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Conduite dangereuse : deux récidivistes devant le tribunal


L’année judiciaire touche à sa fin et les dernières affaires sont évacuées.

Éric a pris le volant alors qu’il n’y était pas autorisé et Guy a causé un accident en état d’ivresse. Tous les deux sont en état de récidive et prennent désormais le train.

Je travaillais à 200 %, j’ai négligé la partie privée de ma vie», explique Éric. Ce gérant et administrateur délégué d’une entreprise du secteur alimentaire a conduit sa voiture de société alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de conduire et d’une suspension administrative de son permis de conduire. «Tout à coup, vous vous êtes remis à conduire!», lance le président de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Le Français de 57 ans ne nie pas les faits et tente de se justifier : il pensait que son interdiction de conduire était arrivée à son terme.

«La prochaine fois, ça risque de prendre la direction de la prison», prévient le juge. «Les interdictions de conduire se sont accumulées au fil du temps.» Et ce ne serait pas la première fois qu’il est pris au volant d’une voiture alors qu’il est sous le coup d’une interdiction de conduire. Éric reconnaît avoir pris la voiture de société pour se rendre chez un client au nord du Luxembourg qu’il rencontrait «tous les trois mois». Depuis, «je me suis arrangé. Je prends le train et le taxi. Ma secrétaire me véhiculait», indique Éric. «Les trains surbondés vous redonneront goût à la voiture», titille le président.

Éric avait déjà été condamné pour avoir conduit malgré une interdiction. Le procureur a requis une peine de 36 mois de prison et une amende appropriée à son encontre et s’est opposé à un sursis intégral. Il a également requis une amende appropriée contre la société, ainsi que la confiscation du véhicule. Son avocat a plaidé en faveur d’un sursis intégral ou d’un sursis partiel avec une exemption pour les trajets professionnels, ainsi que la mainlevée de la saisie du véhicule. Son client se serait inscrit à un stage de conduite pour récupérer ses points de permis de conduire. Son avocat lance : «Si à 57 ans il ne comprend pas, il ne comprendra jamais.»

«Un danger pour lui et la société»

L’année judiciaire arrive à son terme à la fin de la semaine. Les dernières affaires sont traitées, dont de nombreuses affaires de circulation. Comme celle de Guy. Ce Luxembourgeois de 43 ans a causé un accident de la circulation avec 3,2 g d’alcool par litre de sang. «J’essayais d’écrire un SMS à un ami pour qu’il aille récupérer mon fils à la crèche parce que j’avais trop bu», explique-t-il à la barre. Il n’a pas vu que la voiture devant lui freinait. À son bord, un père qui venait de récupérer son fils à la crèche. «Les témoins de l’accident m’ont dit qu’il sentait l’alcool», se souvient le père de famille. Un peu comme hier après-midi. L’odeur dégagée par le prévenu et sa manière de parler prêtent au doute.

«Vous ne pouviez pas écrire le SMS avant de prendre le volant?», le questionne le président. «Je suis un peu bête pour ces choses-là!», répond le prévenu en gesticulant et en s’emmêlant les pinceaux. D’abord, il dit qu’il rentrait du travail puis il indique avoir été boire «deux demi-litres» à une fête foraine. «C’était de la vodka concentrée?», lance le président. «De la bière», précise Guy en se penchant sur la barre. «Il faisait chaud ce jour-là!», commente le juge.

Le procureur a estimé que Guy était un danger pour la circulation et qu’il pouvait s’estimer heureux de ne pas avoir fait de blessé. Le prévenu avait déjà été condamné une première fois en 2019 pour conduite en état d’ivresse. Son taux d’alcoolémie était encore plus important à l’époque. Il avait écopé de 36 mois d’interdiction de conduire dont 18 mois avec sursis qui risquent de tomber en cas de nouvelle condamnation. Le représentant du parquet a requis une peine de 6 mois de prison avec sursis, 5 ans d’interdiction de conduire, la confiscation du véhicule et une amende appropriée.

Son avocate demande la clémence du tribunal. Elle indique qu’il suit un programme pour régler son problème d’alcool et a des problèmes personnels et familiaux qui l’empêchent d’avancer. Elle prie le tribunal de ne pas prononcer de peine de prison à son encontre et de lui permettre de pouvoir conserver son permis de conduire pour les trajets professionnels. Elle annonce qu’elle introduira un recours en grâce au cas où Guy venait à être condamné.

«Les problèmes personnels ne sont pas une excuse pour mettre les autres en danger», estime le magistrat. «Le prévenu est un danger pour lui et pour la société, mais il a prouvé aujourd’hui qu’il n’en est pas conscient.»

Les deux automobilistes seront fixés sur leur sort jeudi.

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