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Exploités par un restaurateur à Luxembourg


photo d'illustration AFP

Le parquet de Luxembourg reproche au prévenu de 47 ans d’avoir exploité dans son restaurant entre 2011 et 2014 quatre personnes dans des conditions contraires à la dignité humaine. Il aurait profité de la situation précaire de ses victimes. L’enquête avait révélé qu’il versait 300 à 400 euros par mois pour 63 heures de travail par semaine.

« C’était terrible. » Voilà les mots employés, mercredi matin, par l’une des victimes pour décrire ses conditions de travail dans un restaurant à Luxembourg entre 2012 et 2014. « J’ai fait des études de management. Je suis chef de cuisine. Le gérant m’a dit que je pouvais travailler comme chef. Il m’a envoyé le contrat. Quand je suis venu, il m’a dit que je ne travaillerais pas en cuisine, mais dans le service. Je n’avais pas le choix, car j’avais tout laissé en Inde. »

Selon le témoin, il fallait travailler du lundi au samedi et le dimanche n’était pas un jour de repos. Car ce jour-là, il devait s’occuper de la lessive et du nettoyage du bâtiment. À l’époque, le serveur logeait dans une petite chambre mise à sa disposition par son employeur, mais il devait la partager avec deux autres personnes. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il était resté, il a répondu : « Je n’avais pas la connaissance de la loi au Luxembourg. Comme je ne parlais ni le français ni le luxembourgeois, c’était très difficile pour moi de trouver un autre emploi. »

Toujours est-il qu’en mai 2014, il avait fini par porter plainte auprès de la police. Il s’était plaint de ne pas avoir reçu l’intégralité de son salaire. Il prétendait avoir toujours touché 400 ou 700 euros par mois alors qu’il travaillait plus de 40 heures par semaine. Mercredi matin, l’enquêteur a précisé que l’enquête a été menée à la demande du parquet.

Le contrôle effectué en août 2014 par la police judiciaire et l’ITM avait établi que deux personnes étaient bien déclarées au restaurant, mais que d’autres hommes y travaillaient sans contrat. « L’un s’était caché derrière le réfrigérateur pour échapper au contrôle », se souvient l’enquêteur.

Des auditions, il est ressorti qu’ils avaient reçu une promesse de travail au Pakistan, au Bangladesh et en Inde. Mais une fois arrivés au Grand-Duché, ils avaient dû constater qu’ils n’étaient pas payés à la hauteur du travail fourni. Le gérant du restaurant aurait alors évoqué des problèmes administratifs.

Confronté à ces dépositions lors de son audition à la police, ce dernier avait toutefois contesté les reproches et déclaré avoir donné le salaire minimum, sous forme de virement et en liquide.

«Si tu ne travailles pas, tu retournes en Inde»

Selon l’enquêteur, « les victimes ne connaissaient pas le pays. Elles n’avaient pas d’autre choix que d’accepter les conditions » du restaurateur.

À la barre, le plaignant a également affirmé, mercredi, avoir été menacé par le patron. « Devant tout le monde, il m’a menacé avec un couteau .» Il lui aurait lâché : « Si tu ne travailles pas, tu retournes en Inde. »

Le parquet estime que le prévenu a profité à l’époque de la situation précaire des étrangers demandeurs d’asile ou en séjour irrégulier. Les quatre victimes entendues mercredi à la barre ont toutes affirmé qu’elles travaillaient plus de huit heures par jour dans le restaurant et qu’elles ne recevaient pas le salaire dû.

« Ce n’était jamais huit heures! », a souligné un jeune homme de 26 ans qui affirme avoir touché en moyenne autour de 300 euros par mois. Comment expliquer qu’il a continué à travailler dans de telles conditions? « Il me donnait l’espoir de rester au Luxembourg », a-t-il répondu. L’avocat de la partie civile réclame aujourd’hui autour de 120 000 euros de dommages et intérêts.

Parmi les victimes figure également un cousin du prévenu. Ce dernier demande autour de 24 000 euros de dommages et intérêts : «Je devais recevoir 2 200 euros par mois selon mon contrat, mais toute la somme ne m’a pas été payée.»

Une seule audience était prévue pour ce procès. Ce dernier n’a toutefois pas pu être achevé, mercredi. Il se poursuivra le 6 juin avec l’audition du prévenu.

Fabienne Armborst

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