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Mille euros pour appâter des mineures : un sexagénaire poursuivi


Ce n'est pas avec des bonbons qu'il avait tenté d'attirer les jeunes filles dans sa voiture. Il leur avait proposé d'abord 500 euros, puis 1 000 euros. (illustration Editpress)

En 2016, un sexagénaire avait proposé 1 000 euros à deux mineures à Bous. Pourtant, il nie avoir eu de mauvaises intentions. Son procès a eu lieu mercredi. Le prévenu est poursuivi pour avoir abordé au total trois mineures.

Il était entre 16h et 18h ce 19 mars 2016 quand le sexagénaire avait abordé deux filles de 14 ans qui attendaient le bus devant un café à Bous. Ce n’est pas avec des bonbons qu’il avait tenté de les appâter dans sa voiture. Il leur avait proposé d’abord 500 euros, puis 1 000 euros. Pour les mineures, il s’agissait clairement d’avances sexuelles. La serveuse du café à laquelle elles s’étaient confiées avait appelé la police.

« Depuis dix ans je suis impuissant »

«Je voulais les câliner, leur donner un bisou sur la joue. Je n’avais aucune mauvaise intention, car depuis dix ans je suis impuissant», avait confié le prévenu, âgé aujourd’hui de 65 ans, à l’expert psychiatre. Mercredi après-midi, le retraité ne se souvenait pas de grand-chose. À part le fait qu’il aurait juste voulu faire un tour avec elles en voiture à Remich. «J’avais trop bu.» «Quatre à cinq bières. Mais pas de Jägermeister», précise-t-il. «Je ne voulais pas enlever les filles. Je serais rentré seul à la maison», clame-t-il.

C’est oublier que l’une des filles avait enregistré toute la conversation avec son portable. L’enregistrement corrobore tout ce que les filles ont déclaré à la police. On y entend ainsi comment il leur explique que 500 euros correspond à beaucoup d’argent, soit 20 000 francs luxembourgeois… «Je pense que les filles ne connaissent même pas les francs. Car elles sont nées dans les années 2000 !», lui rappelle la présidente de la 13e chambre correctionnelle. Mais les deux mineures ne s’étaient pas laissé faire. L’une d’elles lui avait même suggéré de se rendre dans le quartier de la Gare à Luxembourg.

Le deuxième fait reproché au prévenu remonte au 27 mai 2016. Ce jour-là, il aurait pris une mineure de 12 ans par la main et essayé de la faire monter dans sa voiture. Pour le parquet, il s’agit clairement d’une tentative d’enlèvement. Le prévenu, quant à lui, le conteste en bloc. «Comment peut-on mentir à un tel point ?» Voilà, là, sa position.

Le SREC Grevenmacher avait été chargé de l’enquête. C’est une institutrice qui avait contacté le commissariat de Remich. Plusieurs élèves s’étaient plaints d’avoir été suivis par une personne plus âgée. Grâce à la plaque d’immatriculation qu’ils avaient relevée, les agents avaient fait le lien avec le fait survenu quelques semaines plus tôt à Bous.

Quatre ans de prison requis

En attendant son procès, le sexagénaire avait été placé sous contrôle judiciaire. Depuis septembre 2017, il dort toutefois en prison. Car il n’a pas respecté l’ensemble de ses conditions. Alors qu’il avait l’obligation de se tenir à l’écart de mineurs, il a accueilli chez lui une famille roumaine avec quatre enfants mineurs. «Ils n’avaient pas de toit», se défend-il. «Vous n’aviez pas compris que le juge d’instruction vous avait fait une faveur en vous accordant un contrôle judiciaire ?», l’interroge la présidente. Et d’insister : «Que voulez-vous qu’on fasse avec vous, Monsieur ?» Sa réponse : «Une thérapie. Au mieux deux…»

C’est également ce qui ressort du rapport d’expertise : «Avec un encadrement serré et des contrôles d’alcool réguliers, il peut s’en sortir.» Le spécialiste en neuropsychiatrie relève une altération des capacités de son discernement. Avec ses sept verres d’alcool par jour, il est clairement dépendant, conclut-il.

L’avocat du sexagénaire demande d’assortir la peine d’un sursis probatoire intégral : «Il a besoin de l’aide d’un professionnel pour que cela ne se reproduise pas», plaide Me Eric Says. Le parquet a finalement requis quatre ans de prison et une amende. Mais il demande de n’accorder que deux ans de sursis probatoire. «Les faits sont extrêmement graves. Les filles étaient choquées. Si elles ne s’étaient pas défendues, il y aurait eu passage à l’acte», soulève la parquetière. Le prévenu aurait bien incité ses deux premières victimes à se prostituer : «Car il leur a proposé de l’argent et a insisté en relevant le montant.»

Prononcé le 28 mars.

Fabienne Armborst

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