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Bébé secoué à Kayl : quatre ans ferme requis en appel contre le père


Le nourrisson, victime du syndrome du bébé secoué, était resté hospitalisé à la Kannerklinik pendant près d'un mois (illustration AFP)

Il n’a jamais voulu lui faire de mal. C’est la panique et l’inexpérience qui expliquent son acte. En proie à une grande peur, il a secoué son fils de cinq semaines. Telle est la version du prévenu de 40 ans. Or pour le parquet général, toutes les blessures constatées ont été causées de manière volontaire et avec une brutalité non négligeable. Au moyen d’un ours en peluche, sa représentante a reproduit les gestes, lundi après-midi.

«Je l’ai secoué, oui. Mais c’était par panique», avait affirmé le père à la barre de la 13e chambre criminelle au printemps dernier. Condamné à quatre ans de réclusion ferme pour coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité de travail personnelle, il avait interjeté appel.

Lundi après-midi, devant la Cour d’appel, le quadragénaire, actuellement suivi par un psychiatre, a exprimé ses regrets. Il n’aurait pas volontairement fait mal à son fils qu’il aime. «Je n’ai pas contrôlé ma force», dit-il.

Les faits reprochés au prévenu remontent au 27 avril 2014. Ce dimanche après-midi, à leur domicile de Kayl, il s’était proposé de changer la couche de son fils de cinq semaines en pleurs. Ce n’était pas dans ses habitudes, comme en semaine il habitait sur son lieu de travail. La mère, qui se reposait alors sur le canapé, n’était toutefois pas restée longtemps dans le salon. Elle avait entendu un bruit sourd. Après un silence total, le nourrisson s’était remis à pleurer de plus belle. Elle avait accouru dans la chambre et découvert son fils qui saignait de la bouche.

Le nourrisson, victime du syndrome du bébé secoué, était resté hospitalisé à la Kannerklinik pendant près d’un mois, dont une semaine en soins intensifs. Il était non seulement couvert d’hématomes, mais souffrait également d’hématomes sous-duraux, d’anomalies neurologiques et d’une rupture du frein labial supérieur.

«Je ne veux pas dédouaner mon client. Je suis convaincue que nous avons affaire à un bébé secoué qui résulte d’un comportement brutal et inapproprié.» Dans sa plaidoirie lundi après-midi, Me Katia Aïdara a insisté sur la maladresse et l’ignorance de son client : «Vous avez vu sa forte corpulence. Face au nourrisson, on est dans une disproportion.»

L’avocate plaide l’acquittement. Même si ce n’est pas un enfant de chœur – il a un passé de bagarreur –, cela ne doit pas faire de lui un monstre, estime-t-elle. Elle argue : «Il n’est nullement établi qu’il voulait infliger des blessures à son enfant. Ce n’est pas un père fouettard.»

«La peine de quatre ans ferme est adaptée»

La représentante du parquet général ne partage pas cette position : «Pour moi, toutes les blessures constatées ont été causées de manière volontaire et avec une brutalité non négligeable. Ce n’est pas le fruit d’une maladresse ou d’une non-expérience, a-t-elle martelé. Le père ne supportait pas les pleurs répétés du nourrisson.»

Dans son réquisitoire, la représentante du parquet général a relevé l’inconsistance des déclarations du prévenu. Pour reproduire les différents gestes, elle avait apporté un ours en peluche. «Le léger balancement décrit par monsieur ne peut expliquer les blessures. S’il avait tenu le nourrisson comme il l’a décrit – il a toujours dit avoir mis la main derrière sa nuque –, la tête n’aurait pas pu se balancer.»

«La peine prononcée par les premiers juges – quatre ans ferme – est tout à fait légale et adaptée à la gravité des faits et aux circonstances atténuantes que j’ai pu entrevoir dans ce dossier», conclut-elle. Vu son casier judiciaire, un sursis serait à exclure. «L’agressivité de monsieur s’étire comme un fil rouge. Il a déjà huit condamnations pénales, dont cinq pour coups et blessures volontaires.»

Depuis les faits, le couple est séparé. La mère avait récupéré son fils à la sortie de l’hôpital sous la condition d’éviter tout contact avec le père. Ce dernier a été condamné en première instance à leur verser un total de près de 32 000 euros de dommages et intérêts.

La Cour d’appel rendra son arrêt le 28 mars.

Fabienne Armborst

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