«On ne pouvait pas rester indifférents»: plusieurs centaines d’anonymes ont ratissé samedi les environs boisés de Pont-de-Beauvoisin (Isère) à la recherche d’un indice pouvant faire progresser l’enquête sur la mystérieuse disparition de Maëlys, 9 ans, introuvable depuis une semaine.
Près de 400 bénévoles étaient rassemblés dès 08h00 sur un parking jouxtant le lycée de la commune et son gymnase, situés à quelques encablures de la salle des fêtes où la fillette a été aperçue pour la dernière fois lors d’un mariage le week-end précédent. Habitants de Pont-de-Beauvoisin, proches de la petite fille ou simple anonymes venus de loin par solidarité, tous ont suivi les conseils prodigués par les gendarmes encadrant cette «battue citoyenne» d’initiative privée, menée sous une pluie battante après un appel lancé sur les réseaux sociaux.
Divisés en groupes devant se relayer toute la journée sur une trentaine de zones, ces bénévoles habillés de gilets jaunes se sont éparpillés les uns après les autres, certains munis de bâtons. Direction, les bois alentours. Parmi eux, des proches de Maëlys. «Nous sommes là pour elle, pour la retrouver. Cet engouement citoyen apporte quelque chose d’extrêmement bénéfique à sa famille. Nous avons encore tous l’espoir de la retrouver saine et sauve», confie une proche, les yeux rougis par l’émotion.
Devant l’ampleur de la mobilisation – 1 200 personnes étaient attendues -, les organisateurs ont contacté la gendarmerie, qui a envoyé une quinzaine d’hommes pour encadrer les bénévoles. Cinq lignes téléphoniques ont été également été mises en place pour recueillir leurs témoignages. Il est 09h30 et, sur le parking, les gendarmes détaillent à la seconde vague sur le départ le protocole à suivre en cas de découverte. Ils espèrent ainsi que cette gigantesque fouille pourra s’opérer «avec le plus grand discernement» et ne viendra pas polluer l’enquête.
«Si vous trouvez quelque chose, bouclez la zone explorée. Prenez une photo et appelez la gendarmerie. Le moindre emballage n’est pas forcément un indice», rappelle Jean Pertué, commandant de la compagnie de La Tour-du-Pin. Il souligne que l’ensemble des zones explorées l’ont déjà été plusieurs fois par ses hommes.
Mediums
Tout juste arrivés de l’Allier, Frédéric et son épouse Marion, 34 ans, tentent de s’orienter sur la carte distribuée aux bénévoles. Ils doivent rejoindre le groupe chargé de ratisser le «secteur 4», une zone boisée située à l’est du lieu de rassemblement. Pour le couple, boucler les 250 kilomètres qui séparent son domicile et Pont-de-Beauvoisin a sonné comme une évidence. «C’est tellement horrible… On ne pouvait pas rester indifférents. Nous sommes venus pour la famille, qui doit se trouver dans une souffrance ignoble», explique Frédéric.
10h30. La centrale d’appel de la gendarmerie est saturée d’appels de bénévoles qui alertent les gendarmes sur «tout et n’importe quoi, pour un mégot de cigarette ou une bouteille vide». «Beaucoup de médiums appellent aussi. Cela contribue à parasiter le standard téléphonique», confie Nour-Eddine Ghaoui, l’un des organisateurs.
Sur le parking, des bénévoles reviennent par vagues, à pied ou au volant de leur véhicule, puis sont réorientés vers d’autres secteurs à éplucher. Chaussures et pantalons souillés de boue, Serge, 51 ans, revient tout juste d’une zone cernée de rivières. Entouré de quarante autres bénévoles, il a quadrillé cette zone marécageuse, en vain. «On s’est organisés entre nous. Je ne crois pas qu’on trouvera quoi que ce soit car ces zones ont déjà été arpentées par les gendarmes», déplore-t-il.
Devant ce constat, certains bénévoles ont même lancé des initiatives individuelles.
Casquettes sur la tête, Thierry et Fabien, deux amis de 52 et 40 ans habitant Pont-de-Beauvoisin et sa région ont déjà quadrillé deux zones, où ils n’ont «croisé que quelques bouteilles». Ils projettent désormais d’aller en «zone 27» pour inspecter une forêt de plusieurs hectares jusqu’à ce que soit mis un terme aux recherches. Elles doivent s’achever ce samedi à 20h30, à la tombée de la nuit, affirment les gendarmes.
Le Quotidien/AFP