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Coups de couteau à Mertert : «J’ai juste défendu ma vie»


Pour la quadragénaire, les trois coups de couteau portés dans le torse de son ex-conjoint étaient clairement un acte de légitime défense. (photo lq)

À la barre jeudi à Luxembourg, Tatiana D., qui avait tué son conjoint de trois coups de couteau à Mertert il y a quatre ans, a parlé d’un acte de légitime défense.

Des cris, des tentatives de strangulation, des coups, c’est d’une véritable foire d’empoigne que la prévenue Tatiana D. a fait le récit à la barre. Une version qui ne colle cependant pas tout à fait avec l’état de la maison retrouvé par la police au petit matin et le témoignage de la femme qui dormait au moment du drame sur le canapé…

«Je ne savais plus quoi faire. J’étais désespérée.» À entendre la prévenue jeudi après-midi à la barre, c’est un véritable calvaire qu’elle a vécu durant de longs mois avec l’homme qu’elle avait rencontré en 2010. Et cela n’aurait pas pris fin quand elle a décidé de se séparer de lui au printemps 2014. Régulièrement, son conjoint, qui avait un penchant pour la bouteille, l’aurait poursuivie, harcelée et agressée…

«C’était un monstre qu’il valait mieux éviter!» Le portrait que Tatiana D. (47 ans) a dressé devant la 9e chambre criminelle avant d’aborder les faits de la nuit du 16 au 17 février 2015 est sombre.

«Je ne voulais pas le poignarder pour qu’il meurt»

Pour la quadragénaire, les trois coups de couteau portés dans le torse de son ex-conjoint étaient clairement un acte de légitime défense. «Cette nuit, j’ai lutté pour ma vie.» Au retour de la soirée de lundi de carnaval passée dans un café à Wasserbillig, une violente dispute aurait éclaté entre eux chez elle dans sa maison rue Basse à Mertert. Elle aurait été se coucher. Mais lui l’aurait arrachée de son sommeil. Il l’aurait prise par les cheveux avant de la tirer à travers les différentes pièces. Prise par la peur, elle l’aurait poignardé.

«Je pensais que c’était la fin.» En larmes et la voix tremblante, la prévenue a poursuivi son récit : «Il m’a pris par la gorge. Je voulais qu’il me lâche. Cela s’est passé tellement vite… Je voulais lui faire mal, car il était en train de m’étrangler. Je ne le voulais pas le poignarder pour qu’il meure.»

Ce qui s’est passé après les trois coups de couteau reste flou. La prévenue raconte avoir crié, nettoyé le sol et mis par panique le couteau après l’avoir essuyé sous la couverture de son lit. Alors qu’il titubait, elle l’aurait mis avec l’autre femme qui se trouvait dans la maison à la porte…

De l’avis de l’expert psychiatre entendu en début d’audience, le fait que la prévenue avait du mal à sortir de cette relation difficile montrerait qu’elle présentait des signes typiques de codépendance, le «syndrome du sauveur». Elle aurait cru pouvoir aider son conjoint. Le spécialiste a émis un pronostic favorable envers la prévenue qui est sortie de détention préventive en juin 2015. Selon lui, elle a commis cet acte «sous le coup de l’émotion et sous l’influence de l’alcool».

La prévenue à la barre demande une pause

N’empêche, estime le parquet, que d’après le récit de la prévenue, la maison à Mertert aurait dû être totalement en désordre à l’arrivée de la police. Tel n’était toutefois pas le cas, a objecté le substitut principal. Aussi, la chambre criminelle avait plusieurs questions sur le bout de la langue.

Reprenant les déclarations de la témoin qui dormait cette nuit-là sur le canapé, la présidente a remarqué : «L’épisode où il vous a tirée à travers toute la maison, elle ne l’a pas entendu. Comme expliquez-vous cela?» Autre détail : la chaise avec laquelle la témoin avait prétendu avoir mis le quadragénaire agité à la porte. Une chaise qu’un voisin confirme avoir bien vue ensuite dans la rue….

«Vous ne l’auriez pas ensuite laissé rerentrer dans la maison? Cela n’aurait pas été la première fois?», a finalement interrogée la présidente la quadragénaire.

– «Moi?»

La prévenue finira pas lâcher : «Je ne sais pas. C’est bien possible. Il n’arrêtait jamais quand il n’obtenait pas ce qu’il voulait…» Et d’insister. «Je ne l’ai pas assassiné. J’ai juste défendu ma vie.» Elle s’arrêtera là en demandant à la chambre criminelle : «Est-ce que je peux m’asseoir?»

– «Oui vous pouvez, mais la prochaine fois on va poursuivre.» Ce sera donc le 8 mars. Le temps que la présidente annonce l’heure de la prochaine audience, la prévenue avait déjà quitté la salle d’audience…

Fabienne Armborst

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