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Polanski ne sera pas livré à la justice américaine


Roman Polanski. (Photo AFP)

La Pologne a définitivement refusé vendredi d’extrader vers les États-Unis le cinéaste franco-polonais Roman Polanski, poursuivi par la justice américaine qui l’accuse du viol d’une mineure commis il y a 38 ans.

C’est le parquet de Cracovie qui, en renonçant à son droit de faire appel de la décision du Tribunal régional de cette ville favorable à Polanski, a mis un terme aux procédures judiciaires qui le visaient, a rapporté l’un de ses avocats, Jerzy Stachowicz. « Sa situation légale, a ajouté le juriste, est similaire à celle dont il jouit en Suisse », qui avait repoussé en 2010 une demande d’extradition américaine. Autrement dit, il peut circuler tout à fait librement en Pologne, en Suisse et en France, sans craindre d’être à nouveau interpellé à la demande de la justice américaine qui le considère comme « fugitif ».

Le réalisateur de 82 ans, auteur de Chinatown, Le pianiste ou Le bal des vampires, devrait donc pouvoir se consacrer tranquillement à son prochain film sur l’Affaire Dreyfus, dont certaines scènes doivent être tournées en Pologne. Pour que toutes les formalités soient accomplies, il reste encore au ministre polonais de la Justice d’informer les autorités américaines.

Il devrait le faire sans joie particulière : le nouveau ministre conservateur Zbigniew Ziobro s’était dans le passé dit favorable à l’extradition du cinéaste. « On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d’avoir abusé d’une mineure », avait-il affirmé peu de temps avant d’entrer au gouvernement du parti conservateur catholique et populiste Droit et Justice de Jaroslaw Kaczynski. Interrogé à ce sujet, l’avocat de Polanski reste serein : « Si le ministre respecte les procédures et les règlements il n’y a pas à s’inquiéter ».

Le 30 octobre, le tribunal régional de Cracovie avait conclu à « l’irrecevabilité de la demande d’extradition aux États-Unis du citoyen polonais et français Roman Polanski », reçue en janvier dernier.

AFP/A.P

Affaire classée…

En 1977, en Californie, Roman Polanski, à l’époque âgé de 43 ans et déjà un cinéaste mondialement connu, avait été poursuivi pour avoir violé Samantha Geimer, âgée de 13 ans, lors d’une soirée arrosée.

Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure s’était enfui des États-Unis avant l’annonce du verdict, craignant d’être lourdement condamné, en dépit d’un accord passé avec la justice américaine.

La ligne de défense de ses avocats polonais consistait à démontrer que la demande d’extradition n’était pas fondée, compte tenu de cet arrangement. Aux termes de cet accord, accepté par le procureur et les avocats de la victime, selon eux, la peine prévue a été purgée par leur client. Un point de vue partagé par le tribunal de Cracovie. Le 25 février dernier, à la première audience, le cinéaste avait fourni des explications pendant neuf heures, à huis clos.

Samantha Geimer, qui avait publié un livre sur sa vie « à l’ombre de Polanski », a affirmé à plusieurs reprises lui avoir pardonné.

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