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Luxembourg : le policier dérive et finit au tribunal


La liste des infractions reprochées au fonctionnaire, aujourd'hui suspendu, est longue : corruption, trafic d'influence, escroqueries, vols... (Photo : Fabienne Armborst)

Ils avaient été nombreux à passer de l’argent au policier, car ils lui faisaient confiance. Grâce à son petit jeu, le quinquagénaire avait réussi à subtiliser plusieurs milliers d’euros. Son procès s’est ouvert mercredi.

«J’ai perdu le nord.» Qu’il a dérivé, c’est le moins que ce policier, aujourd’hui suspendu, puisse dire. Il en a fallu du temps, mercredi après-midi, au tribunal pour défricher l’ensemble des faits reprochés au quinquagénaire. Ça débute en 2010 et ça se termine en septembre 2014, date à laquelle il a été placé en détention préventive pour trois petits mois. Il est question de corruption, de trafic d’influence, d’escroqueries, de vols…

L’officier de police judiciaire en a embobiné du monde. À un ami chauffeur de bus qui avait perdu son permis de conduire, il avait ainsi soutiré 1 500 euros soi-disant pour l’aider à préparer son dossier. À une autre connaissance, il avait demandé cette même somme pour faire avancer prioritairement un dossier de droit de visite et d’hébergement pour un enfant. Pour 3 000 euros, il avait promis à un autre une autorisation de séjour et un travail. Mais jamais dans le cadre de son travail. Il aurait toujours agi en tant que particulier, assure le prévenu de 56 ans face à la 12e chambre correctionnelle.

«Un projet immobilier en Géorgie»

Et pourquoi tout cet argent? «Pour investir dans un projet immobilier en Géorgie», où il avait aussi été détaché à une époque. Il dit avoir conclu un acte notarié à Tbilissi. Or pas de documents, pas de noms pour appuyer ses propos… À part qu’il y avait un certain Helmut entretemps décédé, un Néerlandais, un Anglais… Même problème pour les quelque 75 000 à 85 000 euros qu’il prétend avoir investis. Il ne fournit aucune pièce justificative.

Le président tentera de creuser : «On parle d’un projet avec des gens dont vous ne connaissez même pas le nom. N’est-ce pas plutôt que vous avez dilapidé tout cet argent en jouant?»

Ce qui est néanmoins certain dans ce dossier, c’est que tout l’argent que le policier a reçu a disparu. À certains, il avait proposé des placements en bourse en leur faisant miroiter qu’ils pourraient doubler leur mise. Les montants encaissés tournaient entre quelques centaines d’euros et 4 000 euros…

La cagnotte champagne avait aussi disparu

Mais les reproches ne s’arrêtent pas là. Il y a aussi la disparition de la cagnotte champagne du CI Gare ou encore celle de la collecte d’argent destinée à offrir un cadeau naissance à certains collègues. À plusieurs collègues de travail, il avait aussi proposé de faire fructifier de l’argent en participant à des paris sportifs. Leur mise tournait en général autour des 1 500 euros. Mais ils avaient plus été perdants que gagnants.

L’inspection générale de la police (IGP) avait été saisie du dossier début juin 2013. En 2015, les dettes du policier avaient pu être chiffrées à quelque 260 000 euros. La liste des créanciers étant conséquente. Visiblement, le quinquagénaire n’avait pas non plus hésité à soutirer de l’argent à ses propres enfants. Plus de 35 000 euros au total. Des faits qui ne lui sont toutefois pas reprochés aujourd’hui. Car dans l’intérêt de la paix des familles, voler son enfant ou son époux(se) ne constitue pas une infraction.

38 parties civiles

Le fonctionnaire avait aussi contracté des prêts auprès de diverses connaissances. Soit 173 000 euros au total. De l’argent pour pallier sa situation financière désastreuse, leur avait-il expliqué. Il avait promis de les rembourser rapidement. Car il n’attendait que de toucher sa part d’héritage de la maison parentale. «Comment auriez-vous pu les rembourser? Vous avez hérité de 47 000 euros», s’interroge le président. «Depuis les cinq dernières années, j’ai déjà remboursé 110 000 euros», a tenté de rassurer le quinquagénaire. Mais de nouveau sans pièces à l’appui.

Le fait qu’il est loin d’avoir réglé toutes ses dettes est prouvé par le nombre de parties civiles citées dans cette affaire. Elles sont au nombre de 38! Une dizaine s’étaient présentées mercredi pour l’ouverture du procès. Elles seront toutes entendues. Suite des débats ce jeudi matin.

Fabienne Armborst

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