Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a confié mardi qu’il se « fout intégralement » d’être critiqué pour son avertissement aux partisans du Brexit, une sortie de la Grande-Bretagne de l’UE soumise à référendum le 23 juin.
« A chaque fois que je m’exprime sur des débats intérieurs, on me dit que je n’aurais pas dû le faire, et à chaque fois que je ne m’exprime pas sur les grands sujets européens lorsqu’ils sont devenus nationaux, on me critique de n’avoir rien dit », a-t-il observé. « A vrai dire, je m’en fous intégralement », a-t-il lancé sur le ton de la plaisanterie lors d’un déjeuner organisé par l’Association de la presse présidentielle française à Paris.
Dans une interview au Monde parue le 20 mai, Jean-Claude Juncker prévenait que les « déserteurs » ne seraient « pas accueillis à bras ouverts » par l’Union en cas de Brexit. « Cela reflète non seulement la position de la Commission, mais d’autres gouvernements », a-t-il souligné lundi, notant que la Commission n’intervenait que « très peu dans le débat britannique » pour éviter de conduire à « un comportement électoral qui ne serait pas en ligne avec ce que nous souhaiterions » le 23 juin.
Le président de la Commission s’est par ailleurs déclaré « très sceptique » sur l’idée de « lancer un processus de révision des traités » européens en cas de Brexit. « Il vaudrait mieux que nous appliquions d’abord » les traités actuels, a-t-il expliqué, mettant en garde contre « un activisme non réfléchi », même si son « tempérament personnel » le conduirait plutôt « à lancer une vaste campagne pour approfondir davantage la construction européenne ». La révision des traités serait, selon lui, d’autant plus difficile que les États membres de la zone euro « ont entre eux de très larges désaccords », a-t-il observé. « Mieux vaudrait appliquer dans tous ses méandres le plan des cinq présidents sur l’approfondissement de la zone monétaire. »