Accueil | Police-Justice | Montres de luxe dérobées à Eich : la cavale s’était terminée à Malaga

Montres de luxe dérobées à Eich : la cavale s’était terminée à Malaga


Les braqueurs s'étaient présentés au domicile d'un homme d'affaires, montée Saint-Crépin à Luxembourg. Ils avaient notamment exigé de leur victime qu'elle convoque des vendeurs de montres de luxe dans une fiduciaire... (Photo : archives lq/françois aussems)

Par ruse, ils avaient réussi à s’introduire au domicile d’un homme d’affaires montée Saint-Crépin à Luxembourg, le 12 décembre 2012. Jouant au prétendu prince intéressé dans l’achat de montres de luxe et à son chef de sécurité, le duo avait réussi à faire main basse sur un butin impressionnant. Heureux comme un prince, Redda B. menait la belle vie dans le sud de l’Espagne. Mais cela n’aura pas duré… Retour sur l’enquête policière.

C’est à bord d’une Chevrolet Captiva que les braqueurs avaient filé en direction de Paris le 13 décembre 2012 au soir après avoir fait main basse sur plus de 140 000 euros et des montres de luxe et séquestré leurs victimes dans la cave d’une fiduciaire rue de Mühlenbach à Luxembourg. Leur otage, ils l’avaient libéré au petit matin dans le 14e arrondissement. Ce dernier avait directement couru prévenir la police.

Au Grand-Duché, les images de vidéosurveillance des distributeurs de billets avaient rapidement fait avancer l’enquête. Avec les cartes de l’homme d’affaires qu’ils avaient séquestré à son domicile, montée Saint-Crépin, les deux braqueurs avaient en effet effectué plusieurs retraits d’argent à Bereldange, Eich et rue de Monterey. Mais pratiquement à visage découvert. «Ils n’étaient pas déguisés. Ils portaient juste une casquette Goodyear», relève l’enquêteur.

Flashés entre Luxembourg et Paris

En coopération avec les autorités françaises, des noms avaient vite pu être placés sur ces deux visages. Les deux hommes qui s’étaient invités chez l’homme d’affaires en prétendant être un jeune prince arabe et son chef de sécurité n’étaient autres qu’Ali A. et Redda B. Deux hommes déjà recherchés en France pour une séquestration et extorsion de fonds mi-octobre 2012 dans l’hôtel Concorde-Montparnasse à Paris.

Comme les fuyards avaient été flashés sur l’autoroute entre Luxembourg et Paris, les enquêteurs français avaient également pu retracer que la voiture avait été louée au nom de la femme d’Ali A.

Redda B., celui que l’enquêteur luxembourgeois appelle le «boss» de l’organisation, avait finalement pu être arrêté à bord d’une Porsche lors d’un contrôle routier dans le sud de l’Espagne, près de Malaga, mi-janvier 2013. Lors de son arrestation, il portait aussi l’une des montres volées au Luxembourg.

Les trois autres prévenus qui comparaissent depuis mardi devant la 13e chambre criminelle n’avaient été interpellés que quelques semaines plus tard. Grâce aux écoutes et observations policières en France et en Espagne, l’étau s’était lentement resserré sur eux.

Dès la mi-décembre, Ali A. avait été aperçu en compagnie de sa femme dans une artère commerçante à Paris en train de dépenser des billets de 500 euros. Les 140 000 euros que le duo avait réussi à extorquer au Luxembourg se présentaient sous des coupures de 500 euros!

Les prévenus Mohamed F. et Daniel V., poursuivis pour avoir recelé les bijoux volés, avaient aussi rapidement atterri dans le viseur des enquêteurs espagnols : ils rendaient quasiment tous les jours visite à Redda B. en prison! Et pour cause. De l’enquête, il ressort que le quadragénaire prévoyait de s’enfuir. En simulant un malaise, il aurait voulu bénéficier d’un transport à l’hôpital. Les autorités espagnoles ayant été averties par les autorités françaises, cette opération avait toutefois pu être évitée.

«Il a joué au calife à la place du calife!»

En tout cas, jusqu’à leur arrestation, Daniel V. et Mohamed F. auront bien profité du butin. L’un comme l’autre étaient censés faire de l’argent avec les montres de luxe que le duo leur avait remises à Paris. Certaines tensions avaient fini par apparaître entre les malfrats. Lors de l’instruction, Redda B. s’était emporté à propos du fait que Mohamed F. ait vidé un coffre avec entre 60 000 et 80 000 euros : «Il a joué au calife à la place du calife!»

Lors de l’arrestation de Daniel V, vendeur de montres à Marbella, les enquêteurs avaient pu saisir certains bijoux qui provenaient des vols au Luxembourg. Tout comme Mohamed F., ce dernier avait déclaré ne pas connaître la provenance des bijoux à l’époque. Ce n’est que bien plus tard qu’il aurait appris qu’il s’agissait d’objets volés.

Une bouteille de Perrier et un briquet

Mais ce n’est pas ce qui ressort des écoutes téléphoniques. Autre preuve, selon l’enquêteur, que Daniel V. et Mohamed F. sont loin d’être innocents : le fait qu’ils aient tenté de sortir le boss de prison!

Certaines traces relevées sur les lieux du crime au Luxembourg étaient venues appuyer cette enquête. Les traces ADN de Redda B. avaient pu être retrouvées sur une fenêtre et une bouteille de Perrier. Celles de son homme de main, Ali A., sur un briquet.

Suite des débats ce jeudi après-midi.

Fabienne Armborst

À lire également sur cette affaire : Faux prince, vrais braqueurs

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.