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Le policier cogne un collègue : de la boîte de nuit au tribunal


Alors que dans la boîte de nuit, il semblait y avoir eu plus d'un policier, personne n'a donné l'alerte. C'est par voie interne que l'incident avait fini par remonter jusqu'au poste de police de la Gare. (illustration Isabella Finzi)

Fin 2016, un policier avait assené des coups de poing à un autre policier lors d’une soirée dans une boîte de nuit. Le fonctionnaire, âgé aujourd’hui de 28 ans, est non seulement poursuivi pour coups et blessures volontaires, mais également pour harcèlement obsessionnel sur son ex.

« Vous faites quoi aujourd’hui ?

– Je suis policier, mais je suis suspendu depuis novembre 2016.

– Et vous n’avez pas cherché à vous réorienter ? »

En s’emparant du dossier mardi matin, la présidente de la 13e chambre correctionnelle n’a pas manqué d’observer : «En voyant les images vidéo, on a tendance à dire que le seul endroit où vous n’avez pas votre place, c’est la police. Car la première qualité d’un policier c’est d’avoir un peu de maîtrise de soi !» C’est tout le contraire de ce qui s’est passé la nuit du 12 au 13 novembre 2016. Dans une discothèque rue de la Faïencerie au Limpertsberg, le policier, âgé de 25 ans à l’époque, a violemment frappé au visage un autre policier.

Personne n’a appelé le 112 ni le 113

Tous deux n’étaient pas en service, ils passaient la soirée entre amis. Chacun de leur côté. Et ils ne se seraient certainement pas remarqués, si le premier n’avait pas vu son ex en compagnie du second…

À part le fait d’avoir tiré par le bras sa copine pour quitter précipitamment les lieux, ce dernier ne se souvient de plus grand-chose. Tout est allé très vite. Frappé de coups de poing au visage, il a terminé au sol… puis à l’hôpital. Hématomes sur le visage, fracture du plancher orbitaire… les séquelles étaient importantes. Dans son rapport d’expertise, la médecin légiste avait retenu en 2016 que toutes ces blessures ont tendance à guérir.

Trois ans après les faits, la victime, âgée aujourd’hui de 33 ans, et qui a aussi suivi une thérapie pendant un an et demi dit toujours souffrir. «Avec mon œil droit, je vois double de près. On m’a refait le canal lacrymo-nasal…» Sur la séquence de la vidéo de dix secondes, visualisée à l’audience, on peut compter entre six et sept coups violents. Des coups qui ont pris fin lorsque d’autres clients et un vigile sont intervenus.

Alors que dans la boîte de nuit, il semble y avoir eu plus d’un policier, personne n’a appelé le 112, ni le 113. «Des circonstances un peu spéciales», s’est permis de remarquer la présidente. C’est par voie interne que l’incident avait fini par remonter jusqu’au poste de police de la Gare. Et à l’hôpital, un autre agent présent dans le cadre d’une autre affaire avait croisé le blessé. Mais selon le commissaire en chef de l’Inspection générale de la police (IGP), «ces circonstances n’ont rien changé à l’enquête».

Déjà impliqué dans une rixe

Lors de la perquisition, ils ont découvert que l’auteur des coups harcelait son ex depuis un certain temps. Après l’incident à la discothèque, il avait aussi tenté de la joindre. Tout cela a pris fin quand il s’est retrouvé derrière les barreaux. Pendant deux mois, l’actuel prévenu est resté en détention préventive. Aujourd’hui, avec le recul, il voit les choses différemment : «À l’époque, je pensais récupérer mon ex. Je me sentais provoqué, mais en fait il n’y avait rien eu…»

«Quand j’ai donné les coups de poing, j’étais en rage», dira encore le prévenu. Et d’ajouter : «Mon ego était complètement détruit…» «Et pourtant, il y a aussi le proverbe qui dit : Une de perdue, dix de retrouvées», a fini par lui lâcher la présidente.

À la barre, la jeune femme appelée comme témoin a clairement indiqué avoir mis fin à leur relation en septembre 2016. Pour elle, la rupture était claire. Or, lui aurait continué à l’appeler régulièrement, à lui envoyer des messages et à l’espionner jusque sur son lieu de travail. Par le biais de son avocat Me Marc Lentz, elle s’est constituée partie civile. Pour le harcèlement, elle réclame 5 000 euros au titre du préjudice moral : «Avec tous les SMS on remplit un classeur A4 !» Pour le choc émotif à la suite de l’agression, elle réclame 3 500 euros. Le policier victime de l’agression assisté, pour sa part, de Me Philippe Penning, demande près de 103 000 euros de dommages et intérêts.

Suite du procès ce mercredi après-midi avec les plaidoiries, puis le réquisitoire du parquet. Ce n’est pas la première bagarre du fonctionnaire. Le 14 février de la même année, il avait été impliqué dans une rixe rue de Bouillon à la sortie d’une discothèque. Faits pour lesquels il a pris cinq mois de prison avec sursis début juillet. L’affaire sera prochainement jugée en appel.

Fabienne Armborst

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