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Indonésie : ils ont chanté avant leur exécution dans la jungle


Un activiste indonésien dépose le portrait des huit étrangers condamnés à mort, à Jakarta, le 28 avril 2015 (Photo : AP)

En allant vers le peloton d’exécution au milieu de la jungle sur une île prison d’Indonésie, huit condamnés à mort ont chanté des louanges à Dieu selon la pasteur qui les accompagnait, ignorant que de l’autre côté du rivage, des proches en pleurs eux aussi chantaient, selon des témoins.

Les condamnés, deux Australiens, un Brésilien quatre Africains et un Indonésien, ont eu un assez long chemin à parcourir depuis leur prison du complexe pénitentiaire de Nusakambagan, « l’Alcatraz indonésien », jusqu’à la clairière où les attendait le peloton d’exécution.

C’est dans l’un des centres de détention disséminés sur l’île entre jungle et plages de sables blanc qu’est incarcéré le Français Serge Atlaoui depuis sa condamnation à mort en 2007. Il avait vu partir certains de ces détenus transférés dans une autre prison pour y être placés à l’isolement peu avant leur exécution, alors que lui a bénéficié d’un sursis fragile.

Le mari du pasteur Christie Buckingham, qui a offert un accompagnement spirituel à l’un des deux Australiens dans ses derniers moments, a raconté que sa femme lui avait dit que les condamnés s’étaient comportés avec « dignité et force jusqu’au bout ». « Elle m’a dit que les huit avaient rejoint à pied le terrain des exécutions en entonnant des chants de louanges », a raconté Rob Buckingham à la radio 3AW en Australie.

Comme le prévoit la loi, les huit condamnés à mort pouvaient demander à avoir les yeux bandés, mais ils ont tous refus, a-t-il assuré. Ces hommes ont entonné des chansons, notamment « Amazing Grace », l’une des hymnes chrétiennes les plus célèbres dans le monde anglophone, jusqu’à ce que les tireurs du peloton d’exécution fassent parler les armes peu après minuit (mardi 17h00 GMT).

De l’autre côté de la rive, à Cilacap, ville portuaire où des bateaux font l’aller-retour à Nusakambangan, un petit groupe de proches de condamnés a pris part à une veillée aux bougies et aussi chanté. Un homme a hurlé en implorant le président indonésien, Joko Widodo, de faire preuve de clémence. Un autre a lu les noms de chacun des condamnés.

Cercueils blancs

Owen Pomana, un ancien détenu devenu pasteur et amis des deux condamnés australiens, a essayé de réconforter ceux qui s’inquiétaient sur le sort des prisonniers dans le couloir de la mort. « N’ayez pas peur, ils n’ont rien à craindre », a-t-il dit. Un peu plus tard, les huit étaient morts, fusillés par un peloton d’exécution de 12 tireurs après avoir été attachés à un poteau.

Juste avant l’aube, leurs corps dans des cercueils blancs, certains recouverts de broderies, ont été transportés en ambulance depuis l’île de Nusakambangan à Cilacap. Des membres de leurs familles étaient en pleurs, comme Angelita Muxfeldt, cousine du condamné brésilien Rodrigo Gularte. Mais d’autres ont versé des larmes de joie lorsque s’est répandue la nouvelle que la Philippine Mary Jane Veloso, qui devait être exécutée avec les huit, a obtenu contre toute attente un sursis.

« C’est un miracle pour nous », a crié le prêtre philippin Harold Toledano, qui a assisté la famille de la condamnée, une domestique de 30 ans, mère de deux enfants, qui n’a cessé de répéter qu’elle avait été victime d’un réseau international de trafiquants de drogue. « Pour nous, c’est comme une résurrection, elle est vivante », s’est-il réjoui.

Pour les proches des deux Australiens, en revanche, l’heure était au deuil après toutes les tentatives pour sauver la vie de ces condamnés: « Nous avons demandé la clémence, mais il n’y en a pas eu », a déploré la famille dans une déclaration écrite après les exécutions.

A peine la poussière provoquée par les allées et venues de véhicules — ambulances, police, particuliers — était-elle retombée, que le corps du seul condamné indonésien a été transporté jusqu’à sa dernière demeure, dans un cimetière proche.

AFP

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