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Luxembourg : « Il est un danger pour les enfants »


(Illustration : LQ)

Le parquet reproche au quadragénaire la détention et la fabrication de matériel pédopornographique, ainsi que des attouchements sur mineures.

«C’est un dossier d’une extrême gravité.» Ce sont les mots employés, vendredi matin, par le premier substitut, qui a requis huit ans de réclusion à l’encontre du prévenu (46ans). Depuis le 10 juin2015, il se trouve en détention préventive.

Dans le cadre d’une perquisition effectuée le 17 avril 2015, les enquêteurs étaient tombés sur 565 photos et 34 films à caractère pédopornographique sur son ordinateur et ses clés USB. « Il a tout de suite su de quoi il s’agissait », a indiqué l’enquêteur de la police judiciaire, section protection de la jeunesse, vendredi.

Lors de son audition devant la police, le quadragénaire explique que cela fait cinq ans qu’une à deux fois par semaine, il recherche du matériel pédopornographique sur des bourses d’échanges sur internet.

Le dossier ne s’arrête toutefois pas là et prend une toute nouvelle tournure. Car quand les enquêteurs lui demandent s’il a déjà lui-même fait des photos de mineures, il répond par l’affirmative. L’enquête révèle que dès octobre 2007 il a fabriqué du matériel pédopornographique. Sa première victime : la fille de sa compagne, âgée à l’époque de 14 ans.

La deuxième série de faits que le parquet reproche au prévenu se situe après sa séparation avec sa compagne. La première photo datée qui figure dans le dossier est de début 2012 et concerne une amie de la propre fille du prévenu. Âgée à l’époque de 9 ans, elle accompagnait son amie chez son père quand celle-ci lui rendait visite.

D’après l’enquêteur, il y a plusieurs catégories de photos. Sur certaines, la mineure est en train de poser en sous-vêtements (que le prévenu avait préalablement découpés afin de photographier les parties intimes), sur d’autres elle dormait et subissait des attouchements. Parallèlement à la réalisation de photos à caractère pédopornographique, le parquet reproche au prévenu d’avoir commis des attentats à la pudeur. Dans une déposition à la police, la plus jeune victime dira avoir accepté la prise de photos car elle avait peur de lui. Quant aux photos où elle dormait, elle n’aurait pas été au courant.

Face à l’expert psychiatre, le quadragénaire s’était décrit comme « victime ayant été séduite ». Il avait également prétendu avoir seulement regardé des photographies d’enfants qui s’amusent et avait assuré savoir reconnaître cela. Enfin, il avait indiqué avoir pris les photos sous l’influence de l’alcool.

«On peut retenir la pédophilie»

« On peut retenir la pédophilie . Il se distancie de tout et dit qu’il ne peut pas s’imaginer que les enfants aient subi des dommages» , conclut l’expert qui constate également le manque d’autocritique du quadragénaire. «Il y a un certain risque de passage à l’acte », ajoute l’expert qui n’exclut pas non plus un risque de récidive.

À la barre, le prévenu en aveu n’a pas contesté les faits qu’on lui reproche : « J’aimerais m’excuser auprès des trois enfants et de la famille du fait que j’ai profité de la situation. » Il a certifié avoir déjà suivi toute une série de thérapies en prison. « Il ne faut pas seulement des thérapies. Ce qu’il vous faut également, c’est une prise de conscience », l’a repris la présidente de la chambre criminelle, Elisabeth Capesius. Sa réponse : « Je fais de mon mieux pour que cela ne se reproduise pas.» Une affirmation que le parquet a toutefois du mal à croire. « C’est un trouble à l’ordre public, un danger pour les enfants », estime le premier substitut, Anouk Bauer. Dans son réquisitoire, le parquet a soulevé le jeune âge des victimes, la quantité des faits, la durée des infractions et leur aggravation dans la durée : « Il va toujours plus loin. Il exploite l’enfant pour ses propres besoins. »

Le parquet requiert huit ans de réclusion à l’encontre du prévenu. Il demande qu’une bonne partie de la peine soit de la prison ferme. En cas de sursis, il demande que la chambre criminelle accorde seulement un sursis probatoire. Enfin, il demande au tribunal d’interdire au prévenu d’exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs.

Quelques minutes auparavant, l’avocat à la défense, M e Marc Lentz, avait souligné que son client n’avait pas d’inscription dans son casier judiciaire et avait demandé d’assortir la peine de prison d’un large sursis probatoire.

L’avocate de la partie civile représentant la plus jeune victime, quant à elle, réclame 10 000 euros pour le préjudice moral. Prononcé le 5 mai.

Fabienne Armborst

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