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Deux gynécologues au tribunal


Le premier médecin affirme avoir fait quotidiennement l'objet de propos calomnieux de la part de son ex-associé. (Illustration : Julien Garroy)

À partir de janvier 2013, les deux gynécologues avaient travaillé dans le même cabinet. En septembre 2013, les deux associés s’étaient séparés. L’un reproche à l’autre d’avoir lancé des allégations mensongères à son encontre. Il réclame 15 000 euros pour le préjudice moral.

« Ce médecin s’en est pris de manière méchante envers son ancien jeune associé. Il a dépassé ce qui est permis. » Voilà le constat de Me François Prum, lundi matin. «Il s’est lancé dans une véritable campagne de dénigrement à son encontre», enchaîne l’avocat de la partie requérante. Cette dernière réclame aujourd’hui 15 000 euros pour le dommage moral et une indemnité de procédure de 3 000 euros.

Retour sur le différend qui oppose les deux spécialistes : le gynécologue, à l’origine de cette citation directe, estime que son ancien associé a lancé toute une série d’allégations mensongères à son encontre après leur séparation en septembre 2013. Ainsi lui reproche-t-il d’avoir tenu en octobre 2014 les propos suivants dans une chambre d’hôpital à une patiente : «C’est un très mauvais médecin. Il a déjà tué de nombreux bébés.» À une autre patiente, son assistante aurait dit qu’il avait été expulsé de son cabinet après avoir commis plusieurs erreurs médicales.

«Il lui cause un préjudice. Les patientes hésitent à revenir le voir à la suite de ces descriptions, insiste Me Merz, l’autre avocat de la partie requérante. Il ne fait aucun doute qu’il a commis l’infraction de calomnie, sinon de diffamation.» Un témoin est venu confirmer ces allégations devant les juges : «Il m’a dit que c’est un mauvais médecin.»

La partie adverse avait également convoqué quatre témoins pour l’audience lundi matin. Les quatre femmes ont toutes travaillé pour le docteur visé par la citation directe. «Lors de leur association en 2013, je n’ai pas constaté de problèmes, constate la première. Je sais juste qu’il a commis deux fautes médicales graves. Ce serait la raison pour laquelle ils n’ont ensuite plus travaillé ensemble. Dans un cas, il y aurait eu un problème lors de l’accouchement, car l’associé faisait sa sieste. Dans l’autre, il n’a pas vu quelque chose sur une échographie.» Le quatrième témoin qui s’est décrit comme le bras droit du médecin, quant à lui, affirme avoir vu en 2013 l’associé consommer de la cocaïne : «Je comprends pourquoi au cabinet il avait un comportement si bizarre», note-elle.

«Deux nourrissons sont morts»

«Il ne supporte pas la fin de l’association. Par tous les moyens, il essaie de nuire à la réputation de mon client», a considéré Me Céline Mertes au cours de sa plaidoirie. L’avocate de la partie citée relève que la partie adverse n’a pas eu gain de cause au civil. Quant à la procédure entamée devant le collège médical, elle serait branlante. «Il ne lui reste donc plus que le plan pénal.»

Selon Me Mertes, ce sont les fautes médicales et la cocaïne qui ont mené à la rupture de l’association. «Il n’y a pas eu de diffamation, ni de calomnies ni injures», insiste-t-elle. Voilà pourquoi elle demande l’acquittement et une indemnité de procédure de 2 500 euros.

En fin d’audience, le cité direct a pris la parole. «Il s’est avéré que les six premiers mois de notre association, il y a eu toute une série de problèmes avec mon associé. À cause de ses erreurs, deux nourrissons sont morts. Une patiente a passé dix jours dans le coma artificiel», a-t-il rapporté avant de faire allusion à un éventuel problème de consommation de drogues. «Ce sont des comportements qui ne sont pas compatibles pour travailler dans mon cabinet.» Il explique encore avoir voulu proposer une médiation à son ex-associé. Or, ce dernier aurait refusé. Il estime que son ex-associé mène un «combat pour [lui] nuire». «C’est un vrai calvaire pour moi», conclut-il.

Le parquet se rapporte à la prudence du tribunal correctionnel. Le 6 avril, ce dernier rendra son jugement.

Fabienne Armborst

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