La présidente brésilienne Dilma Rousseff a une nouvelle fois crié au « coup d’État », mené en faveur d’un « gouvernement usurpateur », lundi au Sénat où elle se défendait lundi personnellement à son procès en destitution pour maquillages présumé des comptes publics.
La présidente avait la parole durant 30 minutes et devait ensuite décider si elle acceptait ou non les questions des parlementaires. Ceci avant de longs débats et le vote final, attendu mardi ou mercredi.
« Je n’ai commis aucun crime de responsabilité, je n’ai pas commis les crimes pour lesquels je suis jugée injustement », a affirmé la dirigeante de gauche, suspendue de ses fonctions depuis le 12 mai. Dilma Rousseff s’est dite victime d’un « coup d’État contre la Constitution » pour porter au pouvoir un « gouvernement usurpateur » au mépris des 54 millions de Brésiliens qui l’ont réélue en 2014.
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Même si tous les pronostics sont contre elle, l’ex-guérillera de 68 ans, emprisonnée et torturée sous la dictature militaire (1964-1985), s’est rendue à ce rendez-vous historique « décidée, préparée pour la bataille ». Un oui des deux tiers des sénateurs – 54 sur 81 – est requis pour prononcer la destitution, qui serait une première dans l’histoire du Brésil. Si Dilma Rousseff est écartée du pouvoir, elle ne pourra plus occuper de fonctions publiques pendant huit ans. Si elle est innocentée, cette économiste dont la popularité stagne à 13% retrouvera son mandat.
Depuis des mois, celle qui avait été la première femme élue à la tête du Brésil en 2010 clame son innocence et crie au putsch institutionnel ourdi par le principal bénéficiaire de la manœuvre : son ancien vice-président devenu rival, Michel Temer (PMDB, centre droit), 75 ans. Il assure l’intérim depuis sa suspension par un vote de plus des deux tiers des sénateurs et gardera les manettes jusqu’aux élections présidentielle et législatives fin 2018 si la destitution est votée.