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Révélations, arrestations, enquêtes : le pape peut-il encore réussir ?


Le pape François lors de l'audience générale au Vatican le 4 novembre 2015. (Photo : AFP)

Après une semaine folle au Vatican, entre arrestations de «corbeaux» et révélations sur les frasques financières de cardinaux, ayant surtout mis au jour de profondes résistances aux réformes, le pape peut-il encore réussir à changer l’Eglise ?

La question est directement posée par l’auteur d’un des deux livres parus jeudi, révélant les gabegies financières de certains prélats et la gestion désordonnée des finances du Saint-Siège. «François démissionnera-t-il, lui aussi ?», s’interroge Gianluigi Nuzzi dans l’épilogue de son livre «Chemin de croix».

Le prédécesseur de François, Benoît XVI avait démissionné en février 2013, découragé, selon de nombreux vaticanistes, par l’ampleur du travail encore à accomplir et affaibli par le scandale Vatileaks, après des fuites concernant sa correspondance privée.

Le nouveau scandale qui a éclaté cette semaine a rapidement été baptisé Vatileaks 2 dans la presse italienne. Il est pourtant de nature bien différente.

Il ne concerne pas directement le pape, même s’il est à l’origine de la nomination des deux personnes arrêtées ce week-end au Vatican, le prélat espagnol Lucio Angel Vallejo Balda et la laïque italienne Francesca Immacolata Chaouqui.

De même, les révélations contenues dans ces livres sont le produit de l’important travail de transparence lancé précisément par le pontife argentin.

«Les deux livres présentent en fait les résultats de la plus minutieuse enquête sur les comptes du Vatican jamais conduite. Et c’est le Vatican qui l’a réalisée», rappelle ainsi le vaticaniste Andrea Tornielli sur le site Vatican insider.

Et «révéler des secrets ne peut que servir celui qui veut la transparence, l’objectif numéro un du pape», a fait valoir M. Nuzzi mercredi devant la presse.

Les réformes vont de l’avant

Il n’est en tout pas question pour le pape, même s’il s’est montré «amer» cette semaine selon des proches, de renoncer. Les réformes vont de l’avant sur la voie de la «bonne administration, de la justice et de la transparence», a assuré mercredi le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.

«C’est évidemment la volonté du pape François et il ne manque certainement pas au Vatican de personnes prêtes à collaborer en toute loyauté et avec toutes leurs forces», a-t-il ajouté.

Les forces de résistance sont pourtant bien à l’oeuvre, comme l’a prouvé fin octobre «l’information», aussitôt démentie, d’une tumeur au cerveau du pape, en plein synode sur la famille où progressistes et conservateurs se sont durement affrontés.

«Une tentative claire d’intimidation», selon M. Nuzzi.

L’inertie de la Curie, le gouvernement du Vatican, dont certains membres sont particulièrement rétifs au changement, ne condamne pas forcément le pape à l’échec, font également valoir certains vaticanistes.

Le pape n’est «pas du tout déstabilisé, il a au Vatican ses partisans, très contents de sortir de l’immobilisme», fait valoir l’un d’entre eux ayant requis l’anonymat. «Mais il fait face à de fortes résistances de la vieille garde et la réforme des structures qu’il voulait réaliser est beaucoup plus lente et difficile que prévu», précise-t-il.

«Les tentatives visant à revenir en arrière sont à mon avis destinées à échouer», renchérit Iacopo Scaramuzzi, vaticaniste auprès de l’agence italienne Askanews. Vatileaks avait frappé un Benoît XVI déjà très affaibli, en particulier par le retentissement toujours plus fort des scandales de pédophilie.

Mais cette fois, «ils s’en prennent à un pape à son meilleur moment, à un mois de son retour triomphal de Cuba et des Etats-Unis, (…) et à quelques mois de la publication de sa première encyclique sur l’environnement», juge Elisabetta Piqué, vaticaniste argentine et amie de Jorge Bergoglio.

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est «la réaction à une opération de réforme que le pape François a lancée, avec le soutien de cardinaux venant du monde entier, et déjà largement réalisée», assure M. Scaramuzzi.

AFP/M.R.

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