Giulia ne séchera plus les cours. L’adolescente aurait été violée par un jeune homme chez qui elle avait accepté de se rendre avec sa camarade Laura. Aucune des deux ne les connaissaient, lui et son frère.
Le 27 mai 2020, Laura et Giulia décident de sécher les cours. Une première pour Giulia. Laura s’est invitée chez Pedro, un jeune homme rencontré sur Snapchat, et chez son frère Denilson, à une trentaine de kilomètres de leur lycée pour fumer un joint. Les deux garçons les accueillent après s’être assurés que personne n’avait vu arriver les deux copines. Denilson sort fumer un joint avec Laura qui fait un malaise et soutiendra plus tard que le jeune homme aurait profité de son état pour l’embrasser. Pendant ce temps-là, cinq à dix minutes, Pedro aurait eu un rapport sexuel anal avec Giulia. Une heure après leur arrivée chez les frères, les deux lycéennes étaient dans le bus du retour en direction de Luxembourg.
L’affaire aurait pu en rester là si les deux amies n’avaient pas été âgées de 14 ans au moment des faits et si Giulia, affolée par des saignements, n’avait pas avoué l’escapade à sa maman qui a prévenu la police. Jeudi et vendredi, les deux frères âgés de 20 ans comparaissaient à la barre de la 13e chambre criminelle pour viol d’une mineure de moins de 16 ans et attentat à la pudeur pour l’un, ainsi que pour attentat à la pudeur et consommation de stupéfiants avec un mineur de moins de 16 ans pour l’autre.
Le procureur a requis une peine de 10 ans de prison à l’encontre de Pedro et une peine de 16 mois de prison assortie d’une amende pour Denilson. Bien que ce dernier conteste l’attentat à la pudeur, les trois autres protagonistes de l’histoire en feraient état dans leurs témoignages, selon le magistrat du ministère public qui s’est rapporté à la prudence du tribunal quant à la prévention de consommation de drogue.
Quant à Pedro, le procureur a requis contre lui la peine la plus basse en cas de viol de mineur de moins de 16 ans. Assis sur le banc, les prévenus se tiennent la tête dans les mains et semblent réaliser les conséquences de leurs actes. Lascars au langage fleuri la veille, ils ont le sifflet coupé.
Le procureur a estimé que Pedro aurait depuis le coup de téléphone de Laura, eu envie d’un rapport sexuel avec Giulia. L’occasion fait le larron. «J’ai eu une photographie de Giulia. Si elle ne m’avait pas plu, elles n’auraient pas eu besoin de venir», avait reconnu le jeune homme jeudi à la barre. Des propos qui confortaient l’avis de la présidente de la 13e chambre criminelle selon laquelle, le joint n’aurait été qu’un prétexte pour attirer les lycéennes et les séparer pour que Pedro puisse arriver à ses fins avec Giulia.
Pedro n’a pas tenu compte des signes
Sauf que les gamines étaient mineures et qu’ils ne pouvaient l’ignorer et qu’on ne force pas une personne à avoir un rapport sexuel s’il n’est pas consenti. Bien qu’en droit, étant donné la minorité de Giulia, son absence de consentement ne devant
pas être établi pour conclure au viol – un mineur de moins de 16 ans ne peut être considéré comme consentant à une relation sexuelle, selon le code pénal –, Pedro n’aurait pas tenu compte des signes de refus émis par la lycéenne au moment où il l’a sodomisée. Pire, il a mis de la musique pour, estime la juge, couvrir d’éventuels cris de douleurs.
Depuis les faits, Giulia vivrait dans l’angoisse de croiser Pedro. «Elle aurait vécu les pires 5 minutes de sa vie», indique l’avocat qui la représente. Elle aurait changé de lycée depuis la rentrée de septembre et aurait subi un long et lourd traitement contre une maladie sexuellement transmissible – Pedro ne portait pas de préservatif – qui l’a conduite à l’hôpital. La jeune fille et ses parents se sont portés parties civiles et demandent une somme totale de plus de 44 000 euros, sans compter les frais et dépens, à Pedro.
Son avocate, Me Stoffel, a rappelé que le jeune homme, déscolarisé, vivant dans une auberge de jeunesse depuis les faits et en passe de reprendre sa vie en main grâce à une institution, risquait de perdre énormément si sa condamnation était trop lourde. Elle a demandé aux juges d’assortir sa peine d’un sursis intégral ou d’un sursis probatoire.
Prononcé le 15 juillet.
Sophie Kieffer
C´est sa propre faute !