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Philippines : des islamistes prennent des otages dans une école


Les jihadistes ont pris le contrôle de l'école, se servant de civils comme boucliers humains, a annoncé l'armée. (photo AFP)

Des islamistes ont occupé une école primaire et pris des otages mercredi dans le sud des Philippines, non loin d’une ville où de violents combats opposent depuis un mois les forces de l’archipel à des jihadistes ayant prêté allégeance à Daech.

Initialement, une centaine d’hommes armés avaient attaqué à l’aube un poste militaire mal défendu avant que la majorité d’entre eux ne se replient. Mais une trentaine d’entre eux ont ensuite pris le contrôle de l’école, se servant de civils comme boucliers humains, a annoncé l’armée. « Ils sont dans l’école et détiennent des civils. Ils s’en servent comme boucliers humains », a déclaré par téléphone le capitaine Arvin Encinas, porte-parole de la division militaire chargée du secteur. Les jihadistes ont placé des bombes artisanales autour de l’école, a déclaré le porte-parole, ajoutant ne pas connaître le nombre d’otages ni savoir si des enfants figuraient parmi eux.

Cette attaque est survenue à Pigkawayan, localité agricole située à 160 km de Marawi, ville de l’île de Mindanao en proie depuis un mois à un soulèvement de jihadistes se réclamant de l’EI. Le porte-parole de l’armée Restituto Padilla avait expliqué auparavant que les attaquants de Pigkawayan appartenaient aux Bangsamoro Islamic Freedom Fighters (Biff), faction dissidente du Front Moro islamique de libération (Milf). Le Milf est le principal groupe rebelle musulman des Philippines avec lequel le gouvernement a lancé des négociations de paix. Le Biff est l’un des quatre groupes armés actifs dans le sud des Philippines qui se revendiquent de Daech, selon des experts.

La police locale avait avancé que le Biff avait peut-être voulu faire diversion et desserrer l’étau sur les islamistes de Marawi. D’après Restituto Padilla, les islamistes ont attaqué le poste militaire au lever du jour, échangé des tirs avec les soldats avant de battre en retraite, tactique habituelle des combattants du Biff. « C’est déjà résolu. L’ennemi s’est replié, il a échoué », avait-il dit en fin de matinée, ajoutant que les militaires traquaient désormais les islamistes.

Le risque d’un califat dans le Sud-Est asiatique

Mais quelques heures après, le capitaine Encinas a fait état de la crise des otages dans l’école primaire, Restituto Padilla confirmant cette information à la télévision. Les deux militaires ont fait état d’affrontements sporadiques tout au long de la journée dans les environs du village, qui est entouré de marais, de montagnes et de terres agricoles. La maire de Pigkawayan Eliseo Garsesa a estimé que 200 islamistes avaient pris part à l’opération initiale.

Le sud à majorité musulman de l’archipel philippin, par ailleurs largement catholique, est le théâtre depuis plus de 40 ans d’une rébellion musulmane qui milite pour l’indépendance ou l’autonomie. Le conflit a fait plus de 120 000 morts. Si les principales organisations musulmanes ont engagé des négociations de paix, voire signé des accords, de plus petits mouvements comme le Biff ont continué le combat. Le président Rodrigo Duterte a décrété la loi martiale sur l’ensemble de Mindanao peu après le début le 23 mai de la mise à sac de Marawi, où les bannières noires de l’EI ont été brandies.

Les forces philippines, qui peuvent compter sur l’appui de forces américaines non-combattantes, notamment dans des tâches de surveillance aérienne, ne sont toujours pas parvenues à venir à bout de ces affrontements. Les combats ont fait des centaines de mort et Marawi est en grande partie détruite. Les jihadistes appartiennent vraisemblablement au groupe des frères Maute et à Abou Sayyaf, deux mouvements qui ont aussi prêté allégeance à Daech. L’armée affirme que des combattants étrangers venant notamment de Tchétchénie, d’Indonésie ou de Malaisie ont rejoint les rangs des islamistes. L’État islamique, qui perd du terrain en Irak et en Syrie, ambitionne de décréter un califat dans le Sud-Est asiatique.

Le Quotidien/AFP

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