Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas se sont longuement serré la main vendredi à l’occasion des funérailles de l’ancien président israélien Shimon Peres à Jérusalem, suscitant un vif débat parmi les Palestiniens.
La vidéo de la poignée de mains entre MM. Abbas et Netanyahu était largement partagée sur les réseaux sociaux, de nombreux Palestiniens condamnant le déplacement du président palestinien. Sous une tente installée pour accueillir les dirigeants étrangers venus assister à l’enterrement, MM. Abbas et Netanyahu ont échangé quelques mots.
« Je suis ravi de vous voir, cela faisait longtemps », a assuré M. Abbas en anglais au chef de gouvernement israélien, avant de saluer son épouse Sara Netanyahu, selon une vidéo diffusée par le porte-parole du Premier ministre. Les deux hommes ne s’étaient pas serré la main depuis le sommet sur le climat à Paris il y a près d’un an.
Et M. Abbas ne s’était pas rendu en visite officielle à Jérusalem depuis des années, le président palestinien devant bénéficier d’un accord spécial des Israéliens pour aller dans la Ville sainte. Aucun président arabe n’a fait le déplacement vendredi. L’Egypte, l’un des deux seuls pays arabes avec la Jordanie à avoir fait la paix avec Israël, a dépêché son ministre des Affaires étrangères. M. Abbas est venu accompagné du numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat.
« Trahison »
M. Erakat avait participé aux négociations des accords d’Oslo, pour lesquels M. Peres avait obtenu le prix Nobel de la paix, aux côtés du leader palestinien Yasser Arafat et du Premier ministre israélien de l’époque Yitzhak Rabin.
M. Abbas avait salué mercredi la mémoire d’un « partenaire pour la paix des braves ». Il a été vivement critiqué par le Hamas pour sa venue aux funérailles de M. Peres, un « criminel » pour le mouvement islamiste et la rue palestinienne. En participant à ces obsèques, il « trahit le sang palestinien versé » et il « encourage la normalisation » avec Israël, a dénoncé dans un communiqué le Hamas, qui dirige la bande de Gaza.
A Gaza, des dizaines de militants se sont rassemblés dans l’après-midi et ont brûlé des drapeaux israéliens, ainsi que des portraits de MM. Netanyahu et Peres et du président américain Barack Obama, dans l’enclave palestinienne sous blocus israélien. Sur les réseaux sociaux, un hashtag en arabe signifiant « présenter ses condoléances pour la mort de Peres est une trahison », était très largement utilisé sur Twitter.
Certains internautes palestiniens raillaient le fait que le président ait dû solliciter les autorités israéliennes pour obtenir un laissez-passer, une procédure née des mêmes accords d’Oslo qui ont jeté les bases de l’autonomie palestinienne et étaient censés conduire à un traité de paix.
Un internaute, sous le nom Tweet_Palestine, dénonçait la venue d’Abbas « et de ses mercenaires », lançant: « C’est sans surprise que les criminels de guerre se saluent entre eux ».
Ali Abunimah, militant et fondateur d’un site d’information sur les Palestiniens très suivi sur Twitter, s’insurgeait, lui, de voir M. Abbas se lever au passage du défilé militaire entourant le cercueil alors que « les mêmes forces de l’armée israélienne poursuivent leurs crimes contre son peuple ».
« Le président Abbas accomplit son devoir pour son peuple et ne peut être blâmé alors qu’il compose seulement avec la réalité de l’occupation sioniste », estimait pour sa part un autre internaute, Brahim Boukala, sur Facebook.
Le Quotidien / AFP