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École de police : l’ancien directeur sur le banc des prévenus


Depuis mardi, la 13e chambre correctionnelle de Luxembourg se penche à nouveau sur l’affaire de l’école de police dans laquelle comparaît son ancien directeur pour des irrégularités.

À côté de l’ancien directeur de l’école de police (52 ans), trois autres personnes (entre 60 et 66 ans) se trouvent sur le banc des prévenus. Le parquet leur reproche d’avoir été impliqués entre 2007 et 2010 dans l’établissement de fausses déclarations en vue d’assurer la rémunération d’une figurante intervenant dans des jeux de rôle à l’école de police.

La figurante en question est la prévenue Gabrielle Z. À partir de 2004, la femme de l’instructeur de l’école de police Joseph B. – qui se trouve également sur le banc des prévenus – avait plusieurs fois participé à des jeux de rôle, reproduisant des situations concrètes dans des séminaires de «circulation» pour les policiers en formation. Dans un premier temps bénévolement.

Pour toucher une rémunération, il aurait fallu que le directeur de l’école de police fasse une demande d’agrément au ministère. Ce qui n’a pas été fait. Afin d’obtenir une indemnité pour les heures prestées à l’école de police, ses heures avaient donc été rajoutées sur les déclarations de Roger H., le troisième prévenu. Ce policier à la retraite qui donnait également des cours à l’époque lui rendait l’argent en liquide. Entre 2007 et 2010, Gabrielle Z. avait ainsi perçu autour de 6 600 euros.

C’est au printemps 2010 à l’occasion d’un contrôle effectué par le directeur des ressources humaines de la police que l’affaire avait éclaté au grand jour. «Le contrôle que nous avons fait à l’époque était un pur hasard», a expliqué mardi le directeur des ressources humaines de l’époque qui est aujourd’hui le directeur général de la police. Il s’agissait de contrôler les charges des cours des intervenants à l’école de police. Le versement du montant de 2 000 euros à Roger H. en avril 2010 lui avait sauté à l’œil.

Selon le membre de l’inspection générale de la police (IGP) en charge de l’enquête, Roger H., Joseph B. et sa femme Gabrielle Z. avaient tout de suite avoué et coopéré. Joseph B., qui travaillait depuis longtemps à l’école de police, avait expliqué que le directeur de l’école de police Jacques K. – le quatrième prévenu – avait refusé de demander un arrêté ministériel pour sa femme, mais proposé un arrangement : que les heures de Gabrielle Z. soient rajoutées à celles de Roger H. L’enquêteur situe cette discussion en 2005.

«Je ne suis au courant de rien»

«Cela a été un véritable travail de Sisyphe. Mais en fin de compte l’affaire est claire», conclut l’enquêteur. Dans ses dépositions, l’ancien directeur de l’école de police Jacques K. et actuel directeur du budget et de l’équipement de la police avait contesté un tel arrangement : «Je ne suis au courant de rien. Et je n’ai jamais autorisé cela.» Or d’après l’IGP, lors de la perquisition, la secrétaire de l’école de police avait livré une note qu’elle avait inscrite dans son calepin : «(…) dit par K., car pas d’arrêté.» «La note dit tout», résume l’enquêteur.

À la barre, la secrétaire explique avoir rempli les déclarations des cours et heures prestées pour les différents instructeurs. «On m’avait dit ce que je devais faire. Et je l’ai fait», c’est-à-dire, «rajouter les heures prestées par Gabrielle Z., sur les déclarations de Roger H.» Cette instruction, elle l’aurait entendue la première fois dans le bureau de Joseph B. alors que ce dernier se trouvait au téléphone – haut-parleur allumé – avec le directeur de l’école de police. Par la suite, Joseph B. lui aurait une deuxième fois expliqué comment procéder.

Ce n’est pas la première fois que la 13e chambre correctionnelle s’empare de cette affaire. Il y a deux ans, le procès avait été suspendu à la suite d’une plainte déposée par Jacques K. pour faux témoignage contre la secrétaire. Entretemps la chambre du conseil de la Cour d’appel a rendu un non-lieu. Ce qui signifie que la procédure contre la secrétaire est close.

Mardi matin en début d’audience, Me Stéphane Decker, l’avocat à la défense de Jacques K., a de nouveau tenté d’écarter le témoin des débats. Or le tribunal a décidé de joindre l’incident au fond.

Le procès se poursuit ce mercredi après-midi avec l’audition des prévenus.

Fabienne Armborst

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