l’approvisionnement en eau potable des habitants. Pour le Mouvement écologique, il faut dire adieu au projet de data center qui est devenu «hors du temps».

Le Mouvement écologique a annoncé qu’il utilisera tous les moyens juridiques pour s’opposer à ce projet.

Un commentaire

  1. Le climat n’a strictement rien à voir avec un data center. Encore de la folie furieuse.

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