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La menace nord-coréenne encore trop sous-estimée


"Ils sont peut-être irresponsables, mais ils ne sont pas complètement fous", veut croire un expert. (Photo AFP)

Le cinquième essai nucléaire nord-coréen vient rappeler que la menace de Pyongyang est bien plus forte qu’on ne le croit, estiment des experts. Des médias sud-coréens imaginent de leur côté le scénario d’une frappe nucléaire sur Séoul.

Habitués depuis tant de décennies à vivre au jour le jour les provocations nord-coréennes, les habitants de la capitale sud-coréenne ne montraient aucun signe de nervosité, au lendemain de cet essai nucléaire.

Mais pour la presse et les experts, l’explosion de vendredi matin bouleverse la donne. Estimée à dix kilotonnes, la puissance de l’engin était presque deux fois supérieure à celui testé en janvier lors du quatrième essai nucléaire du Nord, tout en demeurant inférieure à la déflagration de Hiroshima en 1945, mesurée à 15 kilotonnes environ.

Sauf que l’essai de vendredi a été précédé ces derniers mois de nombreux tests de missiles, dont un tiré depuis un sous-marin. Le délai entre deux essais nucléaires s’est en outre considérablement raccourci, passant de trois ans à huit mois.

Tout cela laisse craindre que « la capacité nucléaire du Nord s’est considérablement sophistiquée et développée à un rythme plus rapide », a déclaré le chef de la diplomatie sud-coréenne, Yun Byung-Se.

Plus seulement « des accès de colère »

La Corée du Nord a affirmé vendredi avoir réussi à tester une tête nucléaire susceptible d’équiper un missile.

« C’est énorme », écrit Jeffrey Lewis, de l’Institut Middlebury des études internationales de Californie. « Par le passé, nous avons traité les essais nucléaires nord-coréens comme des accès de colère, des démonstrations politiques », ajoute le chercheur dans un article intitulé « Le programme nucléaire nord-coréen est bien plus sophistiqué que vous ne le pensez », et publié sur le site internet de Foreign Policy.

On pense que le Nord est capable de fabriquer des têtes nucléaires suffisamment petites pour être montées sur des missiles de type Scud qui peuvent atteindre le territoire sud-coréen, ou sur des missiles Rodong de portée intermédiaire qui pourraient aller jusqu’au Japon. « Mais il ne maîtrise pas encore la technologie de rentrée dans l’atmosphère nécessaire pour développer un missile balistique intercontinental (ICBM) qui pourrait frapper Hawaï ou le continent américain », selon un autre chercheur, pour lequel il n’est pas sûr qu’un changement de régime permette d’en finir avec le programme nucléaire nord-coréen, tant les investissements réalisés sont importants.

« Irresponsables, mais pas complètement fous »

« L’arsenal nucléaire donne à Kim Jong-Un l’auréole du leader et lui permet de tenir d’une main de fer le pouvoir, tant sur le parti que sur l’armée », explique encore ce chercheur. « Le Nord ne renoncera jamais à son programme nucléaire à moins d’avoir toutes les garanties pour sa sécurité, et ce même si le régime de Kim Jong-Un s’effondre. »

Pour un autre expert, « le seul but du régime de Kim Jong-Un est la survie du régime. Ils savent probablement très bien que toute frappe préventive entraînera immédiatement une riposte qui hypothéquera sérieusement le régime ».

« Ils sont peut-être irresponsables, mais ils ne sont pas complètement fous », veut-il croire. Une conviction qui ne fait pas l’unanimité, à en lire les scénarios catastrophes de médias sud-coréens.

L’agence Yonhap rappelle une étude de 2010 du centre de réflexion américain RAND, selon lequel l’explosion d’une bombe de dix kilotonnes sur Séoul ferait jusqu’à 235 000 morts. Le quotidien Chosun met lui en garde contre une « destruction totale », en rappelant les précédents de Hiroshima et Nagasaki.

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