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Harvey Weinstein tente de réhabiliter son image et déclenche un tollé


Harvey Weinstein arrivant à une audience au New York County Criminal Court, le 11 décembre 2019. (photo AFP)

À trois semaines de son procès pour agressions sexuelles, l’ex-producteur de cinéma Harvey Weinstein s’est attiré les foudres de dizaines de ses victimes présumées en affirmant dans une rare interview, dimanche, que le monde avait oublié qu’il avait promu les femmes à Hollywood.

Dans un entretien ce week-end au New York Post, accordé depuis sa chambre d’hôpital après une opération du dos, l’ancien magnat de Hollywood a voulu se peindre en pionnier de la promotion des femmes dans le monde du cinéma américain, lui que des dizaines d’actrices accusent de harcèlement et d’agression sexuelle.

« J’ai fait plus de films réalisés par des femmes et sur des femmes que n’importe quel producteur », a lancé cet homme de 67 ans, « et je parle d’il y a 30 ans, (…) pas de maintenant, (…) où c’est à la mode. J’étais le premier! J’étais le pionnier! » « J’ai l’impression qu’on m’a oublié », a osé celui qui a cofondé Miramax, devenu le studio indépendant le plus puissant du monde durant les années 90, avec des films comme Shakespeare in Love, Pulp Fiction ou Will Hunting.

« Il dit qu’il ne veut pas qu’on l’oublie, eh bien il n’y a pas de risque », ont réagi, dans un texte commun publié par le mouvement pour l’égalité hommes-femmes Time’s Up, 24 femmes qui affirment avoir été harcelées ou agressées sexuellement par Harvey Weinstein. « Les gens se souviendront de lui comme d’un prédateur sexuel et un agresseur sans remord qui a pris tout ce qu’il pouvait et ne mérite rien », ont écrit notamment les comédiennes Rosanna Arquette, Ashley Judd ou Rose McGowan, devenues les symboles du combat contre Harvey Weinstein. Pour Douglas Wigdor, avocat qui représente deux victimes présumées du producteur en disgrâce, ses états de service cinématographiques » ont été, à juste titre, oblitérés par ses actes horribles, son incapacité totale à accepter ses responsabilités, et son action pour forcer les rescapées à accepter un accord d’indemnisation inadéquat et dérisoire ».

Procès à partir du 6 janvier

Harvey Weinstein, qui conteste toute forme de harcèlement et affirme que les relations dont on l’accuse étaient toutes consensuelles a en effet conclu la semaine dernière un accord de principe avec des dizaines de victimes présumées. La transaction, qui doit encore être homologuée par un juge, prévoit 25 millions de dollars de dommages et intérêts pour ces femmes, dont beaucoup avaient attaqué Harvey Weinstein en justice. Harvey Weinstein n’aura rien à payer de sa poche. La somme doit être réglée par les assureurs de la Weinstein Company, son ancien studio, de même que ses frais de justice au civil. L’arrangement a outré une partie de l’opinion, de même que le montant de l’enveloppe, jugé trop faible. L’accord ne concerne pas, en revanche, le dossier pénal, qui sera examiné lors d’un procès qui s’annonce emblématique, à New York, à partir du 6 janvier.

À l’approche de ce procès, Harvey Weinstein semble aussi avoir cherché, via cette interview au New York Post, à montrer qu’il souffrait effectivement du dos, quand beaucoup l’accusaient de feindre une dégradation de sa santé pour influencer l’opinion et le jury. Il a bien été opéré jeudi des suites d’un accident de voiture, survenu en août, mais a assuré qu’il serait remis à temps pour l’ouverture du procès.

« Un sale type qui n’a tiré aucune leçon de rien »

Avec son titre « Whine Stein » en une lundi, jeu de mots entre Weinstein et whine, qui veut dire se plaindre en anglais, le New York Post a sapé le message de l’ex-producteur. « Cette interview était horrible », estime Joseph Cabosky, professeur de relations publiques à l’école de journalisme de l’université de Caroline du Nord. « Vous avez le droit de donner votre version des choses », dit-il. « Pour autant si, dans le meilleur des cas, vous donnez l’impression d’un sale type qui n’a tiré aucune leçon de rien, mais qui pourrait peut-être être innocent, il vaut mieux se taire. » « Aujourd’hui », a déclaré à la chaîne ABC l’avocate Gloria Allred, spécialiste du harcèlement sexuel, « toute tentative de redorer sa réputation ou de s’attirer de la sympathie ne sert qu’à réveiller beaucoup des victimes présumées de M. Weinstein ».

LQ/AFP

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