Accueil | Police-Justice | Vol avec violences sur un couple d’octogénaires : 7 ans de réclusion ferme requis

Vol avec violences sur un couple d’octogénaires : 7 ans de réclusion ferme requis


Le parquet en est convaincu : les auteurs avaient repéré leurs victimes au City Concorde à Bertrange. Ils les ont suivies en voiture jusqu’à chez elles. (Photo : archives lq/Julien Garroy)

Selon le parquet, le troisième homme jugé pour avoir attaqué le couple d’octogénaires pour ses bijoux à Senningen début juillet 2015 n’est digne d’aucun aménagement de peine. Il requiert la prison ferme contre le trentenaire.

«C’est une affaire un peu particulière.» La représentante du parquet ne l’a pas caché au début de son réquisitoire. «Il y a déjà un arrêt qui a tranché sur les deux coauteurs des faits.» Il s’agit de Désiré S. (44 ans) et Ringo P. (51 ans) qui ont pris tous deux sept ans de réclusion. L’arrêt de la Cour d’appel rendu le 27 mars 2018 est passé en force de chose jugée.

Si, un peu sans surprise, la parquetière a requis, vendredi matin, la même peine contre Kevin P. (30 ans), le troisième homme qui a atterri sur le banc des prévenus dans cette affaire de vol avec violences sur un couple d’octogénaires à Senningen le 4 juillet 2015, «ce n’est pas parce qu’on a l’arrêt, a-t-elle précisé. Mais parce qu’il y a des éléments qui permettent d’affirmer qu’il est bien le troisième auteur.»

Ces éléments, le ministère public les recueille notamment sur les images des caméras de vidéosurveillance du centre commercial City Concorde. Comme à son habitude, le couple y était allé faire ses courses ce samedi matin. Peu avant 14 h, les octogénaires venaient tout juste de rentrer chez eux quand les malfrats avaient débarqué pour les dépouiller de leurs bijoux devant leur porte.

«Il est 13 h 38 quand ils quittent le City Concorde»

Pour le parquet, il n’y a aucun doute sur l’identité des agresseurs. «Les vidéos sont plus que parlantes. À quatre moments on voit Désiré S., Ringo P. et Kevin P. autour du couple au City Concorde. Il est indéniable qu’ils l’ont pris en filature et plus particulièrement Madame.» Au moment où les victimes montent au parking par les escalators, les images montrent, à quelques mètres derrière elles, Kevin P. «Sans raison aucune. Car à aucun moment la Mercedes des trois hommes ne se trouvait dans le parking au premier étage.» Quelques instants plus tard, il rejoint en courant Désiré S. et Ringo P. sur le parking à l’extérieur. Il monte à bord de la Mercedes. «Il est 13 h 38 quand ils quittent le City Concorde. Ils suivent clairement la voiture des victimes. Pas moins de 20 minutes plus tard, le vol avec violences est commis à Senningen», constate la représentante du parquet en rembobinant le fil de l’enquête.

Si Désiré S. et Ringo P. ont rapidement pu être identifiés à l’été 2015, pour Kevin P. cela a pris plus de temps. Et ce n’est pas uniquement parce que la police a reçu un appel anonyme (en juin 2016) le dénonçant qu’il comparaît aujourd’hui devant la chambre criminelle. La suite de l’enquête aurait démontré que c’est bien lui le troisième suspect au City Concorde.

Autre élément sur lequel le ministère public s’appuie pour prouver l’implication de Kevin P. : les observations des témoins. Un couple qui traversait Senningen en voiture en ce début d’après-midi avait aperçu trois individus gantés courir vers une Mercedes Classe A. Enfin, il y a la description d’un des agresseurs par l’octogénaire : il portait un t-shirt blanc, des baskets blanches et un short de couleur sombre. Ce qui correspond à la tenue vestimentaire de Kevin P. sur les caméras de surveillance.

«Mon ADN n’est pas sur cette dame. Si j’avais agressé une personne, il y aurait eu mon ADN», s’était défendu Kevin P., jeudi après-midi, à la barre. Or l’absence de son ADN ne peut le disculper, estime le parquet. «Vous avez vu les blessures de Madame. On n’allait pas prendre un écouvillon avant les premiers soins.»

«Aucune collaboration, aucun repentir, aucun remord»

Les blessures subies par l’épouse étaient impressionnantes. Toute la peau de son bras était arrachée. Son annulaire était plus qu’enflé tellement on avait tiré fort sur ses bagues. Finalement, après avoir mouillé son doigt dans sa bouche, elle les avait elle-même remises à son agresseur.

L’ADN de Désiré S. avait été retrouvé sur le t-shirt de l’épouse. Une preuve, selon le parquet, que le quadragénaire a bien agrippé Madame. Et quand on sait que Kevin P. est monté dans la même voiture que lui, avec Ringo P., 20 minutes avant les faits… C’est ce qui fait dire au parquet que Kevin P. a bien accompagné les deux hommes à Senningen. «Il a participé de la même façon qu’eux, pas moins», dira sa représentante pour justifier la peine requise. Enfin, elle soulèvera que depuis le début de l’instruction, il n’y a eu «aucune collaboration, aucun repentir, aucun remord» de sa part. «Rien. Au cas où le sursis est encore possible, encore faut-il le mériter. Et pour ma part, il n’est pas digne de votre clémence. Voilà pourquoi je requiers sept ans de réclusion ferme.»

«J’aimerais dire pardon pour ce qui est arrivé aux victimes. Mais je n’ai jamais agressé ces personnes. Je demande juste votre clémence pour me réinsérer dans la société», finira pas dire Kevin P. avant que la 13e chambre criminelle ne prenne l’affaire en délibéré. Depuis son extradition au Grand-Duché le 9 septembre 2019, le trentenaire se trouve en détention préventive à Schrassig.

Prononcé le 28 janvier.

Fabienne Armborst

À lire également sur ce procès :
Couple d’octogénaires dépouillé de ses bijoux : les yeux braqués sur le troisième suspect
Il conteste avoir dépouillé le couple d’octogénaires : «Mon ADN n’est pas sur cette dame»

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.