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Viols, coups et blessures : la plaignante sous le feu des questions du prévenu


Jusqu'à la fin de l'audience, le prévenu a bombardé son ex-compagne de questions. (illustration Fabienne Armborst)

Pendant près de trois heures, le prévenu a interrogé son ex-compagne entendue comme témoin mercredi après-midi. Son objectif : démontrer son innocence.

On aura rarement vu un témoin être aussi longtemps interrogé à la barre. Après avoir livré son récit au premier jour du procès mardi, la quadragénaire a dû répondre aux questions. Le prévenu originaire d’Irak poursuivi pour viols, coups et blessures et harcèlement ne l’aura pas lâchée une minute. Tout y est passé. Mais le trentenaire avait surtout une question sur le bout de la langue : «Pourquoi Madame n’a-t-elle pas porté plainte tout de suite?»

Les faits reprochés remontent à une période comprise entre fin 2016 et mai 2017. Le premier viol aurait eu lieu le 10 janvier, avait-elle raconté. Mais c’est seulement au mois de mai qu’elle avait déposé plainte après avoir subi un nouveau calvaire. La réponse de la quadragénaire mercredi : «Il m’a toujours menacée. Il me disait qu’il risquait de prendre huit ans de prison…»

Muni de son cahier de notes qu’il feuilletait de temps à autre, le prévenu était intarissable. «Si Madame s’est comportée selon les insinuations que vous rapportez, pourquoi n’êtes-vous pas tout simplement parti ?», a tenté de couper court la présidente de la 13e chambre criminelle.

«Des questions pour démonter Madame»

Le prévenu finira par annoncer ne plus poser de questions «en raison de la mauvaise foi de Madame». Mais il poursuivra de plus belle. La représentante du parquet sortira de ses gonds : «Vos questions n’ont aucune pertinence dans ce dossier. Elle servent juste à démonter Madame.» Et Me Philippe Stroesser, qui n’a à aucun moment coupé son client dans son élan, de rétorquer : «Le fait que mon client soit menteur dans une affaire de faux papiers (NDLR : il avait présenté un faux permis de conduire irakien en 2016) ne veut pas dire qu’il est menteur dans une affaire de viol.»

«Pourquoi après les soi-disant viols, elle n’est pas allée se faire ausculter par un gynécologue ?» «Comment a-t-elle fait pour aller faire son jogging si deux jours auparavant elle dit avoir été violée ?»… Jusqu’à la fin de l’audience, le prévenu a bombardé son ex-compagne de questions. Son objectif : démontrer son innocence. Visiblement épuisée, la témoin a pris place sur une chaise.

«L’audience est terminée dans cinq minutes. Je vous conseille, Monsieur, de choisir judicieusement votre question !», a finalement averti la présidente. Ce dernier a néanmoins encore trouvé le temps de se plaindre que par le biais de l’interprète qui l’assiste il perdait beaucoup de temps. À 18h, l’audition du témoin a été déclarée terminée.

Suite du procès vendredi matin.

Fabienne Armborst

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