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Prêtre assassiné : cinq jours après, ce que l’on sait de l’enquête


Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, qui vivaient à 700 kilomètres de distance, ont fait connaissance seulement quelques jours avant leur passage à l'acte via la messagerie cryptée Telegram. (Photo : AFP)

Des tueurs entrés en contact via les réseaux sociaux, un cousin au courant d’un projet d’attentat imminent présenté à la justice et peut-être d’autres complicités: cinq jours après l’attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, l’enquête cherche à mettre en lumière les connexions complexes autour des deux jihadistes.

Deux tueurs dans l’ombre des réseaux sociaux

Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, qui vivaient à 700 kilomètres de distance, ont fait connaissance seulement quelques jours avant leur passage à l’acte via la messagerie cryptée Telegram.

Petitjean s’est ensuite rendu le 23 juillet à Saint-Etienne-du-Rouvray et son téléphone a « borné » dans la commune, notamment dans la zone du domicile de Kermiche, jusqu’au 26, jour de l’attaque. Qui les a mis en contact sur Telegram? Ont-ils reçu des ordres via cette application, l’un des moyens de communication préférés des jihadistes du groupe Etat islamique qui a revendiqué l’attentat?

Les enquêteurs continuent à analyser les messages envoyés par les tueurs. « Décrypter le protocole de chiffrement prend du temps et ce travail est d’autant plus complexe que Kermiche et Petitjean étaient en lien avec de nombreuses personnes sur ce réseau social », explique une source proche du dossier.

Les deux jeunes de 19 ans étaient des habitués de Telegram, qui revendique 100 millions d’utilisateurs dans le monde. Kermiche y a décrit par avance le mode opératoire de l’attaque du 26 juillet, mentionnant « un couteau » ainsi qu' »une église » et Petitjean y a posté courant juillet une vidéo où il prête allégeance à l’EI et fait état d’un projet d’action violente contre la France.

Ce film sera retrouvé, lors d’une perquisition menée deux jours avant la prise d’otages, dans le téléphone d’un certain Omar C., 19 ans, mis en examen et écroué dans une enquête distincte. C’est aussi à partir de cette vidéo que l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste avait diffusé le 22 juillet à plusieurs services de police et de gendarmerie la photo de Petitjean, avertissant que cet homme, dont l’identité était à l’époque inconnue, était suspecté de préparer un attentat.

Des complicités ?

Un cousin d’Abdel Malik Petitjean, Farid K., 30 ans, a été déféré dimanche en vue de sa mise en examen. L’homme, né à Nancy, « avait parfaitement connaissance, si ce n’est du lieu et du jour précis, de l’imminence d’un projet d’action violente de son cousin », selon le parquet de Paris qui a requis son placement en détention provisoire et ouvert une information judiciaire, confiée à des juges antiterroristes. « L’exploitation de son téléphone et de son ordinateur a révélé qu’il en savait bien plus que ce qu’il a voulu dire aux enquêteurs », selon la source proche du dossier.

En revanche, la garde à vue d’un réfugié syrien, interpellé jeudi dans l’Allier et dont la photocopie du passeport avait été retrouvée chez Adel Kermiche, a été levée. Plusieurs personnes, dont le nom est apparu dans d’autres enquêtes, intéressent à des degrés divers les investigations concernant Saint-Etienne-du-Rouvray.

Jean-Philippe J., un Français de 20 ans signalé pour radicalisation, a été interpellé. Il s’était rendu en Turquie le 10 juin avec Petitjean avant d’être refoulé dès le lendemain à cause de sa fiche « S ». Un mineur de 17 ans, qui avait cherché à partir en Syrie avec Adel Kermiche en 2015, a été arrêté, avant l’attentat du 26 juillet, à Genève lors d’une seconde tentative, et remis à la France où il a été mis en examen et écroué. Rien ne montre à ce stade qu’il ait une quelconque implication dans les faits.

Enfin, Adel Bouaoun, originaire comme Kermiche de Saint-Etienne-du-Rouvray, fut le compagnon de radicalisation de ce dernier. Parti en 2015, alors âgé de 26 ans, rejoindre les rangs de l’EI en Syrie, les enquêteurs se demandent s’il pourrait avoir une implication quelconque. La garde à vue de son frère, âgé de 16 ans, a été levée, pour autant, il n’en a pas fini avec la justice, des documents de propagande jihadiste ayant été retrouvés dans son téléphone et son ordinateur.

Le Quotidien/afp

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