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Plus de 30 000 migrants bloqués en Grèce


Migrants et réfugiés sont regroupés à Idomeni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 5 mars 2016. (Photo : AFP)

Des dizaines de milliers de migrants demeurent bloqués en Grèce dans des conditions misérables en raison de restrictions imposées par plusieurs pays des Balkans, à la veille d’un important sommet entre l’UE et la Turquie visant à régler la crise migratoire.

Alors que les Européens tentent toujours de trouver une position commune pour le sommet de lundi, la chancelière allemande Angela Merkel a exhorté samedi la Grèce à rattraper son retard dans l’hébergement des réfugiés, tout en appelant à la «solidarité» européenne envers Athènes.

Au seul poste-frontière gréco-macédonien d’Idoméni, «il y a 13 000 personnes ici et près de 20.000 dans cette préfecture, soit plus de 60% de la population entière de migrants dans ce pays», et «nous ne pouvons plus supporter ce poids seuls», a déploré Apostolos Tzitzikostas, gouverneur de la préfecture grecque de Macédoine, à la télévision Skai, en supervisant la distribution de nourriture. «La Grèce devait avoir créé 50 000 places d’hébergement pour les réfugiés avant la fin 2015. Le retard doit être comblé au plus vite», déclare Mme Merkel dans une interview dimanche dans Bild, ajoutant que «l’Union européenne doit et va soutenir la Grèce de façon solidaire».

Le nombre de candidats à l’asile – surtout des Syriens, des Irakiens et des Afghans – bloqués dans toute la Grèce augmente depuis la fermeture de sa frontière par la Macédoine et les mesures restrictives prises par des pays des Balkans, jusqu’à l’Autriche.

Plus de 30 000 migrants sont bloqués dans le pays, où des ONG sont mobilisées pour les aider. Médecins sans Frontières (MSF) a commencé samedi à monter des tentes pour plus de 1.000 personnes supplémentaires, alors que de nombreux migrants dorment dehors, dans des champs humides ou des fossés. Ces derniers jours, des Syriens et des Irakiens ont manifesté devant la barrière de barbelés empêchant le passage en Macédoine, surveillée par la police antiémeutes.

Selon Hussam, un Syrien de 25 ans, les migrants attendent beaucoup du sommet UE-Turquie lundi à Bruxelles: «Nous restons calmes parce que nous espérons une issue favorable lundi et qu’ils nous aideront à passer. Si cela ne se produit pas, je ne sais pas ce qui va se passer».

«Cela fait 15 jours que je ne me suis pas lavé», souligne Almuthanna, mécanicien irakien de 35 ans bloqué avec sa famille. «L’un de mes fils est malade et il n’y a pas de médicaments. C’est aussi la guerre, mais on ne vous tue pas par balle, c’est plus lent». Au cours des deux dernières semaines, la Macédoine a entrouvert plusieurs fois sa frontière, ne laissant passer que 2.000 migrants, alors que 1.000 arrivent quotidiennement en Grèce depuis la Turquie. Environ 200 personnes ont franchi la frontière entre vendredi et samedi, mais les opérations sont retardées pendant des heures par la police macédonienne, qui conteste les documents remis aux réfugiés par la police grecque.

Bientôt 70 000 réfugiés en Grèce

La Grèce construit de nouvelles structures d’accueil des réfugiés, mais beaucoup préfèrent se rendre à la frontière dans l’espoir de poursuivre leur périple et y restent bloqués des semaines. Athènes a évalué auprès de l’UE ses besoins à 480 millions d’euros pour gérer l’accueil de 100 000 réfugiés. Selon l’ONU, le nombre de réfugiés bloqués en Grèce devrait atteindre les 70 000 dans les prochaines semaines. La Bulgarie, pour l’instant à l’écart du flux migratoire dans les Balkans, va déployer plus de 400 hommes à sa frontière grecque pour prévenir une possible hausse des arrivées, a annoncé le Premier ministre Boïko Borissov.

Par la voix de son chancelier Werner Faymann, l’Autriche, qui avait fixé en janvier des quotas d’accueil de demandeurs d’asile sur son territoire, a demandé à l’Allemagne d’en faire autant pour éviter de continuer à attirer des réfugiés. Lors du sommet lundi, l’UE voudrait obtenir de la Turquie des efforts pour enrayer le flot des migrants, tandis qu’Ankara espère en échange une accélération de sa procédure d’adhésion à l’Europe.

Mais la mise sous tutelle musclée du quotidien d’opposition Zaman vendredi par les autorités turques jette une ombre sur ce sommet. Le commissaire européen à l’élargissement, Johannes Hahn, s’est déclaré «extrêmement préoccupé» par cette affaire, qui met «en danger les progrès de la Turquie dans d’autres domaines».

Le Quotidien/AFP

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