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La Mecque : la tragédie soulève des questions sur la sécurité


Des milliers de pélerins le 24 septembre 2015 à La Mecque. (Photo : AFP)

La répétition d’accidents tragiques au pèlerinage en Arabie saoudite soulève des questions sur l’organisation de ce grand rassemblement musulman annuel, en dépit des milliards de dollars investis par les autorités pour améliorer la gestion des foules.

Le hajj cette année a été particulièrement meurtrier avec plus de 700 morts jeudi dans une gigantesque bousculade à Mina et plus de 100 morts le 11 septembre lors de l’effondrement d’une grue sur la Grande mosquée de La Mecque.

Quelque deux millions de musulmans sont venus du monde entier en Arabie saoudite et il s’agissait des premiers graves accidents depuis neuf ans. Mais des critiques sont lancées régulièrement concernant la sécurité des individus au hajj.

Irfan al-Alawi, connu pour ses prises de position contre la stratégie gouvernementale de développement effréné des lieux saints de l’islam, affirme que le problème réside dans le contrôle des foules. «Oui, ils ont essayé d’améliorer les installations, mais la priorité pour la santé et la sécurité passe toujours après», dit M. Alawi, co-fondateur de l’Islamic Heritage Research Foundation, basée à La Mecque.

Cet homme est un farouche adversaire du réaménagement des lieux saints, qui efface, selon lui, les liens tangibles avec le prophète Mahomet. «Tout se résume à la gestion», explique M. Alawi depuis Londres quand on lui demande quelles sont les causes fondamentales de telles tragédies.

Le directeur des affaires religieuses turques a indiqué que 18 Turcs étaient portés disparus après la tragédie de jeudi et il s’est insurgé contre de «sérieux problèmes» d’organisation à La Mecque. L’Iran chiite, grand rival de l’Arabie saoudite sunnite, a dénoncé des failles dans la sécurité après la bousculade qui a fait 90 morts parmi ses ressortissants.

Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a jugé que des «mesures inappropriées» et une «mauvaise gestion» des autorités saoudiennes étaient à l’origine de la bousculade mortelle. Le chef de l’organisation iranienne du hajj, Saïd Ohadi a estimé que les responsables saoudiens devaient être «tenus responsables» du drame.

Problème de langue

Un pèlerin soudanais qui se trouvait à Mina a estimé qu’il s’agissait du hajj le moins bien organisé sur les quatre auxquels il a participé. En raison de la chaleur, «les gens étaient déjà déshydratés et s’évanouissaient. Les pèlerins trébuchaient les uns sur les autres».

Il a indiqué qu’un Saoudien qui se trouvait à ses côtés lui avait dit avant le drame: «quelque chose va arriver». Mercredi, temps fort du hajj sur le Mont Arafat, certains pèlerins, à l’instar du Yéménite Mohammed al-Mikhlafi, 54 ans, se plaignaient déjà d’un «manque d’organisation».

Le ministère saoudien de l’Intérieur a déclaré avoir déployé plus de 100.000 policiers pour assurer la sécurité des pèlerins, contrôler la circulation et canaliser les foules entre les différentes sites religieux qui sont situés dans des espaces relativement rapprochés.

Se pose pour certains pèlerins la question de la langue et de la compréhension des indications données par les autorités. Selon M. Alawi, les policiers chargés de la sécurité au hajj manquent de compétences dans les langues et n’ont pas été suffisamment formés.

«Ils ne savent pas du tout comment communiquer avec ces gens» qui viennent du monde entier, sans connaître l’arabe, pour une partie d’entre eux, ajoute-t-il. Le ministre saoudien de la Santé a attribué le mouvement de foule meurtrier de jeudi au manque de discipline des pèlerins qui ont tendance, selon lui, à ignorer les instructions des responsables du hajj.

«Si les pèlerins avaient suivi les instructions, on aurait pu éviter ce genre d’accident», a déclaré Khaled al-Faleh après s’être rendu sur les lieux du drame, le pire à endeuiller le hajj depuis 25 ans. «De nombreux pèlerins se mettent en mouvement sans respecter les horaires» fixés par les responsables de la gestion des rites, a-t-il dit, ajoutant: «C’est la raison principale de ce genre d’accident».

La tragédie s’est produite près du Jamarat Bridge, érigé au cours de la dernière décennie pour un coût de plus d’un milliard de dollars et qui était censé améliorer la sécurité des pèlerins et éviter justement qu’une foule n’entre en collision avec une autre.

Selon M. Alawi, les autorités devraient améliorer les systèmes de gestion des foules, avec un meilleur contrôle du «nombre de pèlerins susceptible d’entrer et de sortir» d’espaces bien définis.

AFP/M.R.

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