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LGBTI en Europe : le défi de l’acceptation


Si la situation des gays et lesbiennes s'est considérablement améliorée dans beaucoup de pays européens, celle des transexuels et intersexués demeure encore largement exclue du discours politique. (illustration AFP)

L’ILGA, l’association internationale LGBTI, vient de présenter son rapport 2016 sur la situation des lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels et intersexués en Europe et chez ses partenaires économiques.

L’ILGA, l’association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels et intersexués, qui siège à Bruxelles, est une ONG qui chapeaute environ 400 associations de par le monde. Sa lutte pour l’égalité et les droits de l’homme passe notamment par un travail de sensibilisation auprès du Conseil européen, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ou encore de l’ONU dans le but de renforcer la position des LGBTI.

Pour la cinquième année consécutive, l’ONG livre dans un rapport ses considérations sur 49 pays, rapport censé «refléter la situation des droits des LGBTI et leur position au sein de la société». Il apparaît ainsi que si la situation des gays et lesbiennes s’est considérablement améliorée dans beaucoup de pays européens, celle des transexuels et intersexués demeure encore largement exclue du discours politique.

Russie-Malte : l’envers et l’endroit

Parmi les évènements déterminants pour la cause des LGBTI en 2015, le rapport cite le «changement dramatique» à Malte, cette île méditerranéenne qui a adopté la loi «GIGESC : Gender Identity, Gender Expression and Sex Characteristics Act», visant à protéger les droits des personnes transexuelles et intersexuées. Cette loi donne le droit à l’autodétermination de son identité, abolissant au passage l’obligation de recourir à une opération ou des thérapies hormonales pour obtenir la modification de ses documents officiels. L’autre pays ayant surpris les défenseurs des droits des LGBTI, étant l’Irlande, pays longtemps réputé être un bastion du catholicisme et qui a adopté le mariage homosexuel en 2015.

On ne pourra pas dire la même chose de la Lituanie, où un jugement de la Cour européenne des droits de l’homme sur les transexuels attend toujours d’être mis en musique. En Pologne, la reconnaissance du genre, après avoir passé le Parlement, a finalement subi le veto de son président. L’ILGA constate une réticence similaire sur le plan politique en Hongrie, en Bulgarie ou encore en Roumanie. En Slovaquie, en Slovénie, mais également en Suisse, le rapport se souvient de campagnes ayant eu lieu dans «un cadre négatif». En 2015, l’Albanie a pris soin de préciser que sa législation ne prévoyait le mariage que pour les personnes de sexe opposé. La Macédoine aurait songé à faire de même.

Mais la période sur laquelle porte le rapport de l’ILGA est également intimement liée à la crise des migrants. Ainsi, la situation des demandeurs d’asile LGBTI y est décrite comme «une priorité plus urgente pour les organisations LGBTI en 2015». Encore une fois, Malte a été précurseur en accordant pour la première fois l’asile sur la base de l’identité du genre. Plus proche de nous, les Pays-Bas ont adapté leur législation en faveur des demandeurs d’asile LGBTI russes, désormais considérés comme un «groupe à risque» auquel plus personne ne conseillera de «déménager ailleurs en Russie pour être sûr». Depuis, trois réfugiés russes ont obtenu un titre de séjour. La ville d’Amsterdam a par ailleurs ouvert, l’année passée, un «refuge» pour les réfugiés LGBTI.

Intimidations et harcèlement

Mais l’ILGA constate également une manque d’espace accordé à la «société civile», des «lois restrictives envers les ONG et groupes LGBTI», ainsi que des «obstacles légaux et administratifs» en Turquie et en Ukraine. À Istanbul, la marche des fiertés a été réprimée violemment, tandis que les transexuels demeurent la «cible d’une violence extrême». En Hongrie et en Slovénie règne une «atmosphère claustrophobe» due à de continuels «interrogatoires et inspections». Au Kosovo, en Moldavie et en Ukraine, les LGBTI font l’objet d’intimidations et de harcèlement.

Concernant la Russie, l’ILGA constate que la société civile y est carrément «empêchée». Les ONG de défense des LGBTI y sont considérées comme de l’ «antipropagande» et des «agents étrangers». Le nombre d’attaques et de violences physiques envers les LGBTI n’a pas diminué. Ils subissent des propos haineux, on ferme leurs entreprises et ils perdent leur emploi. En Russie, l’ONG constate avant tout une tendance à «l’impunité».

Pour l’association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels et intersexués, 2015 est une «année de rappels». Rappel que «le progrès n’est pas inévitable et que la régression demeure bien trop probable». Et de citer la Pologne, la Slovénie, l’Estonie et la Finlande, où «la situation a tourné du jour au lendemain». Le changement, l’ILGA le sait bien, «n’est pas automatique», pas plus que les développements positifs dans un pays n’influencent les pays voisins.

Globalement, l’ILGA enregistre une «stagnation des législations» en Europe, que seuls l’ «action politique individuelle et un effort soutenu» pourront déranger. Mais l’association se dit déçue de l’action de l’Union européenne et lui reproche de manquer d’une «stratégie», même si elle salue son annonce d’une «campagne européenne en faveur de l’acceptation sociale des LGBTI».

Frédéric Braun

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