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Des Portugais escroqués via les petites annonces


Le prévenu proposait d'effectuer toutes sortes de travaux, mais une fois que les clients payaient un acompte, ces derniers n'en voyaient plus la couleur. (illustration Hervé Montaigu)

Le parquet reproche au prévenu d’origine portugaise d’avoir dupé six victimes entre fin 2010 et mars 2012. Après avoir reçu leur acompte, il s’était éclipsé.

« Vous voulez travailler pour votre compte et vous ne savez pas par où commencer ? (…) Nous avons tous les types d’autorisation. » Ce n’est qu’une des douze annonces que le quadragénaire avait fait publier entre 2008 et 2011 dans l’hebdomadaire Contacto. À côté de ces annonces dans lesquelles il présentait ses services pour s’occuper de tous les documents utiles à une autorisation d’établissement, il proposait l’installation de cuisines avec du marbre du Portugal. «Vend et applique tout type de granit.»

Les faits pour lesquels le prévenu de 44 ans comparaissait, mercredi, devant le tribunal correctionnel concernent six victimes d’origine portugaise. Toutes ont été, à un moment ou un autre, escroquées. Toujours d’après le même modus operandi. Une fois qu’elles avaient versé leur acompte, elles n’entendaient plus jamais quelque chose de sa part.

«Dans Contacto, nous avons lu son annonce concernant l’autorisation d’établissement», a ainsi témoigné une femme dont le mari projetait d’ouvrir une société de toiture au Luxembourg. «Il a dit qu’il travaillait pour une organisation portugaise : l’association nationale des petites et moyennes entreprises établie à Porto. On lui a fait confiance.» Ce ne sont pas les seuls à s’être fait escroquer. Un autre couple n’a jamais revu les 2 200 euros d’acompte qu’il avait versés pour l’installation de sa nouvelle cuisine qui devait coûter 5 000 euros.

C’est une longue histoire que le tribunal a dû entendre, mercredi, de la part du prévenu. Le quadragénaire, qui s’est présenté sans avocat, a tenté de persuader les juges qu’il versait l’argent pour les autorisations à une connaissance à Porto qui devait lui fournir les documents. Mais au final il n’avait jamais reçu de retour.

Par ailleurs, le prévenu a tenté de faire croire aux magistrats que la femme qui lui avait versé 2 000 euros d’acompte pour les travaux de façade et de toiture ne lui avait jamais réclamé l’argent. «C’est du n’importe quoi», l’a repris le président de la 12e chambre correctionnelle en donnant lecture des dépositions du témoin à la police : «Le 24 septembre 2010, je lui fais un virement de 2 000 euros. Après avoir payé cet acompte, je n’ai plus reçu de nouvelles de sa part.» Ses coups de fil réguliers n’avaient pas changé grand-chose : «Il avait toujours des excuses. Un jour, un membre de sa famille était mort, un autre jour il était au Portugal…» Finalement, elle était tombée sur son portable éteint.

«Il donne la faute à un ami imaginaire»

Un fait qui a été confirmé par l’enquête. Cette dernière a établi que plusieurs fois il avait changé de numéro. «C’est le ministère des Classes moyennes qui nous a informés en septembre 2009 d’une annonce dans Contacto», a expliqué l’enquêteur de la police judiciaire en charge du dossier mercredi. Lors de la perquisition du domicile du quadragénaire, les agents étaient tombés sur des «extraits de comptes bancaires retraçant divers virements suspects». Les sommes escroquées s’élevant à plus de 10 000 euros au total.

Les escroqueries ne sont pas la seule infraction reprochée au prévenu. Entre 2007 et fin 2009, il a travaillé au noir sans autorisation, en tant que tailleur de pierre et marbrier. Durant cette période, il a encaissé 15 396 euros. Son explication hier à la barre : «Tous les Portugais au Luxembourg font des bricoles et travaillent au noir.»

«Il n’est pas très concerné par cette affaire. Il donne la faute à son ami imaginaire qui n’a pas pu être identifié», a conclu le premier substitut Gabriel Seixas dans son réquisitoire en soulevant que le prévenu n’a pas été coopératif avec les autorités. C’est à la suite d’un mandat d’arrêt européen qu’il avait été extradé au Grand-Duché en novembre 2014. Le parquet a requis 24 mois de prison ainsi qu’une amende à l’encontre du prévenu.

Prononcé le 14 juillet.

Fabienne Armborst

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