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Mortagua, l’étoile montante de la gauche portugaise


Mariana Mortagua veut mettre un terme à l'austérité et restructurer la dette portugaise. (Photo : AFP)

Le regard est franc, le ton direct. Mariana Mortagua, étoile montante d’une gauche radicale portugaise, veut incarner lors des élections législatives de dimanche « la voix de ceux qui ne se reconnaissent pas » dans les partis traditionnels.

A 29 ans, la tête de liste à Lisbonne pour le Bloc de gauche, parti frère de Syriza, au pouvoir en Grèce, est sans concession pour Alexis Tsipras: « Syriza a échoué. Mais il a ouvert une brèche dans l’Union européenne qui ne se refermera pas ».

Comme Syriza des origines, Mariana Mortagua veut mettre un terme à l’austérité et restructurer la dette portugaise, qui frôle les 130% du PIB.

« Nous ne pouvons pas continuer à payer des milliards d’euros d’intérêts à des marchés financiers qui ont spéculé contre notre dette publique pendant la crise! », s’emporte-t-elle, avant d’ajouter: « l’austérité ne résout pas le problème de la dette, et dévaste l’économie ».

La candidate refuse « le chantage de l’Union européenne » mais n’envisage pas de sortir de la monnaie unique, sauf « si cette sortie est imposée ». Elle préfère plaider pour « un euro compatible avec un projet de gauche ».

Concurrence à gauche

Contrairement à Syriza, le Bloc de gauche ne semble pas en mesure de dépasser les partis traditionnels, recueillant entre 6,7 et 9% des intentions de vote dans les sondages, loin des 35% du parti de Tsipras. « L’exemple grec ne nous aide pas », reconnaît la candidate.

Le Bloc de gauche vit aussi dans l’ombre du Parti socialiste portugais, crédité de 32 à 33% des voix, et de l’alliance du Parti communiste et des verts, qui obtiendrait autour de 9%, alors qu’en Grèce, Syriza a bénéficié de l’effondrement des socialistes.

Jeans, style décontracté, longs cheveux bruns attachés en arrière, lorsqu’elle fait campagne dans le quartier lisboète du Bairro Alto, un quartier jeune et réputé pour sa vie nocturne, Mariana Mortagua est dans son élément. Elle affiche un sourire discret et tente de convaincre les passants. Beaucoup la reconnaissent et l’encouragent.

Entrée au Parlement en 2013 en tant que suppléante d’une députée démissionnaire, Mariana Mortagua a été propulsée sur le devant de la scène fin 2014, comme vice-présidente de la commission d’enquête parlementaire sur l’effondrement de la banque portugaise Espirito Santo.

Economiste de formation, elle s’y est fait remarquer par ses questions précises et directes aux principaux protagonistes d’une affaire qui a fait trembler les milieux financiers du pays à l’été 2014.

« Télé-réalité »

Lui-même mis en difficulté par les questions de la députée, l’ancien patron de la banque Espirito Santo, Ricardo Salgado, avait dû reconnaître qu’elle avait « de grandes qualités d’analyse ». « Ça a été comme une télé-réalité. C’était la première fois que l’élite financière et économique du pays était mise en face de ses responsabilités et interrogée par les parlementaires, par le peuple », raconte-t-elle.

Fille de Camilo Mortagua, un militant antifasciste ayant contribué à la chute de la dictature de Salazar, Mariana Mortagua est née le 24 juin 1986 à Alvito, village d’un peu plus d’un millier d’habitants dans la région rurale d’Alentejo. C’est là qu’elle a grandi et qu’elle a mené son premier combat politique, à tout juste six ans, en exigeant du maire la création d’un passage piéton devant l’école. « J’ai obtenu gain de cause! », se souvient-elle.

Le goût de la politique a aussi gagné sa soeur jumelle Joana, candidate du Bloc de gauche dans le district de Setubal, au sud de Lisbonne. Aujourd’hui, Mariana Mortagua fustige « une très vieille élite portugaise qui a toujours pensé qu’elle pouvait gérer le pays comme elle l’entendait. »

Une élite dans laquelle elle place les membres des partis traditionnels, ceux qui composent la coalition de centre droit sortante mais aussi le Parti socialiste. « Les différences entre eux sont minimes », assène-t-elle.

AFP/M.R.

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