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Fin de la campagne électorale au Portugal


Le Premier ministre Pedro Passos Coelho en campagne le 27 septembre 2015 à Braga. (Photo : AFP)

La campagne pour les élections législatives au Portugal s’achève vendredi après avoir tourné à l’avantage de la coalition sortante de droite, passée devant l’opposition socialiste dans les sondages, en dépit des sacrifices demandés à la population pour surmonter la crise de la dette.

Le Premier ministre Pedro Passos Coelho, 51 ans, et le secrétaire général du Parti socialiste (PS) Antonio Costa, 54 ans, avaient jusqu’à minuit pour convaincre les derniers indécis avant la «journée de réflexion» qui précédera le scrutin de dimanche.

Les candidats parcourront tous les deux le centre historique de Lisbonne dans l’après-midi, à quelques heures d’intervalle, avant de tenir dans la soirée leurs derniers grands meetings, dans la capitale pour M. Passos Coelho et dans la banlieue sud pour M. Costa.

L’alliance gouvernementale «Portugal en avant» est créditée de 37,5% des intentions de vote, contre 32,5% pour le PS, selon la moyenne des trois sondages parus jeudi soir, venus confirmer la remontée inattendue de la droite, donnée perdante il y a encore un mois.

M. Passos Coelho risque cependant de perdre la majorité absolue dont il dispose au Parlement depuis juin 2011, et de se retrouver dans l’incapacité de former un nouveau gouvernement si les socialistes faisaient front commun avec la gauche antilibérale, qui pourrait obtenir 16 à 18% des voix.

Son bilan reste marqué par la cure d’austérité budgétaire sans précédent qu’il a dû appliquer jusqu’en mai 2014 sous la tutelle de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, dans le cadre du plan de sauvetage financier négocié par son prédécesseur socialiste José Socrates.

Reprise économique

Mais s’il a pris des mesures très impopulaires, alliant coupes drastiques et hausses d’impôts, la conclusion dans les temps de ce programme de redressement reste un argument de poids mis en avant par M. Passos Coelho.

Une victoire des socialistes impliquerait «un retour aux vieilles politiques démagogiques qui ont poussé le pays vers la faillite», a-t-il martelé tout au long de la campagne. La coalition sortante espère également bénéficier d’une reprise économique amorcée dès 2013 et d’une baisse du chômage.

Son principal adversaire lui reproche toutefois d’avoir été au-delà des exigences de la troïka UE-BCE-FMI en appliquant un «programme d’appauvrissement» de la population pour devenir le bon élève d’une zone euro soumise à l’orthodoxie budgétaire.

M. Costa promet donc de «tourner la page de l’austérité», sans toutefois remettre en cause les engagements du Portugal envers ses créanciers.

Pour y parvenir, l’ancien maire de Lisbonne propose de doper l’économie en augmentant le pouvoir d’achat des ménages. Mais son discours, tourné tantôt vers les électeurs de gauche tantôt vers ceux du centre, ne semble pas avoir mobilisé suffisamment d’électeurs.

« Un mal nécessaire »

Le début de sa campagne avait déjà été plombé par l’attention portée aux déboires judiciaires de M. Socrates, sorti de prison début septembre pour être assigné à résidence après avoir passé neuf mois en détention provisoire dans le cadre d’une enquête pour corruption.

Certains électeurs se disent prêts à reconduire l’actuelle majorité mais ne se font guère d’illusion sur l’avenir. «Il faut maintenir la rigueur, c’était un mal nécessaire mais aujourd’hui la confiance a repris», estime Frederico Leite, un représentant commercial de 37 ans, qui a lui-même vu ses revenus chuter de 20%.

D’autres dénoncent la rhétorique gouvernementale, sans pour autant faire confiance à l’opposition. «Il est clair que nous ne sommes pas sortis de la crise», affirme Vanda Pereira, une mère célibataire qui travaille 13 heures par jour dans l’hôtellerie pour un salaire mensuel de 550 euros.

«Moi je n’irai même pas voter», dit-elle. «Et si je n’avais pas mon fils de 12 ans, je serais déjà partie à l’étranger», comme l’ont fait près de 500.000 de ses compatriotes au cours des quatre dernières années.

L’abstention risque d’ailleurs d’avoisiner le taux record enregistré en 2011, près de 42%.

AFP/M.R.

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