Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le journal allemand Süddeutsche Zeitung et deux chaînes de télévision ont décortiqué les 22 000 fiches de jihadistes volées par un repenti en Syrie. Seize Français y figurent, dont la totalité du commando du Bataclan.
Les trois assaillants français du Bataclan dans les listes de Daech. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung et les chaînes de télévision publiques NDR et WDR, Samy Amimour, Foued Mohammed Aggad et Omar Mostefaï, responsables de la mort de 90 personnes dans cette salle de spectacles parisienne, figurent dans les documents révélés jeudi.
« Abaaoud, simple garant »
Le nom d’Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l’un des principaux organisateurs des attaques ayant fait 130 morts au total, apparaît aussi sur ces documents, mais seulement en tant que « garant » pour l’entrée en Syrie d’un autre djihadiste français fiché, dont l’identité n’est pas précisée.
Au total, les médias mentionnent les fiches de 16 djihadistes français, dont les trois membres du commando du Bataclan. Foued Mohammed Aggad est pour sa part allé en Syrie rejoindre les rangs de l’EI au sein d’un « important groupe de djihadistes français » entré le 18 décembre 2013 dans ce pays, selon les fiches de l’organisation État islamique.
« Tous voulaient devenir des combattants »
Ce jour-là, au moins 14 hommes et leurs familles ont traversé la frontière turco-syrienne avec le même passeur et avec la caution d’un djihadiste d’origine marocaine, écrivent les médias allemands.
« Tous voulaient devenir des combattants de l’État islamique », poursuivent-ils, précisant que Foued Mohammed Aggad figurait dans ce groupe.
Les documents de Daech ayant fuité sont en possession de plusieurs médias et des autorités de certains pays occidentaux. Le gouvernement allemand en a confirmé l’authenticité pour ce qui relève de membres allemands de Daech dont les noms apparaissent dans les fiches.
Des formulaires très détaillés
Ces documents se présentent sous la forme de formulaires révélant noms, adresses, autres informations personnelles et numéros de téléphone de candidats occidentaux au djihad.
Ainsi, les formulaires, qui datent de 2013 et 2014, donnent des précisions sur leur groupe sanguin, le nom de jeune fille de leur mère, leur niveau de compréhension de la charia, la loi islamique, et le nom de la personne à contacter en cas de décès, selon les médias allemands.
Les candidats au djihad pouvaient alors également préciser dans quel secteur précis ils souhaitaient rejoindre Daech : combat classique, attentats-suicides, renseignements ou administration, indiquent la Süddeutsche Zeitung et les chaînes WDR et NDR.
La bureaucratie de Daech
En début de semaine, ces trois médias ont d’abord dit être en possession de plusieurs dizaines de fiches de membres allemands de Daech, révélant le fonctionnement « bureaucratique » de l’organisation.
La chaîne de télévision britannique Sky News a quant à elle affirmé jeudi disposer de documents révélant 22 000 noms, qu’elle a remis aux autorités britanniques.
Selon les trois médias allemands, qui ont également obtenu l’intégralité des 22 000 fiches, les documents contiennent toutefois « de multiples doublons » et le nombre de personnes effectivement enregistrées est « considérablement moins élevé », sans doute « quelques milliers » de personnes, originaires des États-Unis, d’Europe, d’Indonésie, de Russie ou encore d’Afrique du Sud.
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