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Procès de Boston : témoignages bouleversants, la défense monte au créneau


L'entrée du tribunal John Joseph Moakley à Boston le 21 avril 2015 (Photo : AFP)

Les proches d’un policier et d’une étudiante tués après et pendant les attentats de Boston, ont fait pleurer mercredi les jurés du procès Tsarnaev, alors que la défense tentait de dédramatiser une nouvelle vidéo de l’accusé de 21 ans, qui risque la peine de mort.

Sean Collier, 27 ans, policier sur le campus du Massachusetts Institute of Technology (MIT), avait été tué dans sa voiture trois jours après les attentats du 15 avril 2013, par les frères Tsarnaev en fuite, qui avaient en vain essayé de lui voler son arme. «Ces deux dernières années ont été terribles», a raconté son beau-père Joe Rogers, 58 ans, ajoutant que la famille recomposée, qui compte six enfants adultes, ne s’en était pas remise. Une femme jurée s’est mise à pleurer quand il a raconté le coup de téléphone annonçant la mort du jeune policier, puis la course vers l’hôpital. «Tous les enfants sont venus.» Dans une pièce, reposait le corps ensanglanté. «Il avait un trou au milieu de la tête, il avait été mis en pièces», a raconté Joe Rogers.

Djokhar Tsarnaev, en blazer marron et chemise blanche, ne lui a pas lancé un regard, imperturbable comme depuis le début du procès, regardant le sol ou droit devant lui. «Noël et Thanksgiving ne seront plus jamais les mêmes», a ajouté Joe Roberts, les yeux embués.

Photos insoutenables

«C’est une perte énorme», a aussi déclaré Andrew Collier, 27 ans, le jeune frère du policier, en racontant la générosité de son aîné, son sens du devoir, le fait qu’il avait toujours voulu devenir policier. «C’était une boussole morale». Les procureurs ont ajouté à l’émotion en montrant des photos de Sean et Andrew enfants, de Sean en famille…

Jinyan Zhao, une tante de Lingzi Lu, étudiante chinoise de 23 ans tuée dans les attentats du marathon, a décrit une nièce studieuse et pleine de vie, arrivée pour étudier en 2012. Elle a confié avoir gardé tous ses messages téléphoniques. Jinyan Zhao a aussi raconté comment la mère de Lingzi avait pris la main de sa fille unique, en robe rose dans son cercueil, avant son enterrement à Boston, et lui avait dit «je ne veux pas croire que c’est sa main».

Cette deuxième partie du procès, entamée mardi, doit permettre aux jurés de fixer la peine de Tsarnaev, jeune musulman d’origine tchétchène qui avait obtenu la citoyenneté américaine en 2012. Exécution ou réclusion à perpétuité sont les seules possilités. Les jurés l’avaient reconnu coupable le 8 avril des 30 chefs d’accusation retenus contre lui. Ils devront être unanimes pour imposer la peine de mort.

Mardi, les procureurs avaient montré une photo de Tsarnaev extraite d’une vidéo de caméra de surveillance, le montrant en tenue orange de prisonnier, faisant un doigt d’honneur alors qu’il attendait en cellule d’être inculpé en juillet 2013.

«C’est Djokhar Tsarnaev. Imperturbable, sans remords, et inchangé», avait asséné la procureure Nadine Pellegrini, le décrivant comme le «pire cauchemar de l’Amérique». Mais la défense a obtenu mercredi de montrer pour la première fois des extraits de cette vidéo. On y voit Tsarnaev marcher dans la cellule, se rapprocher de la caméra, regarder ce qui selon son avocate était un reflet pour s’y recoiffer, faire, en l’espace d’une seconde, un V avec deux doigts et un doigt d’honneur avant de s’éloigner.

Il attendra quatre heures dans la cellule. Rien ne se passera d’autre, a reconnu à la barre Gary Oliveira, un policier fédéral. Pressé de questions par l’une des avocates de Tsarnaev, Miriam Conrad, il a reconnu qu’il avait écrit un rapport sur cet «incident» trois jours plus tard, à la demande d’un supérieur.

Fumée, cris, souffrance

Parmi les autres témoins, Eric Walley, 67 ans, a raconté ses multiples opérations, après avoir été grièvement blessé dans les attentats. Des photos parfois difficiles à regarder de ses blessures ont été montrées. Une danseuse de 34 ans, amputée au dessous d’un genou, Adrianne Haslet-Davis, a raconté, pleurant parfois de façon incontrôlable, la fumée, les cris, la souffrance. «Je croyais que j’allais mourir».

L’accusation pourrait en terminer jeudi. La défense lui succèdera lundi. Elle va plaider les circonstances atténuantes, affirmant que Djokhar Tsarnaev, était sous la coupe de son aîné, Tamerlan, 26 ans, auto-radicalisé. Tamerlan avait été tué peu après la mort de Sean Collier. Les attentats de Boston avaient fait trois morts et 264 blessés, dont 17 ont été amputés.

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