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Braquage de G4S : des alibis tardifs


Très encadré, le procès se poursuit ce mardi après-midi avec l'audition des deux derniers prévenus. (photo François Aussems)

Le procès de l’attaque à main armée contre le siège du transporteur de fonds G4S a entamé, lundi après-midi, sa deuxième semaine. C’est seulement quatre mois après son arrestation que Cihan G. s’est rappelé avoir regardé, le soir du braquage, un match de Champions League.

Le 3 avril 2013 vers 3h40, une bande lourdement armée d’au moins six personnes attaquait G4S à Luxembourg-Gasperich. C’est tout un faisceau d’indices qui font qu’aujourd’hui Anouar B. (35 ans), Dogan S. (44 ans), Cihan G. (31 ans) et Simon S. (26 ans) se retrouvent sur le banc des prévenus. L’arrestation des trois derniers nommés date du 25 février 2014, après un mandat d’arrêt européen.

« L’ADN est la confirmation de l’enquête », a tenu à souligner l’un des enquêteurs, en début d’audience, lundi. Pour rappel, la semaine passée, les résultats des expertises ADN avaient dominé un certain temps les débats. Les avocats à la défense n’avaient pas manqué de questionner en long, en large et en travers les experts sur l’origine des traces ADN relevées sur les lieux du crime.

La cinquième journée du procès, lundi, a été l’occasion pour les enquêteurs luxembourgeois de récapituler les différents indices (dont les traces ADN) incriminant les prévenus Dogan S. et Cihan G. Tout en abordant leurs antécédents judiciaires, ils ont mis l’accent sur l’enchaînement de leurs dépositions. Une chose est claire pour les enquêteurs : « Leurs alibis sont arrivés au fil du temps. »

D’après ce qui ressort de l’enquête, Dogan S. figure dans les fichiers policiers belges depuis 1989. En 1993, il effectue son service militaire. « Il dit ne jamais avoir eu affaire à des explosifs et grenades », note l’enquêteur. Dans les années 90, il a été condamné pour trafic de stupéfiants et, des années plus tard, pour avoir kidnappé un gérant de banque et sa famille afin de le forcer à ouvrir le coffre-fort.

«Il est possible que j’aie touché les bidons»

En ce qui concerne le dossier du braquage de G4S, les traces ADN de Dogan S. ont notamment été retrouvées sur un des bouchons des bidons d’essence déposés à Garnich. Alors qu’à l’époque de son arrestation, il prétend ne jamais avoir vu ces bidons, lors de son extradition, le 1 er avril 2014 au Luxembourg, il émettra une hypothèse : «Je ne comprends pas. Il est possible que j’aie touché les bidons quand j’ai travaillé au noir. » Devant le juge d’instruction, il précisera enfin : « Les auteurs ont peut-être récupéré un de ces bidons. »

Sur les bouchons des deux bidons retrouvés à Garnich ont été relevées les traces ADN de Dogan S. et Cihan G. (photo police grand-ducale)

Sur les bouchons des deux bidons retrouvés à Garnich ont été relevées les traces ADN de Dogan S. et Cihan G. (photo police grand-ducale)

Toujours d’après l’enquêteur, c’est seulement au Luxembourg que Dogan S. demande aux enquêteurs de vérifier son alibi. Il prétend avoir travaillé le 3 avril 2013 entre 6 et 14 h. Se rendant au travail à vélo, il aurait dû ainsi quitter son domicile à 5 h. Or l’enquête révèle que le 3 avril, Dogan S. n’a pas travaillé. La veille, il aurait demandé sa journée de congé.

À la différence de Dogan S., Cihan G. n’a pas effectué de service militaire. Parmi ses antécédents judiciaires figurent des braquages de banque et des attaques contre fourgons. Lors de son arrestation, Cihan G. a également été interrogé sur ses traces ADN relevées sur un des bidons d’essence. « C’est n’importe quoi. C’est impossible que ce soit mon profil ADN. » Après son extradition au Grand-Duché début avril 2014, il parlera toujours d’incompréhension. C’est face au juge d’instruction qu’il expliquera notamment qu’il y avait 70 bidons dans le stock de sa société de déménagement et qu’il ne pouvait pas contrôler par quelles mains étaient passés ces bidons.

Les enquêteurs n’ont pas manqué de lui poser la question de son emploi du temps pour le 3 avril 2013. « Je ne saurais pas vous dire ce que j’ai fait il y a presqu’un an. » Telle était sa réponse à l’époque de son arrestation, à Liège. D’après l’enquêteur, c’est seulement après avoir passé quatre mois en prison qu’il s’est rappelé avoir regardé, le soir du 2 avril 2013, dans un café en Belgique, le match de Champions League : Barcelone contre le Paris Saint-Germain. Il précise que le 2-2 est tombé à la 94 e minute, lors des arrêts de jeu. « Cinq témoins peuvent confirmer son alibi », a noté, lundi, l’enquêteur, relatant toutefois un certain nombre de contradictions au niveau de certains détails.

« Le jour de son extradition au Luxembourg, Cihan G. portait un jogging de Barcelone. En attendant son avocat, on a parlé de football », a, par ailleurs, remarqué l’enquêteur hier. Il a rappelé que la discussion avait également porté sur la photo du stade Santiago-Bernabeu de Madrid accrochée dans son bureau. « À ce moment-là, il ne pense pas à son alibi et au match de foot », a soulevé l’enquêteur.

Le procès se poursuit ce mardi après-midi. Les enquêteurs s’intéresseront alors aux deux derniers prévenus, Anouar B. et Simon S.

Fabienne Armborst

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