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Quinze ans requis contre l’époux violent d’Oberkorn


Le quinquagénaire prétend que c'est le refus de son épouse de discuter qui lui a fait porter le coup de couteau. (photo archives LQ)

Après avoir grièvement blessé son épouse à la gorge dans leur garage à Oberkorn le 1er octobre 2013, le mari s’était lui-même coupé au niveau du cou avec le couteau de 10 cm. Mardi après-midi, au deuxième jour du procès, c’était au tour du quinquagénaire de s’expliquer.

« Je lui ai donné un coup de couteau au garage. Je n’ai pas redonné de coup par la suite.» Telle était la version du prévenu (53 ans) mardi après-midi à la barre de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement.

«Selon votre épouse c’était un peu différent », le coupe la présidente Elisabeth Capesius. « Comment expliquez-vous que votre épouse a le souvenir d’avoir reçu un second coup dans le salon?» Une question qui restera sans véritable réponse de la part du quinquagénaire : «Je suis désolé. Je ne peux pas l’expliquer.»

Devant les juges, le prévenu confirme avoir passé plusieurs heures dans un café avant le drame le 1er octobre 2013: «J’ai bu, j’ai fait des mots croisés. Je voulais savoir où mon épouse en était dans ses démarches pour le divorce.»

L’agression a eu lieu dans un contexte de difficultés conjugales. C’est le divorce, plus précisément le partage de leur maison qui aurait constitué un problème insurmontable pour le mari. Ainsi déclare-t-il avoir abordé sa femme en rentrant du café avec les mots suivants : «Il faut qu’on parle pour le divorce.» Or d’après la victime, avant l’attaque il n’y a pas eu de dispute verbale. Le prévenu, quant à lui, campe sur sa position : «Je ne comprends pas, car je lui ai parlé. Je suis formel.»

Le quinquagénaire prétend que c’est le refus de son épouse de discuter qui lui a fait porter le coup de couteau. «C’est son attitude qui m’a choqué. Elle refusait le dialogue.» Le mari avait fini, d’après ses souvenirs, par se donner lui-même trois coups de couteau. Des coups qu’il ne peut toutefois pas s’expliquer : «Inconsciemment, j’ai voulu en finir. Mais je n’ai pas eu la pensée de me suicider.»

Le prévenu poursuivi pour tentative de meurtre a-t-il porté un ou deux coups de couteau à sa femme? Cette question aura dominé une grande partie des débats. «Vous ne pouvez retenir comme établi ce soi-disant deuxième coup de couteau», a estimé Me Philippe Stroesser dans sa plaidoirie.

L’avocat à la défense du prévenu a argumenté que la victime a seulement évoqué ce deuxième coup de couteau devant le juge d’instruction, soit un an après les faits, ainsi qu’à la barre lundi. «Lors de son audition à la police, elle ne fait état de cette deuxième agression», appuie Me Stroesser en notant que l’enquêteur l’avait toutefois interrogée sur la raison pour laquelle son mari ne l’avait pas de nouveau blessée quand elle s’était réfugiée dans le salon.

«Il était déterminé et violent»

Tout en soulevant que son client n’a aucun antécédent de violence conjugale et qu’il avait autour de 2 g d’alcool par litre de sang au moment des faits, Me Stroesser relève, par ailleurs, que c’est son client qui avait fait passer le message au 112, comme la victime était dans l’impossibilité de s’exprimer au téléphone. Or, pour le parquet, si le prévenu a donné l’adresse du domicile à l’opérateur du 112, «c’est pour que leurs corps soient trouvés par les secouristes et non par les enfants».

Pour le substitut Pascale Kaell, il y a bien lieu de retenir la tentative de meurtre : «Peu importe si le prévenu a porté un ou plusieurs coups, il était déterminé et violent. Il a porté le coup à un endroit particulièrement vulnérable. Le fait qu’elle ait survécu n’est pas son mérite.»

Lire aussi : Jugé pour tentative de meurtre sur sa femme à Oberkorn

 

«Il a voulu prendre la vie à une mère de trois enfants pour des motifs financiers», récapitule la représentante du ministère public en rappelant que la victime a toujours des séquelles physiques et psychiques.

Le parquet a fini par requérir 15 ans de réclusion à l’encontre du prévenu qui a passé quatre mois en détention préventive. Il demande d’assortir la peine d’un sursis probatoire de 5 ans avec l’obligation d’indemniser la victime dans un délai de trois ans.

Une indemnisation que Me Jean-Jacques Schonckert, l’avocat de la partie civile représentant la victime, a placée au centre de sa plaidoirie, mardi. Le 8 décembre, la chambre criminelle rendra son jugement.

Fabienne Armborst

 

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