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Le pape en Egypte pour un voyage « d’unité et de fraternité »


La visite vise en effet à réchauffer les relations entre Al-Azhar et le Vatican, qui s'étaient crispées après des propos controversés en 2006 du pape Benoît XVI semblant associer islam et violence. (photo AFP)

Le pape François a entamé vendredi une visite de deux jours en Egypte, un voyage pour « l’unité » et « la fraternité », selon le pontife venu apporter son soutien à la minorité chrétienne cible d’attaques jihadistes.

Placée sous haute sécurité, la visite éclair du pontife argentin, la première dans le plus peuplé des pays arabes, intervient trois semaines après deux attaques contre des églises coptes orthodoxes qui ont fait 45 morts et ont été revendiquées par le groupe Etat islamique (EI).

« C’est un voyage d’unité et de fraternité. Moins de deux jours, mais très intense », a dit le pape aux journalistes dans l’avion l’emmenant au Caire.

« Il y a une attente spéciale du fait que l’invitation est arrivée du président de l’Egypte, du patriarche des coptes catholiques et du grand imam d’Al-Azhar », a-t-il ajouté.

Aussitôt après son arrivée, le pape François doit se rendre au palais présidentiel pour un entretien privé avec le président Abdel Fattah al-Sissi. Il doit aussi rencontrer le pape copte orthodoxe Tawadros II et le grand imam d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb.

« Cette rencontre sera déjà un exemple et un modèle de paix parce que précisément ça sera une rencontre de dialogue », a dit le pape au sujet de son rendez-vous avec le grand imam.

La visite vise en effet à réchauffer les relations entre Al-Azhar et le Vatican, qui s’étaient crispées après des propos controversés en 2006 du pape Benoît XVI semblant associer islam et violence.

Menace omniprésente

Le long du parcours que doit emprunter François au Caire, des affiches géantes montrant le pontife sur fond de pyramides, lui souhaitaient la « bienvenue », en anglais et en italien. Les abords de la Nonciature apostolique, où le pape doit séjourner, étaient fermés à la circulation et sous la garde d’une forte présence policière et militaire.

Près de la cathédrale, siège de l’église orthodoxe copte, des blindés étaient stationnés. Et toutes les églises d’Egypte ont été placées sous haute surveillance dans la crainte d’un attentat durant le voyage du pape.

Les jihadistes se sont engagés à multiplier les attaques contre les coptes, majoritairement orthodoxes, qui représentent environ 10% des 92 millions d’Egyptiens.

En décembre, un attentat suicide revendiqué par l’EI avait déjà fauché 29 personnes dans une église copte du Caire, où François se recueillera en fin de journée avec Tawadros II.

Communauté chrétienne la plus importante en nombre du Moyen-Orient, les Coptes orthodoxes d’Egypte se disent victimes de discriminations de la part des autorités et de la majorité musulmane.

Mais M. Sissi a été le premier président égyptien à se rendre à la messe de Noël à la cathédrale copte du Caire. Il jouit d’une forte popularité au sein de la communauté depuis qu’il a destitué son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi en 2013.

Dégel 

Le voyage de François est le deuxième d’un pape en Egypte contemporaine, après celui de Jean-Paul II en 2000, qui avait également rencontré le cheikh d’Al-Azhar. Vieille de presque mille ans, l’institution sunnite s’oppose au jihadisme inspiré du salafisme rigoriste dominant en Arabie saoudite.

Mais Al-Azhar est également au coeur d’une lutte entre les autorités politiques et religieuses, depuis que M. Sissi fait campagne pour des réformes visant à éradiquer le discours extrémistes de la sphère religieuse.

L’institution religieuse a par exemple refusé d’amender la pratique islamique des divorces prononcés de manière orale.

L’institution cairote avait gelé ses relations avec le Vatican lorsque Benoît XVI avait appelé spécifiquement à protéger les chrétiens après un attentat suicide meurtrier contre une église copte.

Mais en mai 2016, le pape François avait reçu l’imam Ahmed al-Tayeb, une rencontre qui avait constitué le point culminant d’un rapprochement rapide entre le Saint-Siège et Al-Azhar.

Depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio, désireux de promouvoir la paix, multiplie les gestes d’ouverture envers les musulmans, au point de déconcerter parfois certains chrétiens.

Il s’est rendu dans des mosquées, a lavé à Pâques les pieds de migrants musulmans ou encore ramené à Rome à bord de son avion trois familles syriennes musulmanes lors d’un déplacement sur l’île grecque de Lesbos.

Le chef spirituel de près de 1,3 milliard de catholiques célébrera samedi une messe dans un stade militaire de la banlieue du Caire pour la très minoritaire communauté catholique égyptienne, 272.000 fidèles de différents rites, déterminés à lui offrir un accueil mémorable.

Le Quotidien / AFP

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