Arthrose du genou : injections risquées

Depuis le 1er octobre 2016, la CNS ne rembourse plus les injections à base d’acide hyaluronique. Utilisées dans le traitement de l’arthrose du genou, elles sont jugées très risquées pour la santé.

La question, mise sur la table par le député-maire de Hesperange, Marc Lies, est désormais clarifiée : les injections à base d’acide hyaluronique, qui sont utilisées dans le traitement de l’arthrose du genou, ne sont plus remboursées par la Caisse nationale de santé (CNS) depuis le 1er octobre 2016 et ce «pour des raisons médicales». Le nombre de patients ayant obtenu un remboursement par la CNS pour ce type de traitement, en 2015, est d’environ 5 700, a également précisé le ministre de la Sécurité sociale.

Concrètement, Romain Schneider spécifie que les produits de viscosupplémentation concernés ne sont plus pris en charge par l’assurance maladie sur la base d’un avis motivé du Contrôle médical de la sécurité sociale (CMSS), qui lui-même se fonde sur plusieurs avis récents provenant d’autorités étrangères et de sociétés savantes. D’après le ministre, «il ressort de ces avis que l’intérêt thérapeutique de la viscosupplémentation est insuffisamment établi».

En effet, indique Romain Schneider, «la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS) de la Haute Autorité de santé, dans son avis concernant le renouvellement de l’inscription d’Ostenil sur la liste des produits à charge de la sécurité sociale française, précise que, ‘l’intérêt thérapeutique d’Ostenil n’étant pas établi, son intérêt de santé publique ne peut être déterminé’». L’Ostenil ici visé étant précisément la solution d’acide hyaluronique pour injection intra-articulaire.

De plus, le ministre de la Sécurité sociale ajoute que la CNEDiMTS estime que «les données disponibles ne permettent pas de justifier la prise en charge d’Ostenil par la collectivité».

«Risque d’effets indésirables graves»

Par ailleurs, le ministre informe que le National Institute for Health and Care Excellence (NICE, Royaume-Uni) fait valoir, dans ses recommandations, de ne pas avoir recours aux injections intra-articulaires d’acide hyaluronique pour la prise en charge de l’arthrose. Cette position est également partagée par le Medizinischer Dienst des Spitzenverbandes Bund der Krankenkassen (Allemagne), tandis que l’American Academy of Orthopaedic Surgeons (AAOS) est d’avis que l’utilisation d’acide hyaluronique pour les patients atteints d’arthrose symptomatique du genou ne peut pas être recommandée.

Sur la base de tous ces avis, le CMSS conclut que «l’efficacité est au mieux modeste et doit être mise en balance avec un risque non négligeable d’effets indésirables graves liés au caractère invasif du mode d’administration, ainsi qu’avec un coût relativement élevé du traitement en cause», synthétise le ministre Romain Schneider.

De ce fait, le ministre de la Sécurité sociale conclut que «ces produits ne vérifient pas les critères de l’article 23 du code de la sécurité sociale, portant sur les prestations à charge de l’assurance maladie», d’où leur déremboursement.

Enfin, à la question du député-maire Marc Lies de savoir si le déremboursement des injections d’acide hyaluronique pourrait entraîner un risque d’augmentation du nombre d’interventions pour des poses de prothèses, plus onéreuses que des injections, le ministre se montre ferme : «(…) Les risques d’effets indésirables graves liés au traitement par injections à base d’acide hyaluronique sont considérables et (…) dès lors l’état de santé des patients peut être fortement impacté par le recours à ce type de traitement. Or, comme l’intérêt thérapeutique de cette mesure n’est pas avéré (…), d’autres mesures ou traitements sont à préconiser en faveur du bien-être du patient.»

Claude Damiani